La RDC fait du surplace

Le pays reste classé 154ème sur 175 États dans le nouveau rapport de Transparency International. C’est la deuxième fois  d’affilée que Kinshasa occupe ce rang, alors que d’autres États de la région progressent.

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L’ONG allemande Transparency International a publié, début décembre, son rapport sur l’indice de perception de la corruption (IPC). Comme l’année dernière et les années précédentes, la République démocratique du Congo est toujours à la traîne. Sur les 175 pays qui ont fait l’objet du monitoring, elle occupe la 154ème place. Le Soudan, la Corée du Nord et la Somalie occupent les dernières places alors que le Danemark, la Nouvelle-Zélande et la Finlande s’affichent dans le haut du classement 2014.

Fléau mondial, la corruption continue de s’imposer en territoire congolais comme une calamité nationale. Les chiffres des trois derniers rapports (2012, 2013 et 2014) ont démontré que le pays n’a pas suffisamment fourni des efforts pour éradiquer ce fléau. « Les pays les moins bien classés de l’indice doivent adopter des mesures anti-corruption radicales tournées vers leur population. Les pays les mieux classés doivent faire en sorte de ne pas exporter des pratiques de corruption dans les pays les moins avancés », insiste José Ugaz, président de Transparency International.

Pour le cas de la RDC, il n’y a pas eu de grands changements depuis l’année passée. De 2012 à 2013, il y a eu un petit développement positif mais, actuellement, l’indice montre que cette année le pays reste dans la même position.

Lucas Olo Fernandez

Pour le cas de la RDC, il n’y a pas eu de grands changements depuis l’année passée. De 2012 à 2013, il y a eu un petit développement positif mais, actuellement, l’indice montre que cette année le pays reste dans la même position,  analyse Lucas Olo Fernandez, coordonnateur régional Afrique centrale de Transparency International. Selon lui, les problèmes de corruption en RDC concernent les industries extractives et les travaux publics. « L’Indice de perception de la corruption 2014 montre que les abus de pouvoir des responsables politiques et des hauts fonctionnaires entravent la croissance économique et les efforts de lutte contre la corruption », a-t-il affirmé.

Le secteur des industries extractives en RDC ne fonctionne pas dans la transparence. Le gouvernement a, par exemple, du mal à élaborer son rapport ITIE 2012, simplement parce que certaines entreprises qui œuvrent dans cette filière n’ont pas prouvé qu’elles sont à jour vis-à-vis du fisc. Lucas Olo Fernandez estime que le gouvernement congolais devrait faire plus d’efforts en termes de transparence « pour montrer des vrais changements au pays ».

Des résultats moins reluisants 

Plusieurs pays africains, dont quelques voisins de la RDC la devancent dans le classement. Le Congo-Brazzaville est classé 152ème, le Gabon  94ème , la Zambie 85ème, la Tanzanie 119ème et le Rwanda 55ème. Mais la RDC n’est cependant pas l’unique « mauvais élève ».  Certains pays à travers le monde ont reculé dans le classement, contrairement à 2013. L’Angola, qui avait légèrement amélioré son score (168ème en 2013), reste derrière la RDC et occupe actuellement la 161ème position.Transparency International estime que près de 70 % des nations dans le monde sont considérées comme ayant un « sérieux problème » de vénalité au niveau de leurs fonctionnaires. Ce qui ressort du classement est que les pays les plus corrompus sont les plus pauvres et, dans ces derniers, ce sont les moins nantis qui  souffrent le plus. Ainsi, l’Afghanistan, la Corée du Nord et la Somalie sont perçus comme les pays les plus corrompus du monde, tandis que le Danemark et la Nouvelle-Zélande le sont moins. Parmi ceux qui ont  perdu le plus de points dans l’indice 2014 on trouve la Syrie, la Libye ou le Mali. Quant à ceux qui ont le plus amélioré leur position bien que partant de très bas, figure la Birmanie, où la junte militaire au pouvoir a lancé un processus de démocratisation. Ce pays, qui a vu les investissements bondir, s’est engagé à respecter les règles de transparence.

Comment coter la corruption ? 

Il est difficile d’enquêter sur la corruption dans les 175 pays classés par l’ONG allemande. Mais, pour établir son classement, Transparency International rassemble les avis d’experts de certaines organisations comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et la Fondation allemande Bertelsmann. Cette dernière organisation considère la corruption comme une grave atteinte aux droits de la personne humaine et même à la démocratie car elle mine l’esprit civique, entraîne la perte de confiance de la population dans ses institutions et leurs animateurs. Ce fléau est source d’instabilité politique et sociale, provoque la fuite des cerveaux et des talents vers d’autres cieux, décourage les investisseurs privés et détruit l’environnement. Facteur majeur du sous-développement, la corruption va même jusqu’à « tuer », si l’on s’en tient au fait qu’elle favorise la circulation, dans un État, de médicaments et aliments contrefaits ou avariés.

L’indice 2014 de perception de la corruption s’est basé sur les résultats de douze enquêtes dont les thèmes principaux portent notamment sur l’application des lois anticorruption, l’accès à l’information et les conflits d’intérêts. Dans le cas de l’Algérie, il a établi son classement sur la base des résultats de quelque dix enquêtes et études menées par des organisations internationales non-gouvernementales. Transparency International a organisé cette année une journée placée sous le thème « Rompez la chaîne de la corruption », car, estime-t-elle, il est impossible d’éradiquer la pauvreté dans un pays où la corruption gangrène tous les secteurs.  L’accent a été mis sur les difficultés qu’éprouvent certains pays émergents pour lutter contre la corruption. La Chine, par exemple, 100ème sur un total de 175 pays, chute de 4 points (à 36 points) et de 20 places par rapport à 2013, tandis que la Turquie, 64ème du classement, perd de son côté 5 points et onze places. Concernant la Chine, Transparency relève que si « plusieurs politiciens de haut niveau et certains responsables publics de rang mineur ont été arrêtés pour corruption, (…) la manière dont les gens sont poursuivis devrait être plus transparente ».