Patrice Kitebi jette un pavé dans la mare 

Par rapport à 2015, la taxe de promotion de l’industrie a connu une baisse sensible d’environ 21,8 %. Le taux de recouvrement est inférieur à 50 % alors à cause des impayés de plus de 151 millions de dollars. 

Le Fonds de promotion doit boucler à court terme son budget pour l’exercice 2017 et mise sur la taxe de promotion de l’industrie (TPI). Le directeur général du Fonds de promotion de l’industrie, Patrice Kitebi, l’a fait savoir à la Fédération des entreprises du Congo (FEC), en marge de la journée promotionnelle organisée, fin avril, en sa faveur. C’était l’occasion pour le DG du FPI d’expliciter sa vision de partenariat entre le Fonds de promotion de l’industrie et la Fédération des entreprises du Congo. Le FPI a pour principale ressource la TPI. Créée en 1989, au titre de contribution à l’effort du développement industriel et économique de la République démocratique du Congo, la TPI est une taxe parafiscale pré-affectée.

La collecte de cette taxe, au-delà du fait qu’elle souffre des mêmes maux (la fraude, la contrebande, la corruption…) que les autres recettes de l’État, connaît des problèmes spécifiques liés à son mode de déclaration et de perception (sous-évaluation de la valeur CIF, fausses déclarations, exonérations dérogatoires, faux transit international…).

Une trésorerie calamiteuse 

Patrice Kitebi tient dorénavant au « renforcement des moyens de recouvrement de la TPI et ce, en partenariat avec certaines entreprises », a-t-il déclaré. Le paiement de la TPI s’effectue désormais suivant le volume réel de production et de vente. Le DG du FPI dit avoir hérité d’« une trésorerie plutôt calamiteuse ». Le taux d’absorption des besoins de financement exprimés au guichet du FPI ne dépassant pas 35 %, des dossiers débloqués partiellement se chiffrent, à fin avril, à 19 901 335,17 dollars, des dossiers notifiés et non financés à 15 096 000,10 dollars et des dossiers agréés et non notifiés représentent seulement 8 153 874,87 dollars. Pour sauver les meubles, le DG du FPI a dû, en toute urgence, procédé à la redynamisation de la Cellule de gestion de passation des marchés publics (CGPMP) ainsi qu’à un audit à objectif étendu des aspects institutionnels, organisationnels, opérationnels, fiduciaires et de gestion du Fonds de promotion de l’industrie. Le FPI s’est doté, depuis, d’une cellule de production du plan de trésorerie pour une meilleure planification et suivi des activités des directions, service autonome et entités provinciales.

Opportunités d’investissements 

La direction générale du FPI a mis en place la stratégie d’identification des opportunités d’investissements privés dans les 26 provinces avec comme objectif de financer dans chaque territoire au moins un projet en fonction des potentialités de celui-ci, a fait savoir Patrice Kitebi à la FEC. La stratégie du FPI comprend l’identification des projets et des promoteurs, la préparation des études de faisabilités, l’organisation de la conférence des investisseurs et la mobilisation des ressources financières extérieures pour l’exécution de la stratégie. Mais compte tenu de l’impact limité des financements accordés jusqu’ici, le Fonds de promotion de l’industrie va déployer une approche basée sur les chaînes de valeur : le développement et le financement des chaînes de valeur. « Cette dernière est aussi une option levée par le chef de l’État lors de son discours sur l’état de la Nation, le 5 avril 2017 devant les deux chambres réunies en Congrès. Le FPI a noté que l’option est définitivement levée de promouvoir le soutien au secteur privé productif à travers, particulièrement, l’appui direct aux petites et moyennes industries et aux petites et moyennes entreprises, spécialement celles engagées dans l’agro-industrie et inscrivant leurs activités dans le cadre des chaînes de valeur », a souligné Patrice Kitebi. Le FPI s’emploiera, par exemple, à peaufiner des stratégies d’identification des opportunités d’investissements privés dans la chaîne de valeur de la pèche (gare frigorifique, séchage, salaison, fumage…)

L’identification des projets impliquera notamment les autorités politico-administratives, les organisations professionnelles (FEC, COPEMECO, FENAPEC…), les responsables des entités provinciales du FPI et les équipes du siège qui feront la descente de terrain dans l’identification des opportunités d’investissements privés. Le DG du FPI rassure les entrepreneurs que « ses taux d’intérêt sont plus bas que ceux pratiqués par le système bancaire… » Quant aux PME et PMI, il leur sera appliqué les taux de la Banque centrale, soit moins de 2 %, à condition que le taux directeur de la Banque centrale soit positif en termes réels. Tandis que pour les grandes entreprises, le FPI va pratiquer les taux de la Banque centrale plus de 2 %. Par ailleurs, quant au taux applicable pour les prêts en devise (LIBOR + 4 ou +3), le FPI s’engage à effectuer des paiements directs aux fournisseurs d’équipements et d’exploitation en 3 tranches au maximum en fonction de besoins du projet, endéans une période ne dépassant pas 6 mois.

Pour autant, la transformation du FPI en une banque d’investissements industriels n’a guère été évoquée par Patrice Kitebi alors même que cette mutation a été levée parmi « les 28 mesures urgentes » du gouvernement à la suite d’une réunion du Conseil des ministres extraordinaire en date du 27 janvier 2016.