Le cuivre au plus haut depuis 2018

Les prix du métal rouge ont retrouvé leur niveau atteint en 2018, soit 6 707 dollars la tonne métrique, stimulés par une baisse de la production consécutive à une baisse globale des dépenses d’investissements des compagnies minières, des stocks bas, avec en toile de fond, un dollar faible.

LE CUIVRE est en pleine forme. La semaine dernière, le cours du métal rouge s’est apprécié, et a même atteint un plus haut depuis juin 2018 le mercredi 19 août à 6 707 dollars la tonne métrique, aidé par une demande qui repart face à une offre perturbée. Sur le London Metal Exchange (LME), la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s’est échangé à 6 500 dollars le vendredi 21 août, contre 6 366,50 dollars le vendredi précédent en fin de séance.

Avec la reprise de la demande, la pression devient plus importante sur les prix, font remarquer les analystes. Pour preuve, la demande de cuivre en particulier en Chine et plus récemment aux États-Unis, s’est fortement redressée, constate l’analyste Ole S. Hansen de Saxo Bank. « À cela s’ajoute une contraction de l’offre liée à la pandémie qui frappe entre autres le Chili, premier pays producteur de métal rouge au monde », souligne un autre analyste de Saxo Bank. De quoi « susciter des inquiétudes quant à l’approvisionnement à court terme », dit-il.

L’évolution du prix du cuivre « est souvent considérée comme une bonne indication de ce que les traders pensent de l’économie », rappelle David Madden, de CMC Markets. L’utilisation du cuivre pour diagnostiquer l’économie a valu au métal le sobriquet de « Dr Copper » (Dr Cuivre). « Même si la crise sanitaire suscite des inquiétudes permanentes, le marché du cuivre laisse entrevoir des perspectives optimistes », poursuit-il.

L’or encore performant

Pour sa part, le métal jaune a retrouvé le vendredi dernier son prix de la fin de semaine précédente, après une nouvelle incursion au-dessus des 2 000 dollars l’once le mardi 18 et le mercredi 19 août, douchée par un début de retour en grâce du dollar. Sur le London Bullion Market, l’once d’or valait 1 942,16 dollars le vendredi dernier à la clôture, contre 1 945,12 dollars le vendredi précédent. « L’or, un des actifs les plus performants en 2020, a subi une correction tardive après une hausse de trois semaines qui l’a porté à un nouveau record au-dessus de 2 000 dollars l’once » début août, a constaté Ole S. Hansen. Lui et d’autres analystes pointaient notamment le plancher touché par le billet vert la semaine dernière comme « facteur principal » de cette consolidation. 

Le métal jaune étant libellé en dollar, une baisse de la devise américaine rend le métal précieux moins onéreux pour les acheteurs utilisant d’autres devises. Or, le dollar retrouvait un peu de vigueur depuis le mercredi dernier à la faveur de la publication du compte-rendu de la dernière réunion de la Réserve fédérale (Fed) montrant que l’institution ne semblait pas se pencher dans l’immédiat pour un assouplissement supplémentaire de sa politique monétaire.

Berkshire Hathaway se diversifie dans l’or. La société d’investissement de Warren Buffett est entrée au capital du 2è producteur mondial d’or, le canadien Barrick Gold. Cette participation s’élève à 564 millions de dollars. Le producteur jouit de la hausse des cours de l’or, lui permettant de pratiquement doubler son bénéfice semestriel en glissement annuel (à 357 millions de dollars en 2020, contre 194 en 2019). Par ailleurs, il ne s’est finalement pas passé grand-chose à la dernière réunion mensuelle de l’OPEP+ en visioconférence le jeudi 20 août. Le comité, qui se réunit tous les mois, a examiné minutieusement la reprise de la demande en pétrole afin d’ajuster sa politique de quotas pétroliers. À ce titre, si les fondamentaux se sont améliorés au cours des derniers mois avec une réduction de l’écart entre l’offre et la demande mondiale, le cartel insiste sur la fragilité de la demande, sans pour autant annoncer de nouvelles mesures de restriction d’offres. Les échanges se sont concentrés sur le taux de conformité des membres de l’organisation, et plus particulièrement celui des mauvais élèves, qui doivent poursuivre la réduction de leur production pour compenser leur surproduction des derniers mois. Les prix du pétrole ont terminé en baisse le vendredi dernier alors que les investisseurs continuaient d’évaluer l’impact de la réunion OPEP+ de mercredi dernier sur fond de poussée du Covid-19 en Europe. À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre a lâché 55 cents, ou 1,2 %, pour finir à 44,35 dollars. À New York, le baril de WTI pour le mois d’octobre, dont c’était le premier jour d’utilisation comme contrat de référence, a perdu 48 cents, ou 1,1 % à 42,34 dollars.« Comme ce qui s’est souvent passé ces derniers mois, le Brent comme le WTI se sont rapprochés de leur plus niveau depuis mars plus tôt dans la semaine avant de faire face à de la résistance et de retomber », remarque Robbie Fraser de Schneider Electric. « La faiblesse observée sur la fin de la semaine est sans doute la conséquence des inquiétudes persistantes sur la croissance de la demande à long terme. Après un rebond assez rapide au cours des derniers mois, le fossé qui se maintient entre le niveau actuel de la demande et les niveaux habituels semble de plus en plus difficile à combler, et la situation pourrait ne pas se normaliser avant fin 2021 ou début 2022 », avance-t-il. 

Deux jours après la réunion virtuelle des membres de l’OPEP+, « le marché se rend compte que la principale nouvelle qui ressort de l’événement est le non-respect des quotas » de production, écrit Bjornar Tonhaugen, analyste de Rystad Energy. « Il semble assez difficile pour certains membres, comme l’Irak, de compenser leur surproduction des mois précédents et cela est considéré comme une nouvelle négative par le marché aujourd’hui », ajoute-t-il. 

Au cours de leur réunion mensuelle de suivi de l’accord OPEP+, les ministres ont particulièrement insisté sur l’importance du strict respect de ces engagements pour rééquilibrer le marché de l’or noir heurté par le Covid-19. Cette semaine, les ouragans sont attendus dans le Golfe du Mexique, avance de son côté Phil Flynn de Price Futures Group. « Basés sur leur trajectoire actuelle, on devrait voir des plateformes suspendre leurs opérations et des retards dans les importations et les exportations », souligne-t-il.

Le sucre en mode pause

Les prix du sucre étaient relativement stables sur la semaine dernière malgré les craintes renouvelées sur l’offre dues au Covid-19 et aux conditions météorologiques. « Il devient de plus en plus difficile de se procurer du sucre pour l’exportation en raison de la situation de l’épidémie de Covid-19 au Brésil [premier producteur mondial, ndlr] mais aussi en Inde », a expliqué dans une note Jack Scoville, analyste de Price Group. L’analyste de Price Group met également en avant les aléas climatiques qui pèsent sur deux autres pays producteurs, la Thaïlande (pluies irrégulières pendant la saison de la mousson) et la Chine (le débit des rivières en provenance de Chine est réduit, ce qui entrave l’irrigation des cultures), agissant comme des amortisseurs pour les prix face à une demande morose. À Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en octobre valait 371,90 dollars le vendredi dernier à la clôture, contre 381,20 dollars le vendredi précédent. À New York, la livre de sucre brut pour livraison en octobre valait 12,87 cents, contre 13,10 cents sept jours auparavant.