Le jubilé d’argent d’un outil de développement

En 25 ans, cette institution, créée sous l’initiative de feu l’évêque Emmanuel Kataliko, dans la province du NordKivu, a mis sur le marché de l’emploi 1.379 diplômés de deuxième cycle et 29 lauréats de troisième cycle.

 

Cette université est devenue un important centre scientifique pour les populations de cette contrée. (DR)
Cette université est devenue un important centre scientifique pour les populations de cette contrée. (DR)

La philosophie originale de cette initiative n’a pas été érodée par le temps : cette entreprise reste « une université au village, pour le village, par le village ». C’est dans cet esprit qu’un parterre d’invités, constitués de professeurs d’université, de parlementaires, de membres du gouvernement, d’intellectuels et d’étudiants ont été conviés à un échange d’idées, au cours d’une conférence-débat animée, à Kinshasa, dimanche 24 août dernier, par le président de la Fondation universitaire du Graben (Fug), le professeur-abbé Apollinaire Malumalu. Les six fondements-clés de travail à l’université catholique du Graben (Ucg) ont été explicités à l’assemblée : « apprendre à apprendre, agir sur l’environnement par son savoir-faire et son savoir-être, apprendre à vivre en société, être initié à la recherche et à l’innovation, développer les capacités d’entrepreneur, apprendre à être le sel de la terre et la lumière du monde. » Pour atteindre ces objectifs, des réalisations en infrastructures et en supports pédagogiques, capables de soutenir une pluralité de facultés, ont été conséquentes. Des hommes d’église, des chrétiens laïcs du diocèse de Beni-Butembo et d’autres entités pastorales ainsi que des partenaires ont apporté leurs contributions significatives. Cela a permis d’élever un complexe immobilier à la mesure de ces ambitions et de rendre disponible un fonds documentaire, répertoriant plus de 130.000 ouvrages et 30.000 numéros de revues. Cette université est devenue un important centre scientifique pour les populations de la contrée ainsi que pour des étudiants et professeurs, qui viennent des quatre coins de la planète. La faculté de médecine vétérinaire, avec ses spécialisations en zootechnie, préclinique et clinique, totalise 93 diplômes de deuxième cycle et 4 doctorats. Celle de la médecine humaine, le palmarès actuel affiche 155 lauréats. Cette faculté est dotée d’une clinique universitaire à spécialisations diversifiées, allant de l’ophtalmologie au gynéco-obstétrique, et pourvu d’un équipement moderne. Les habitants de la région y ont accès, à des tarifs compétitifs.  L’Ucg développe d’autres facultés, comme celles de droit (droit privé, droit pénal, droit social et économique, droit foncier et notariat), de pharmacie (hôpital et entité communautaire, industrie et analyse des médicaments), des sciences sociales, politiques et administratives (relations internationales, sciences administratives et politiques).

Formation des acteurs d’un développement endogène  

Pendant la conférence-débat organisée à l’occasion de la commémoration des vingt-cinq ans de cette institution universitaire, un diapositif a été projeté, défilant les différentes constructions et acquisitions de l’établissement. Les participants ont pu visualiser les différents centres de recherche et de développement initiés en ce lieu qui s’investissent dans des filières comme la formation, la recherche interdisciplinaire, l’aquaculture, l’agro-alimentaire, l’environnement et l’aménagement du territoire, l’animation pour le développement, les études juridiques appliquées, la réhabilitation à base communautaire, les nutritionnelles thérapeutiques, l’agro-pastorale. L’Ucg forme des acteurs de développement qui sont en contact permanent avec le milieu de travail, orientés plus vers le monde rural pour sa structuration, sa transformation et son développement. Les étudiants doivent ainsi se familiariser à la recherche-action et à l’animation des organisations de base, avec vocation de créer des foyers de développement. Au cours du débat, qui a suivi cette communication, les échanges se sont focalisés sur des préoccupations concernant, entre autres, la suppression des formations doctorales dans les universités privées, la difficile accessibilité au campus universitaire, la faible promotion du genre au sein du corps académique, le coût élevé des frais pour une université située en milieu rural, le sens de la dénomination « Graben », au lieu de Butembo. Des démarches sont en cours pour expliquer aux pouvoirs publics la nécessité de retenir des exceptions, au niveau de la formation doctorale, pour des institutions qui ont fait leurs marques, dans le pays, comme l’Ucg. Une messe d’action de grâce a clôturé la cérémonie.