Le patronat opposé à la révision de la taxe de la promotion industrielle

La FEC et le FPI ne sont pas parvenus à un accord de principe sur la taxe sur la production intérieure. Le taux a été porté à 2 %, ce qui n’arrange pas les entreprises qui souhaitent son maintien à 1 %.

Aucun arrangement n’a été trouvé, le 21 avril, à la suite de la rencontre entre la Fédération des entreprises du Congo (FEC) et le Fonds de promotion de l’industrie (FPI) autour de la taxe de la promotion de l’industrie (TPI) sur la production intérieure. Le patronat demande au FPI de surseoir sa décision d’appliquer le taux de 2 % de la TPI. Pour la Fédération des entreprises du Congo, le contexte ne s’y prête pas. Par conséquent, le Fonds de promotion de l’industrie doit le maintenir à son niveau d’avant, soit 1 %, concédé par l’État depuis le 13 novembre 2000,  dans le souci d’encourager la production locale, du fait de la baisse du niveau des activités de l’industrie et dans l’attente de la réforme initiée par le gouvernement. À défaut, le patronat a mis sur la table des négociations avec le FPI la proposition d’un moratoire d’une année en faveur des opérateurs économiques.  La FEC dénonce, en outre, le taux d’intérêt exorbitant que pratique actuellement le FPI. Il est aujourd’hui situé à plus de 14 %. Le Fonds de promotion de l’industrie étant financé principalement par un prélèvement obligatoire, par conséquent, soutient le président de la FEC, Albert Yuma Mulimbi, le FPI devrait appliquer un taux débiteur beaucoup plus bas pour permettre de financer les besoins en équipement des entreprises.

Système financier faible  

En effet, la FEC fait un constat plutôt « lamentable » de l’industrie nationale. Pour le président de la FEC, « la RDC est parmi les pays moins industrialisés de l’Afrique, avec un déficit d’électricité, et des infrastructures défaillantes. » Et pourtant, l’industrialisation du plus grand pays francophone constitue « une priorité, une urgence même tant la situation économique aggravée par la volatilité des cours des matières premières se dégrade sur fond de crise politique. » La RDC, hier exportatrice de ciment, importe depuis quelques années ce produit. Exportatrice de courant électrique vers des pays voisins, elle importe actuellement de l’électricité de la Zambie, et négocie avec l’Afrique du Sud pour son approvisionnement en énergie électrique.

« La RDC importe tout ou presque et n’exporte rien d’autre que des ressources naturelles», a déploré Albert Yuma. Et de poursuivre : « La relance de notre industrie passe obligatoirement par l’amélioration du système financier national. » C’est « la condition essentielle », a insisté Yuma, pour permettre aux banques et aux autres institutions financières de « remplir efficacement leur fonction de financement de l’économie congolaise par l’octroi des crédits à moyen et long termes, seuls à même de soutenir l’investissement. » Or, notre système financier présente encore des faiblesses pour soutenir la relance de l’économie nationale. « Il est limité, peu développé, onéreux et contribuant faiblement à la promotion des activités des entreprises. La faiblesse de l’épargne nationale, l’importance inquiétante de l’informel qui manipule près de 70 % des flux financiers hors circuit bancaire sont autant d’éléments à la base de cette situation », a déclaré le président de la FEC.

Plutôt une caisse de financement politique

Le FPI a été créé en 1989 en vue de la mise sur pied d’un mécanisme approprié pour le financement du secteur industriel, avec des termes plus longs et surtout à des faibles taux d’intérêt, par la collecte de la taxe de la promotion de l’industrie sur la production locale ou encore sur les importations, rappelle-t-on à la FEC. « L’impression que nous avons aujourd’hui est que le FPI s’est mué beaucoup plus en en une caisse de financement de personnalités politiques », a stigmatisé Albert  Yuma. D’après lui, les fonds perçus ne sont pas remboursés par ces soi-disant promoteurs, si bien que le FPI a aujourd’hui une ardoise de plusieurs millions de dollars gaspillés. Cet argent aurait pu servir à financer l’activité productive, a-t-il fait remarquer. Et s’adressant particulièrement au directeur général du FPI, Patrice Kitebi, le président de la FEC, a reconnu en lui une certaine détermination à « redorer le blason terni du Fonds. » Il lui a demandé de se rappeler du combat de la Fédération des entreprises du Congo, à l’époque, aux côtés du Fonds de promotion de l’industrie, qu’elle considère encore plus proche des PME et disposant d’un mécanisme plus approprié pour le financement de cette catégorie d’entreprises, pour convaincre les autorités politiques de la nécessité de collecter la taxe de promotion de l’industrie à l’importation… « Nous voulons que ce partenariat soit ravivé comme celui que la FEC, alors ANEZA, entretenait avec le FPI », a plaidé Albert Yuma.

Autres temps, autres mœurs  

Ce dernier a soutenu que du temps de l’Association nationale des entreprises du Zaïre, sous la houlette de feu Jeannot Bemba Saolona, le FPI accordait une certaine confiance aux dossiers lui soumis au financement par le patronat. Qui, en amont, passait au crible tous les dossiers et, en aval, assurait le suivi de l’exécution des projets financés sur terrain et bien sûr, en faisant un rapport au FPI. « Concernant particulièrement la petite et moyenne entreprise, fait comprendre Albert Yuma, la FEC s’emploie, avec l’accompagnement d’autres associations patronales, comme la COPEMECO et la FENAPEC, à ce que cette catégorie d’entreprises qui souffrent d’un manque de financement adéquat pour leur développement méritent une attention particulière du FPI ».  Hélas, souvent quand le crédit est disponible, a déploré le président national de la FEC, il sert plus à financer les besoins en fonds de roulement alors que nombreuses sont les PME qui expriment des besoins réels en termes d’investissement, et de biens d’équipement. Ceci limite leur capacité d’épanouissement, de création de richesses et d’emplois.