La SCPT veut mettre la poste au même diapason que les privés

L’enjeu est de taille, face à la concurrence des majors du secteur qui cherchent à s’introduire dans le marché congolais. L’opérateur public fait sien l’adage selon lequel celui qui veut aller loin ménage sa monture.

 

La Société congolaise des postes et télécommunications (SCPT) a décidé de moderniser ses équipements. Elle vient de débourser plus de 15 millions de FC pour se doter auprès des entreprises United States Contracting and Trading ainsi que Bipro des balances électroniques et des balances guichets et des scellés. La Poste demeure à ce jour la principale source des revenus de l’ex-OCPT. Si en 2016, la SCPT a tablé sur des recettes de 85 millions de dollars, dont 50 millions pour les télécoms et 35 millions pour la Poste, la tendance pourrait être renversée dans les prochains mois. En effet, la SCPT compte aujourd’hui plus de 27 contrats de location des capacités de la fibre optique, dont les concessionnaires GSM de la place. Mais des techniciens maison auraient déniché une bonne vingtaine de raccordements frauduleux à la fibre optique.

Par contre, la poste a le vent en poupe. Durant l’exercice 2015, la poste a nettement devancé le major DHL, 43 % contre 27 % sur le marché postal congolais. Les firmes COLIKIN, GTM et GTS viennent loin derrière avec juste 1 % du marché local. La SCPT-EMS (Express Mail Service) qui a pour vocation l’acheminement en mode accéléré ou express des lettres et colis vers des destinations nationales et internationales, a gagné 12 % des parts du marché postal congolais en 2015. En termes de chiffre d’affaires, l’opérateur néerlandais surclasse la poste publique avec plus de 8 millions de dollars contre un peu plus de 6,7 millions de dollars pour la Poste traditionnelle et SCPT-EMS réunis. Toutefois, pour l’exercice 2015, la SCPT a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 20 milliards de francs, dont 9,6 milliards pour le secteur des télécoms, grâce à la location des capacités de la fibre optique et plus de 11 millions pour la poste, soit un peu plus de 20 millions de dollars.

Exclusivité sur les envois postaux 

Depuis 2015, la SCPT se reprend à la faveur des deux textes réglementaires. Il s’agit de l’arrêté ministériel CAB/VPM/PNTIC/TLL/DNT/mnb/005/2015 du 6 novembre 2015 sur l’émission des timbres-poste, ainsi que l’arrêté subséquent sur la modalité particulière de fourniture du service postal universel, mettant en vigueur les mesures d’application de la loi 012/202, consacrant pour la SCPT l’exclusivité sur les envois postaux jusqu’à 2 kg. Ainsi, la Poste dans son format traditionnel (regroupant notamment les services des colis postaux, boites postales, lettres recommandées, dépêche spéciale, courrier d’entreprise, petits paquets, réquisitoires, affranchissement collectif, formulaires, valeurs postales) a raflé 55 % du marché aux opérateurs privés en fonction du nombre d’envois traités.

Sans doute que le directeur général ai de la SCPT, Patrick Umba mise sur le secteur postal pour relever, dans les trois prochains mois, le défi de sauver la SCPT d’une banqueroute. Les états financiers de la Société congolaise des postes et télécommunications sont en effet peu reluisants. Le capital social, évalué à un peu plus de 5 milliards de francs, l’écart de réévaluation à un peu plus de 43 milliards de francs, le report à nouveau négatif de plus de 28 milliards, le résultat de la période (2014) est aussi négatif de -58 milliards. Ce qui donne un total des capitaux propres négatif de moins de 40 milliards de francs. En vertu de l’article 664 de l’Acte uniforme OHADA relatif au droit des sociétés commerciales et de groupement d’intérêt économique, la SCPT se retrouve dans une « situation de non continuité d’exploitation ».

Il y a, en effet, 3 ans déjà que les deux commissaires aux comptes commis à la SCPT, José Pandi et Pascal Nkanka, auraient dû établir l’acte de la mise en faillite de l’opérateur public des PT&NTIC. Mais l’actuelle équipe dirigeante tente le tout pour le tout afin de sauver la SCPT. À ceux qui pensent qu’il y a péril en la demeure, il demande à ne pas s’inquiéter outre mesure, se fondant sur ce qui conviendrait de désigner par « mesures de grâce » contenu dans l’article 665 de l’Acte OHADA précité.

Mais, avis d’experts maison, pour épargner la SCPT d’une faillite certaine, l’État doit devoir mettre la main à la poche. Selon la direction de l’entreprise, étant l’actionnaire unique, l’État est tenu de procéder à cet apport du capital social. Le comité Umba propose en effet l’incorporation de la dette financière auprès de l’Exim Bank China de 165 432 358 dollars au 31 octobre 2015. La SCPT souhaite aussi l’obtention des exonérations sur l’ensemble des investissements faits depuis la construction de la station d’atterrage de la fibre optique. En agissant de la sorte, cela va aider à améliorer le résultat par le non-paiement des impôts. Les besoins de la SCPT sont à ce jour de l’ordre de 29,4 millions de dollars au bas mot.