L’accès des ruraux aux services financiers de base s’améliore

 C’est un pari de gagner. Les taux de pénétration des institutions opérant dans ce secteur sont en nette progression, ces cinq dernières années. Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette embellie.

Une paysanne dans un champ de patates douces.
Une paysanne dans un champ de patates douces.

Entre 2008 et 2014, l’accès des petits entrepreneurs, hommes et femmes, aux services financiers de base s’est amélioré. Un rapport de la Banque centrale du Congo (BCC) indique que le taux des femmes bénéficiaires des crédits était de 60 % en 2013 contre 40 % en 2008.  Il s’agit notamment des femmes de Butembo et Goma dans le Nord-Kivu, de Bukavu dans le Sud-Kivu, de Kikwit dans le Kwilu et de Kinshasa. Les crédits octroyés ont financé des activités génératrices de revenus et les petites entreprises en vue de la promotion de l’emploi. Selon des données du secteur, il y aurait plus de 20 000 clients des institutions de microfinance et coopératives d’épargne à avoir accédé aux prestations des services financiers innovants en 2012 et 2013. L’offre de service des crédits est maintenant proche des communautés rurales.

Concours des circonstances

Plusieurs paramètres justifient l’amélioration de l’accès aux microcrédits. Un projet mis sur pied par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a permis d’améliorer l’accès aux services financiers de base. C’est le programme d’appui au secteur de la microfinance en République démocratique du Congo pour la période 2010-2014.

Les objectifs visés étaient multiples : contribuer à la réduction de la pauvreté et à l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) par la promotion de la finance inclusive, contribuer au renforcement des différents intervenants du secteur de la microfinance à différents niveaux macro, meso et microfinance et soutenir le développement des services financiers viables, de qualité et diversifiés accessibles aux populations défavorisées en milieu rural et urbain.

Le ministère des Finances, la Banque centrale, les associations professionnelles de la microfinance, telles que l’Association professionnelle des coopératives d’épargne et de crédit (APROCEC), l’Association des institutions de microfinance (ANIMF), des organisations d’appui au secteur de la microfinance et le Fonds pour l’inclusion financière, ont participé à l’exécution d’un projet tiré de ce programme en 2013. Ce programme a débouché sur un produit financier permettant l’octroi de petits crédits. Ce qui a permis le renforcement de l’accès de petits entrepreneurs aux services financiers de base. L’accompagnement technique des membres des coopératives en zone rurale par rapport à la rationalisation des opérations a également contribué à l’accès aux services financiers. Parmi les coopératives bénéficiaires la Coopec Tujenge à Goma, la Mecreco et la Mucrefeki dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu.

L’apport de la structuration du secteur de la microfinance n’est pas négligeable.  Elle a permis d’améliorer l’accès aux services financiers grâce à la mise en place, avec l’appui du PNUD, de l’association professionnelle des coopératives d’épargne et de crédit (APROCEC). C’est le répondant réel, en matière de plaidoyer et de renforcement des capacités des membres et de la Banque centrale. Plusieurs activités de renforcement des capacités des coopératives   d’épargne sont à l’actif de l’APROCEC : le plaidoyer auprès de l’administration fiscale en faveur des membres, la diffusion de meilleures pratiques auprès des gestionnaires des COOPEC à Kinshasa, dans le Kongo-Central, dans le Nord-Kivu, dans le Kwilu et dans le Sud-Kivu.

Parmi d’autres paramètres à la base de l’amélioration de l’accès aux services financiers, on cite la réalisation des missions de contrôle diligentées par les inspecteurs de la Banque centrale auprès des coopératives disséminées dans toutes les provinces. Une cinquantaine d’institutions de la microfinance ont ainsi été contrôlées dans la Province Orientale, dans le Bas-Congo, dans le Bandundu, à l’Équateur, au Kasaï-Oriental, au Kasaï-Occidental et dans le Katanga en 2013. Il y a aussi le renforcement des capacités des inspecteurs, la vulgarisation de la loi fixant les règles relatives à l’activité de la micro finance en République démocratique du Congo et les instructions définissant les règles de prudence, ainsi que les normes de gestion des coopératives et institutions de microfinance.

Le cadre légal et réglementaire spécifique aux opérations de microfinance contribue à harmoniser les pratiques dans ce secteur. Deux instructions émises par la BCC jouent un rôle de premier plan. Il s’agit de l’instruction sur la classification et le provisionnement des crédits. Grâce à cette note, les structures financières de proximité recourent à une seule règle de provisionnement. Du coup, ce recours permet de réduire les risques sur les dépôts des clients à faibles revenus. La seconde instruction est relative aux normes prudentielles. Les demandes d’agrément des institutions de microfinance sont analysées sur la base de normes prudentielles.

Renforcement des capacités

En amont des activités de vulgarisation des textes réglementaires ou légaux au niveau des coopératives, il y a le renforcement des capacités des acteurs  formateurs sur les modules  microfinance. Une bonne vingtaine  d’agents de la BCC ont été formés comme superviseurs. Une centaine de cadres des institutions de microfinance et des coopératives ont aussi bénéficié de la formation pour le renforcement des capacités. Comptables, contrôleurs, managers et chefs d’agence des coopératives et des institutions de la filière ont suivi une formation sur les compétences de base des agents et cadres des institutions financières.

Le travail réalisé dans le cadre du programme d’appui au secteur de la micro finance par le PNUD, en collaboration avec les services publics et les associations  professionnelles, a boosté la culture financière. Des jeunes ne jurent plus que par l’épargne dans les collèges et lycées. La plupart ont ouvert des comptes en banque. Un rapport de la BCC datant de 2013 faisait état de l’augmentation du taux de couverture bancaire de  5,7% contre 0,7 % en 2008. En 2013, il y avait 1 052 069 comptes bancaires dans la microfinance, soit le double de ce qui avait été enregistré en 2008.

La célébration de la journée  mondiale de l’épargne en République démocratique du Congo témoigne des efforts entrepris pour conscientiser les acteurs étatiques et non étatiques sur la microfinance. Une autre manifestation de ces efforts réside dans le renforcement de l’intégration de l’approche Genre auprès des partenaires au programme d’appui au secteur de la micro finance. Un audit organisationnel Genre a été réalisé auprès de ces partenaires dans le souci de leur accompagnement.