Le clergé s’engage contre les érosions

Pour rendre efficaces les actions collectives contre le fléau, d’autant que certains quartiers risquent d’être rayés de la carte à cause de l’insalubrité, les jésuites de Kimwenza sensibilisent à la prévention et à la protection du couvert végétal.

Face à la défaillance de l’État, les prêtres catholiques de Kimwenza avaient organisé, en 2008, un colloque sur « le maintien du couvert végétal pour la protection de l’environnement et la prévention des érosions ». En convoquant cette conférence au philosophat Saint-Pierre Canisius de Kimwenza, les organisateurs poursuivaient un objectif : sensibiliser les autorités sur le drame que vivent depuis plusieurs années les populations de la partie occidentale de Kinshasa. Mais aussi rendre efficace la lutte contre les érosions à travers des actions collectives.

Les jésuites vivent au quotidien les dégâts causés par les érosions dans les quartiers Kindele et Kimwenza, dans la commune de Mont Ngafula. En 2008, elles avaient été très meurtrières à Kindele. Depuis, les prêtres ne cessent d’attirer l’attention des autorités sur ce phénomène. Ils se plaignent de l’insouciance des autorités de la ville. À titre d’exemple, l’érosion de Kindele a causé d’énormes dégâts, à commencer par la chaussée qu’elle a coupé en deux à la hauteur de l’arrêt de bus Makaya. Voilà des années, qu’il n’y a plus d’accès à la paroisse de Kimwenza via l’université de Kinshasa. Les automobilistes sont contraints à un détour par la concession Bianda, dans le quartier Masanga-Mbila, pour atteindre le rond-point Ngaba.

Décisions spectaculaires

À l’époque, le gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta Yango, avait remis 5 000 dollars au chef du quartier Kindele pour l’achat de sacs et 10 000 à la Société nationale d’électricité (SNEL) et la REGIDESO pour le rétablissement de la fourniture d’électricité et d’eau interrompue. Appelés à la rescousse, les Chinois ne sont pas parvenus à vaincre l’érosion, qui poursuit sa progression au grand dam de la population. Le combat mené par des résidents dont les initiatives individuelles et collectives manquent d’efficacité.

Non loin de Kindele, trois têtes d’érosion prennent en étau l’université de Kinshasa. La plus menaçante est celle qui avance vers le Centre de recherche en énergie nucléaire de Kinshasa (CREN-K). Les experts ne cessent d’alerter les responsables sur le risque d’irradiation au cas où l’érosion atteindrait les réacteurs du centre. La Régie de construction de l’UNIKIN manque de moyens pour entreprendre des travaux de canalisation des eaux des pluies. Autre érosion indomptée, celle de la Cité Mama Mobutu à Mont Ngafula. Elle représente une grande menace parce qu’elle progresse vers une autre érosion qui ceinture la caserne des officiers de l’armée, au quartier Badiadingi. Celle-ci part du quartier Binza Télécoms où il n’y a aucun ouvrage de drainage. Il y a aussi l’érosion appelée Kingu, du nom d’un homme d’affaires et ancien député décédé, à côté de l’université pédagogique nationale (UPN), juste en face de la station-service Engen, ex-Shell, dans la commune de Selembao. Ayant déjà englouti une vingtaine de maisons, elle était au départ un bassin de rétention d’eaux de pluies provenant des quartiers environnants (Binza Pigeon, Binza Télécoms et Binza Camping). Malgré les grands travaux de réhabilitation de l’avenue de la Libération (ex-24 novembre) et de la route de Matadi, la menace est permanente : l’érosion est à moins de 200 m de la chaussée.

Indomptable

Plus loin, c’est la fameuse érosion de l’avenue Lalou. Elle n’a jamais été vaincue en dépit des grands travaux. C’est pareil pour les sites érosifs Mataba I et II dans le même quartier, Binza Delvaux, dans la commune de Ngaliema. L’érosion qui a été stoppée net à moins d’environ dix mètre de la chaussée, avait déjà coupé en deux quatre avenues. Le gouvernement avait promis d’intervenir dans des 5 Chantiers en collaboration, avec les Chinois. D’autres érosions, moins connues, sont identifiées à travers la ville, notamment à Kisenso ou Makala… Là où il y a les érosions, la population multiplie des initiatives où elle se prend en charge. Dans les quartiers exposés, les résidents construisent des digues au moyen de sacs remplis de sable. Des ONG sensibilisent les habitants à planter la pelouse et les vétivers pour prévenir les risques d’érosion et la protection de l’environnement.