La RDC se dote d’une agence nationale de la transition écologique et du développement durable

Doté d’un statut d’établissement public, le nouvel organisme est rattaché à la présidence de la République. Piloté par un coordonnateur ayant rang de conseiller spécial du chef de l’État, il a pour mission de promouvoir l’économie verte dans le pays.

POUR les défenseurs de l’environnement et les experts ès développement durable, la République démocratique du Congo vient de répondre à une exigence internationale. Et ils s’en félicitent. En effet, aujourd’hui, la transition écologique et le développement durable sont deux concepts auxquels la communauté internationale attache beaucoup d’importance face aux menaces du changement climatique. L’économie verte est un concept qui évoque les activités bénéfiques à l’environnement mais aussi l’utilisation rationnelle des ressources de la terre.

Les experts définissent la transition énergétique ou écologique comme le passage de l’utilisation des énergies fossiles, épuisables et émettrices de gaz à effet de serre (pétrole, charbon et gaz) à celle des énergies dites renouvelables et à l’efficacité énergétique (énergie solaire, énergie éolienne, énergie géothermique, énergie hydraulique, etc.). Dès lors, on parle des enjeux de la troisième révolution industrielle, qui n’en est qu’à ses débuts. Comme on peut bien s’en rendre compte, l’enjeu majeur est la mobilisation de la communauté internationale dans la lutte contre le réchauffement climatique, mais également, pour chaque État, d’accroître son indépendance énergétique et de renforcer sa compétitivité en réduisant à terme sa facture énergétique. 

La croissance verte est donc un nouveau concept économique qui s’inscrit dans la transition énergétique, il s’agit de favoriser la croissance économique et le développement tout en veillant à limiter son empreinte écologique sur la planète : un compromis entre développement durable et croissance économique. Bref, l’économie ou la croissance verte, c’est tout simplement promouvoir la croissance économique et le développement tout en veillant à ce que les actifs naturels continuent de fournir les ressources et services environnementaux dont dépend le bien-être de la planète. 

Volonté politique

En Afrique, la réflexion est engagée par les conseillers politiques qui surfent déjà sur la vague verte et font de l’industrialisation verte ou écologique le Graal de la transformation socioéconomique du continent. Selon eux, incorporer des initiatives vertes dans les activités de la chaîne de valeurs – dans l’extraction et le traitement des matières premières, ou la commercialisation et la vente des produits finis aux clients – peut permettre de sortir de la stagnation économique. 

La Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) est d’avis que « l’industrialisation verte est la seule voie possible pour l’Afrique… » C’est même « une condition préalable à la réalisation d’une croissance durable pour tous », peut-on lire dans son Rapport économique 2016 sur l’Afrique : vers une industrialisation verte en Afrique. 

Pour Fatima Denton, la directrice de la Division des initiatives spéciales de la CEA, les initiatives vertes feront passer l’Afrique du statut d’acteur périphérique à celui d’acteur central de l’économie mondiale. Les défenseurs d’une industrialisation verte de l’Afrique s’inspirent à la fois des Objectifs de développement durable (ODD) adoptés par les dirigeants du monde entier en septembre 2015 et de l’Accord de Paris sur le climat adopté en décembre 2015, qui tous deux soutiennent les initiatives vertes.

La production et l’utilisation d’énergie contribuant pour 87 % au total des émissions de dioxyde de carbone générées par l’activité humaine, la réduction de l’exploitation de combustibles fossiles se retrouvent au centre des préoccupations des défenseurs des initiatives vertes. Les carburants fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel) contribuent tous au réchauffement climatique. Il pourrait cependant s’avérer difficile de persuader des pays africains comme l’Angola et le Nigéria, eux-mêmes exportateurs de pétrole et de gaz naturels, de limiter l’exploitation des énergies fossiles. Le pétrole représente plus de 90 % des exportations et au moins deux tiers de leurs budgets. 

Ces pays craignent que les restrictions imposées aux investissements dans les énergies fossiles ne nuisent gravement à leurs économies, même si les défenseurs de l’écologie continuent d’insister sur le fait que l’avenir réside dans les énergies renouvelables dont l’Afrique dispose en abondance, qu’elles soient d’origine solaire, éolienne, pluviale, marémotrice ou géothermale. La CEA soutient encore que les pays africains doivent tirer parti des innovations, des nouvelles technologies et des nouveaux modèles économiques qui optimisent l’utilisation des ressources naturelles. 

D’un point de vue global, les pays ont toujours été lents à adopter les technologies vertes « du fait d’une croyance bien ancrée selon laquelle les normes environnementales menacent la compétitivité », explique Michael E. Porter, professeur d’administration des affaires à l’université de Harvard, dans un article cosigné par Claas van der Linde et publié dans la Harvard Business Review. L’Afrique doit donc « faire preuve de prudence lorsqu’il s’agit d’investir à grande échelle dans les technologies vertes », recommandent des chercheurs africains.