La production baisse de 50 % selon la SNEL 

Le fournisseur national du courant en RDC a averti qu’il devrait réduire à « près de la moitié » sa capacité, si le niveau des eaux du fleuve Congo continue de baisser. Or, la tendance actuelle en pluviométrie ne s’améliore pas. Et les ménages qui étaient dans zig sont désormais dans le zag.

La notion de service public, la Société nationale d’électricité (SNEL) connaît pas. Tout ce qu’elle trouve à dire qu’elle est contrainte de « limiter le fonctionnement de ses machines », si la pluviométrie ne s’améliore pas. Pourtant, l’électricité comme l’eau sont essentielles à la survie des ménages.

Médard Kitakani, porte-parole de cette société publique souligne que « la perte de production pourrait se situer entre 350 et 400 mégawatts selon nos propres estimations alors que la production actuelle oscille autour de 900 mégawatts ». Selon Kitakani, si la tendance à la baisse des eaux persiste, la SNEL perdra un peu moins de la moitié de sa production.

L’essentiel de la production en République démocratique du Congo est réalisée par deux centrales hydroélectriques vieillissantes situées sur le fleuve Congo, à 260 km en aval de Kinshasa, à côté d’une dizaine d’autres petites centrales disséminées à travers le pays. «  Dans l’ensemble du réseau, il a été enregistré un déficit de pluviométrie en amont de Kinshasa avec comme conséquence des eaux qui ont baissé de moitié comparé à la même période l’année dernière », explique Cédric Tshumbu, un responsable de la société assurant la surveillance et l’entretien des cours d’eau de RDC. « Tout dépend de la météo. La situation pourrait s’améliorer d’ici le mois de mai lors de la grande saison des pluies », a-t-il toutefois ajouté.

Entretemps, le désagrément est fort ressenti par les ménages. Dans certains quartiers, comme à Lemba, le délestage dure deux semaines. D’où, l’ire populaire. Et comme si cela ne suffisait pas, la SNEL en rajoute en réajustant à la hausse ses factures de consommation. Tenez : pour le client ordinaire classifié « Code 34 », le Kwh facturé est passé de 97,2500 francs en octobre à 108, 5900 francs en décembre 2016. Au mois de novembre, dont la facture n’a pas été distribuée mais incorporée dans celle de décembre, la consommation tarifée a été quasiment triplée par rapport à la facture d’octobre. Dans une des agences de perception de la SNEL dans la commune de Lemba à Kinshasa, les agents expliquent que la société tant décriée n’est pour rien dans cette situation.

C’est plutôt du côté du gouvernement qu’il faut aller voir si l’on veut des explications. « C’est lui qui nous impose des indices de tarification calculés on ne sait sur quelles bases. Tout ce que l’on sait, c’est que les tarifs appliqués en dollar suivent l’évolution du change », a renseigne un commis au service de gestion des abonnés dans cette agence SNEL de Lemba. « Il n’empêche ! Le service rendu par la SNEL, lui, n’a pas changé. Au contraire, il est de plus en plus médiocre. On ne maugréerait pas, en payant le prix le plus fort, si le service rendu était de qualité », a déclaré un abonné, courroucé, rencontré dans une agence de perception dans la commune de Bandalungwa.

Malheureusement, cela n’est pas le cas : quand le courant est fourni toute la journée, c’est un événement dans les quartiers de Kinshasa, tant le délestage, les pannes et les coupures intempestives sont monnaie courante. Bien souvent, quand l’électricité est rétablie après plusieurs jours de sevrage, c’est un événement qui est accueilli avec des cris de joie des enfants comme si on leur annonçait la venue d’un nouveau bébé dans la famille.

« Quoi de plus normal, a réagi un autre abonné interrogé à Kalamu, quand vous avez le courant pendant dix jours sur les trente du mois ». Et de s’interroger : « Au nom de quoi le gouvernement peut-il se permettre d’aligner le paiement des factures de consommation d’eau et d’électricité sur le cours du franc par rapport au dollar, alors que les salaires qu’il paie aux fonctionnaires et agents de l’État ne le sont pas ? ». La majorité des abonnés domestiques de la SNEL est en effet constituée des retraités, fonctionnaires et agents de l’État.

Ceux-ci se demandent légitimement où vont alors les centaines de millions de francs que les agences de perception de la SNEL brassent à longueur de journées. « Il y a longtemps que cette société publique à caractère social quoique transformée en société commerciale aurait dû cesser d’exister parce que d’aucune utilité dans la fourniture d’électricité », a râlé un abonné à Ngaba. Et de renchérir : « C’est d’ailleurs avec impatience que nous attendons, depuis 2014, la mise en œuvre de la loi sur la libéralisation du secteur de l’énergie ».