Le cimentier arménien Köhm anticipe sur la concurrence sur le marché kasaïen

Enfin une cimenterie pour l’espace Kasaï. Le projet est porté a été présenté le 25 septembre dernier à l’Hôtel de ville de Mbuji-Mayi. L’étude de faisabilité a déjà été bouclée.

LA CIMENTERIE du Kasaï sera implantée à Katenda, une localité du territoire de Miabi, au Kasaï-Oriental, à quelques heures de route de Mbuji-Mayi. Ici, le sac de ciment gris titille les 50 dollars, contre environ 10 dollars à Kinshasa. Le Grand Kasaï est, en effet, l’une des régions les moins loties en infrastructures à cause des difficultés d’approvisionnement en ciment. Il est plus facile d’emmener du ciment à Kisangani, à plus de 700 km de la capitale, par voie fluviale, qu’à Mbuji-Mayi, située à près de 350 km de la capitale, mais la route nationale RN1 qui relie les deux villes est cahoteuse, surtout en ce temps de saison des pluies, entre Kananga et Mbuji-Mayi. 

Ravitaillement

Il y a encore quelques années, du temps du régime de la Transition dit « 1+4 », un opérateur économique de Mbuji-Mayi, Kalambayi wa Nzevu, avait relevé un pari fort osé : il a su emmener une bonne cargaison de divers produits manufacturiers, notamment le ciment gris, dans la capitale diamantifère depuis Kinshasa par un débarcadère en passant par Kwamouth, les rivières Kasaï, Lukenie et Lubilanji, pour arriver au port de Ndomba, à 70 km de Mbuji-Mayi Centre. 

L’homme d’affaires avait confié avoir fait des bonnes affaires. Mais l’apport de l’État n’avait pas suivi pour inciter d’autres opérateurs économiques à tenter l’aventure. Le balisage et le dragage des voies navigables relèvent bien souvent de l’exception que des obligations régaliennes de l’État. La construction d’une cimenterie dans la localité de Katanda sera donc un tournant majeur pour le BTP dans la région du Kasaï. 

Par ailleurs, deux autres cimenteries sont en projet, l’une dans le Haut-Katanga et l’autre à Lualaba, deux provinces reliées au Grand Kasaï par voie ferrée. Ce qui préfigure d’une certaine concurrence sur le marché du ciment au Kasaï. Financé par la Banque africaine de développement (BAD) à travers le Projet d’appui au développement des infrastructures rurales (PADIR), le débarcadère de Kabeya Kamwanga, une bourgade de la province du Kasaï-Oriental, située sur la route Mbuji-Mayi-Kananga (200 km), ouvrirait le Grand Kasaï au fleuve Congo  via la rivière Lubi, 134 km, et le fleuve Kasaï. 

La concurrence a certainement une incidence sur le prix de vente et de revente. Même dans la partie est du pays, l’industrie du ciment enregistre un développement considérable. Fin 2018, l’Est comptait encore une seule cimenterie qui produisait en quantité insuffisante, donnant ainsi lieu à des spéculations sur le prix de ce produit sur le marché local. Actuellement, cette partie du pays en compte deux qui fonctionnent et une troisième en voie de réhabilitation. 

Le secteur des bâtiments et travaux publics se reprend après une décote de -0,7 points sur la croissance en RDC en 2017, lit-on dans un rapport du Budget. Dans la foulée, le nombre d’entreprises de construction est en nette augmentation depuis 2018. Selon les estimations de la Commission des Études Statistiques et des Comptes Nationaux (CESCN), sur base des réalisations à fin février 2017, le secteur secondaire connaîtra, en effet, une performance en 2018 et 2019, qui sera essentiellement due à la bonne tenue attendue de la branche « Bâtiments et Travaux publics » qui devrait connaître un renversement de tendance de 0,2 point en 2017, contre -0,7 point en 2016. 

L’entrée en production de deux nouvelles cimenteries, expliquait-on à l’époque, aura été déterminante pour le secteur du génie civil, selon la CESCN. Ces cimenteries devraient produire à terme 2,2 millions de tonnes de ciment par an, à raison de 1,0 million pour le PPC Barnet et 1,2million pour la Cimenterie Kongo (CIMKO). Selon les chiffres officiels, le besoin en ciment gris en RDC est estimé à environ 3 millions de tonnes par an, la production locale annuelle qui ne dépassait guère les  500 mille tonnes, titillerait les 3 millions de t, à ce jour. Au moins 16 projets de construction de cimenterie existent au Kongo-Central, notamment dans la région de Matadi, de Kasangulu et Songololo. 

Pour ce faire, la Société nationale d’électricité (SNEL) a également renforcé et porté à 100 MW la capacité du poste de Kwilu, sur la ligne très haute tension Inga-Kinshasa. Ce poste reçoit, en effet, du courant de deux centrales hydroélectriques d’Inga. La renforcement de la puissance du poste de Kwilu a permis également de fournir une énergie stable et suffisante aux entreprises de la région dont les cimenteries de CILU (Cimenterie de Lukala), la CIMKO (Cimenterie du Kongo) et la cimenterie PPC. 

Cimenterie de Maïko

Mais pour ce qui est de la cimenterie de Maïko, le ministère de l’Industrie a annoncé le démarrage à moyen terme, dans la province de la Tshopo, des travaux d’implantation de la cimenterie débaptisée  « CIMASAT ». Selon les experts du ministère de l’Industrie, les obstacles qui entravaient la mise en œuvre de cette cimenterie, indiquant que la société existe sur le plan juridique, le comité d’opérationnalisation est redynamisé, les demandes des titres miniers sont effectuées, l’invitation de la firme SATAREM est lancée et la convention de financement est signée entre le gouvernement et le Fonds de promotion industrielle ainsi que l’Office des routes. La CIMASAT, fusion de l’ancienne cimenterie de Maïko et la firme SATAREM, est financée dans le cadre d’un nouveau  projet visant à créer des emplois directs et indirects et à réduire le coût du sac de ciment gris sur le marché de Kisangani et de ses alentours.