Le Business de la mort prospère à Kinshasa

La capitale congolaise s’illustre parfois par l’ingéniosité, la capacité d’adaptation et le dynamisme de sa population. Dernière trouvaille : des activités diverses à l’occasion de deuils.

Les funérailles provoquent actuellemnt des grosses dépenses dfinancières ans des familles. (DR)
Les funérailles provoquent actuellemnt des grosses dépenses dfinancières ans des familles. (DR)

Depuis quelques années, les morts ne sont plus pleurés à leurs domiciles comme jadis. Des salles conçues pour les fêtes, les conférences et les cultes religieux deviennent de plus en plus polyvalentes. Elles accueillent de manière alternative autant les fêtes que les veillées mortuaires. La salle de l’Association des anciens élèves des Frères des écoles chrétiennes (Assanef) dans la commune de Lingwala, par exemple, enregistre plus de douze veillées par semaine. Le tarif appliqué pour l’occupation de l’espace oscille entre 300 et 800 dollars. Les services administratifs emboîtent le pas aux privés. Dans les maisons communales de Bandalungwa, Kintambo, Kinshasa, Ngiri-Ngiri, notamment des espaces, identiques ont ainsi aménagés dans leurs cours respectives. Pour ces entités, c’est une source juteuse de recettes. Mais les frais à payer par les familles éprouvées ne sont pas uniformes. Ils sont fonction de la situation géographique des quartiers. D’emplacement desdits espaces. « Il m’a fallu débourser 125 dollars pour occuper cet espace », déclare un homme rencontré à Bandalungwa. « Vous savez que nos parcelles sont très petites ici. Nous ne pouvons pas y accueillir tous ceux qui viennent compatir avec notre malheur ». Ainsi chaque semaine, la commune enregistre plus au moins douze demandes occupation d’espace.
Le terrain disponible pouvant accueillir jusqu’à huit familles endeuillées par jour.

Des activités de plus en plus variées

De plus en plus de congolais vivant au pays ou, encore de la diaspora n’ont pas hésité à exploiter le filon du business de la mort en créant ont aussi mis la main à la pâte.
Ils ont crée des Petites et moyennes entreprises(PME) spécialisées dans la vente de cercueils de luxe, de décoration de salles de deuils où se tiennent les deuils ainsi que le transport des dépouilles mortelles. Les vieux et gros corbillards d’antan ont ainsi été remplacés par des limousines un peu plus adaptées à l’évolution du monde. De ce coté-là on ne se plaint pas non plus.
« Je parviens à payer mes agents, à assurer la maintenance des véhicules et dégager une petite épargne pour mes affaires », souligne un de ces nouveaux hommes d’affaires. Les débits de boisson situés dans les alentours de ces espaces enregistrent des recettes intéressantes pendant les veillées mortuaires.
Grâce à la présence nombreuse de ceux qui viennent consoler des gens venus assister au deuil, les affaires marchent bien. « Les bouteilles de bière se vendent comme des petits pains lors des deuils », affirme un tenancier de bar à Kintambo. « Le Kinois aime se divertir, oublier, penser à autre chose après l’enterrement », Après tout, nous vivons encore, nous », conclut-il.

Les artistes sont également entrés aussi dans la danse. Les concerts devenant rares à Kinshasa, beaucoup de groupes musicaux, surtout folkloriques, ainsi que des comiques agrémentent souvent les veillées mortuaires moyennant un cachet.
« Mon groupe se produit presque chaque semaine dans une veillée mortuaire » reconnait un des responsables d’un groupe folklorique à Lingwala.
« Vaux mieux peu que rien ; l’Etat ne soutient pas les artistes que nous sommes ». Sont aussi visibles à ces endroits, les comiques. Viennent essayent d’apporter un peu de réconfort à leur manière aux personnes éplorées. Mais in fine, une petite contribution volontaire est toujours sollicitée. « Le courage paie. Grâce à la somme d’argent que je viens de récolter, les enfants peuvent prendre du thé le matin ». Qui travaille à l’hôtel, mange à l’hôtel, et celui qui agrémente les deuils, mange où ? » ironise un humoriste dans une veillée à Lingwala.
Ces endroits sont très fréquentés par les mamans « malewa », les commerçants ambulants, communément appelés « chailleurs », les vendeurs des cartes prépayées, les cambistes, les fleuristes, mais aussi par ceux loueurs de chaises, les chapelles ardentes, d’instruments de sonorisation ou de musique. Tous proposent aux personnes leurs services ou font la promotion de leurs activités. Ainsi, pendant que les uns pleurent, font des affaires.