L’Arabie saoudite remet à niveau son approvisionnement en pétrole des marchés internationaux

Les attaques attribuées à l’Iran ont diminuée de moitié la capacité installations pétrolières. Le ministre saoudien de l’Énergie se veut plutôt rassurant.

LE PRINCE Abdel Aziz ben Salmane, a assuré, la semaine dernière, que la production pétrolière de son pays sera rétablie fin septembre « J’ai de bonnes nouvelles pour vous (…) l’approvisionnement en pétrole des marchés internationaux est revenu à son niveau datant d’avant les attaques », a déclaré le ministre saoudien de l’Énergie lors d’une conférence de presse mardi 17 septembre. « Au cours des deux derniers jours, nous avons récupéré la moitié de la production perdue », a-t-il ajouté, assurant que la production saoudienne sera entièrement rétablie fin septembre.

Alors que les États-Unis ont désigné l’Iran comme responsable des attaques qui ont visé les installations pétrolières de l’Arabie saoudite, le ministre saoudien a dit que Ryad ignorait qui « était derrière » les tirs de samedi 14 septembre, pourtant revendiqués par les rebelles yéménites Houthis. Ils ont visé Abqaiq, la plus grande usine de traitement au monde, et le gisement de pétrole de Khurais. Le prince Abdel ben Salmane a assuré que Ryad – qui a ouvert une enquête et invité des experts étrangers à s’y joindre – s’efforçait de réunir des « preuves suivant des normes internationales ».

En dépit de ces attaques, l’introduction en Bourse du géant pétrolier saoudien Saudi Aramco « se poursuivra comme prévu », a assuré Yassir al-Roumayyan, le président de son conseil d’administration. « Nous n’allons rien arrêter », a-t-il dit lors de cette même conférence de presse. Avant les attaques, l’Arabie saoudite pompait 9,9 millions de barils par jour, parmi lesquels 7 millions étaient exportés, principalement vers des pays asiatiques. Les attaques ont réduit la production saoudienne de 5,7 millions de barils par jour, soit environ 6 % des approvisionnements mondiaux.

Inquiétudes de Total

L’escalade des tensions au Moyen-Orient inquiète profondément Patrick Pouyanné, le PDG de Total. Interrogé par la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale française, il a déclaré : « Là, s’attaquer à la moitié de la production saoudienne aura des conséquences. C’est le résultat d’une politique d’escalade qui a été poursuivie par plusieurs pays. » Il a souligné qu’« on ne sait pas où cela peut s’arrêter ». Et le PDG du géant pétrolier et gazier de poursuivre : « J’ai peur que cette attaque majeure qui s’est passée ne soit pas laissée sans réponse. Et malheureusement, quand on rentre dans ce genre de phénomène, on ne sait pas où cela peut s’arrêter ».

Par ailleurs, le haut niveau des cours de l’or noir pourrait persister en raison des difficultés que rencontrent la plupart des raffineries saoudiennes. « Hormis la plateforme Satorp à Jubail, gérée par Aramco et Total, et qui est capable de transformer du pétrole brut lourd et soufré, les autres raffineries tournent au ralenti car elles ont peu de brut qui arrive », a confié un expert du secteur basé dans la région. Selon le site spécialisé Energy Intelligence, Aramco était proche de rétablir entre 30 et 40 % du manque à gagner résultant des attaques. Mais la compensation des 60 à 70 % restant pourrait prendre plusieurs semaines. « Les dégâts sont importants et il est illusoire de penser qu’Aramco puisse faire des miracles. Cela prendra au minimum un mois », ajoute le même expert.