La RDC aux abonnés absents du marché chinois

Selon la Commission nationale des mercuriales du ministère du Commerce extérieur, le cours du caoutchouc devrait rester encore stable sur le marché international. 

ACTUELLEMENT, sur le marché international, le caoutchouc revient à 1,62 dollar le kilo grâce à la demande chinoise. Une aubaine pour les producteurs africains, commentent des experts, bien que la concurrence de la Thaïlande, de l’Indonésie, de la Malaisie et du Vietnam sur le marché chinois est davantage rude. 

Cinquième fournisseur de caoutchouc naturel de la Chine, la Côte d’Ivoire peine à trouver un navire pour évacuer sa production. La plupart des navires qui transportent du caoutchouc africain appartiennent à des entreprises liées aux États asiatiques précités. En tout cas, au 30 août, quelque 20 000 tonnes de caoutchouc naturel brut issu d’hévéas étaient encore bloquées dans les ports ivoiriens depuis plusieurs mois.

Exportations 

Les armateurs qui refusent d’embarquer cette cargaison, se plaignent de la qualité de la marchandise. La Côte d’Ivoire est le premier producteur africain de caoutchouc, et selon les estimations, le secteur fait vivre plus de 160 000 planteurs. Près de 20 000 tonnes de caoutchouc sont bloquées dans les ports d’Abidjan et de San Pedro. Depuis plus de trois mois, les armateurs rechignent à embarquer sur leur navire le latex d’hévéa ivoirien sous sa forme de brut, et depuis plus récemment, le blocage est total. « Les armateurs disent que les produits coulent trop, donc ça salit les bateaux ; de plus en plus, ils constatent qu’il y a des bestioles qui naissent dans les conteneurs. Donc ils estiment que ça peut certainement poser un problème de santé. Ils ont arrêté d’ouvrir les lignes qui leur permettent de prendre les produits de caoutchouc brut. À partir de cet instant, on ne peut plus acheter du caoutchouc aux planteurs », a confié, Samuel Mobio, le président de l’Association des exportateurs de caoutchouc naturel de Côte d’Ivoire (AEXCI). 

Désengagement de l’État

En RDC, la production du caoutchouc a repris dans les anciennes provinces de l’Équateur et de Province orientale, quelques années après que l’État s’est complètement désengagé de toutes les entreprises du secteur sans toutefois se rassurer des repreneurs. Une vingtaine de milliers d’hectares de plantations d’hévéa se trouvent envahis par la brousse dans le territoire d’Opala, à environ 260 km au Sud-Ouest de Kisangani. 

Plusieurs autres hectares de plantations sont aujourd’hui enfouis dans la brousse à Mayoko, Likiri, Lefera et Senga, etc. Cette situation résulte notamment du manque d’investisseurs et aussi de moyens d’évacuation du produit de cette culture, qui constituait l’ossature économique de la région pendant la période coloniale. La production de la Société industrielle et agricole au Congo (SIAC) dans la province du Sud-Ubangi est en partie expédiée vers Kinshasa et une autre partie est exportée via le Cameroun. À Ikela, dans l’ex-province de l’Équateur, c’est la voie d’évacuation du caoutchouc qui pose problème, surtout lors de la longue saison des pluies. Bien souvent, les producteurs proposent un lieu de vente qui n’arrange pas toujours les acheteurs. 

Toutefois, des exploitants, regroupés en coopératives, ont tenté, sans succès, de relancer leurs activités avec le concours de l’entreprise Lobi Congo. La région connaît actuellement une ruée d’exploitants chinois, apparemment méconnus des services publics. Il sied de noter que le prix des caoutchoucs africains est moins cher que la moyenne du prix payé par la Chine, toutes origines confondues. La place de référence mondiale des cours mondiaux du caoutchouc demeure le Tokyo Commodity Exchange. 

En 2016, la consommation mondiale du caoutchouc synthétique a été de plus de 25 millions de tonnes. La production globale de caoutchouc (naturel et synthétique) a enregistré un nouveau record en 2014, à 28,8 millions de tonnes. Et la barre des 29 millions a certainement été franchie en 2015. Cependant, la production de caoutchouc naturel s’est contractée, handicapée par des prix très faibles entre 2015 et 2016. L’année 2017 est partie sur la relance des cours qui s’est affermie en 2018.  

Comme toutes les matières premières, la sève de l’hévéa souffre de la fin du super-cycle. Les cours du caoutchouc avaient connu de fortes hausses entre 2009 et 2011 : les prix avaient alors été multipliés par 2,5. La RDC, par contre, ne figure même plus parmi les fournisseurs de la France ou de la Belgique. Selon le Syndicat national du caoutchouc et des polymères (SNCP), les principaux fournisseurs de la France en caoutchouc naturel sont l’Indonésie (36.31 %), la Thaïlande (24.34 %), la Côte d’Ivoire (12.05 %), la Malaisie (11.43 %), le Cameroun (3.55 %), le Nigeria (3.28 %), la Guinée (2.51 %), le Vietnam (2.36 %), le Gabon (2.24 %) et le Ghana (1.93%). En France, le secteur du caoutchouc génère, en moyenne, un chiffre d’affaires de près de 5 milliards d’euros, correspondant pour 60 % à une activité industrielle en France et pour 40 % à une activité de revente.