L’alphabétisation en panne

Dix-huit millions. C’est le nombre de personnes qui ne savent ni lire ni écrire et qui, par conséquent, ont du mal à trouver leur place au soleil et à participer au progrès du pays. Etats des lieux.

Le ministre des Affaires sociales a confirmé, le 8 septembre, lors de la célébration de la journée internationale de l’alphabétisation, l’existence de dix-huit millions d’analphabètes en RDC. Un taux de plus de 30%, qui place le pays dans le groupe des 30 Etats dont le niveau d’analphabétisme reste encore très élevé. L’alphabétisation, bien qu’elle soit importante pour la participation de l’ensemble de la population au développement n’est pas valorisée et ne bénéficie que de 1% du budget alloué à l’éducation nationale sur les 15% que reçoit le ministère. Selon le représentant de l’Unesco en RDC, Abdourahamane Diallo, il est impérieux de revoir à la hausse cette enveloppe pour aller au-delà de 3%, à l’instar d’autres pays africains. Au cours d’une conférence à Kinshasa, le président de la Ligue de la zone Afrique pour la défense des droits des enfants et élèves (Lizadeel), Godé Kayembe, a abordé dans le même sens et souhaité que le budget de l’éducation atteigne au moins 30%. Cette augmentation permettrait à l’Etat de combattre, entre autres, le système de prise en charge des enseignants par les parents. C’est de cette façon, d’après lui, que le gouvernement pourra contribuer à la réduction de l’alphabétisme et au renforcement de l’éducation non formelle qui est presque inexistante. Un ancien préfet des études a dénoncé le désordre délibérément entretenu dans ce secteur où aucun plan d’infrastructure n’est prévu, ni adapté. « Les adultes sont mêlés aux enfants pour suivre les cours dans des salles cédées par des écoles publiques. Il n’y a aucune catégorisation, encore moins une programmation efficiente du temps permettant aux adultes, pères et mères de famille de s’y accommoder», se désole-t-il. Malgré toutes ces insuffisances, le responsable de la Monusco, Martin Kobler, reconnaît tout de même une évolution. Le taux de fréquentation scolaire est passé à 65% pour le préscolaire, à 39% pour le primaire, à 40% pour le secondaire, à 113% pour l’enseignement supérieur et à 33% pour l’enseignement non formel. »

Pour sa part, le directeur général de l’éducation non formelle, Mbaya Kashala, indique que 500 millions de dollars sont nécessaires pour financer les activités d’alphabétisation telles que prévues dans le plan stratégique 2012-2016. Ce montant contribuerait à la réduction du taux d’analphabétisme à hauteur de 50%, en raison de 10% l’an, si l’accès à une éducation de qualité et la fin des disparités sont garantis. Selon lui, son service pourra lancer plusieurs programmes, notamment le rattrapage scolaire, l’apprentissage professionnel et l’éducation permanente. Parmi les objectifs à atteindre, il y a la mise en place d’un système éducatif capable de contribuer efficacement à la croissance économique, à la lutte contre la pauvreté, à la promotion de la paix et à une citoyenneté démocratique active. La stratégie cherche également à atteindre de nombreux groupes cibles tels que les enfants non scolarisés ou déscolarisés, de familles pauvres, en situation difficile (enfants de la rue, enfants travailleurs, enfants victimes de conflits, orphelins, des personnes qui vivent avec le VIH/Sida, les analphabètes, les communautés de base, etc.  Un total de près de 1, 800 millions de personnes suivent chaque année les trois types de formation : 900 mille enfants de 9 à 14 ans, soit 50%, pour le rattrapage scolaire du niveau primaire ; 540 mille personnes âgées de plus de 15 ans, soit 30% des effectifs pour l’alphabétisation initiale, scolarisante et fonctionnelle et 360 mille personnes de plus de 15 ans, soit 20%, orientées vers l’apprentissage et la formation professionnelle. Ce plan stratégique, soutenu par de nombreux partenaires, dont le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et l’UNESCO, ne peut réussir que si la République démocratique du Congo prend la résolution de rendre conforme ses politiques éducatives et programmes aux différents engagements internationaux auxquels elle a souscrit, parmi lesquels, la déclaration de la Décennie des Nations unies pour l’alphabétisation (DNUA). Selon le rapport de l’UNESCO, sur les 18 millions d’analphabètes que compte le pays, 42% sont des femmes et 17% des hommes.