Le Sud-Africain Wamkele Mene va piloter la ZLECA

Il s’est imposé haut les mains après 7 tours à Addis-Abeba, le 11 février. Âgé de 43 ans, il a été le négociateur en chef de la Zone de libre-échange continentale africaine pour l’Afrique du Sud. Un choix difficile et heurté pour les dirigeants africains sur les 121 candidats en lice.

FACE aux candidats de la République démocratique du Congo (Faustin Lwanga Mukela) et du Niger (Cecilia Akintomide), le conseil exécutif de l’Union africaine (UA) a désigné comme patron de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) Wamkele Mene, le candidat sud-africain. L’élection est intervenue le 10 février dernier à Addis-Abeba et a été entérinée par la conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’UA en session plénière. Le tout premier secrétaire général de la ZLECA a la lourde charge de conduire l’organisation qui est appelée à devenir l’un des plus grands marchés du monde et dont le siège est établi à Accra au Ghana. 

Cap sur les urgences

Diplomate commercial sud-africain, Wamkele Mene était le négociateur en chef de l’Afrique du Sud pour la ZLECA. Il a également représenté son pays l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Son élection au secrétariat général de la ZLECA est un signal fort du retour en force de l’Afrique du Sud dans les affaires régionales. 

Il va devoir se pencher sur les urgences, notamment la mise en œuvre effective de l’accord qui est entré en vigueur le 30 mai 2019. Les États africains continuent de s’aligner au projet. C’est le cas du Zimbabwe.

Au sommet de Niamey, les pays ayant déjà ratifié l’accord avaient pris l’engagement de faire de la ZLECA un outil de libération économique pour l’Afrique.

Dès à présent, les pays signataires devront négocier, entre autres, les aspects et les modalités de la mise en application de cet accord, notamment, les règles d’origine, les modalités de paiement, les concessions tarifaires pour le commerce des marchandises et de règlement et les obstacles non tarifaires. La ZLECA permettra de créer un espace économique dans lequel des États-parties éliminent, entre eux, les droits de douane ainsi que toutes les barrières pouvant entraver le commerce. 

À en croire les chefs d’État de l’UA, avec la mise en place de cet instrument, l’Afrique tout entière ne sera qu’un marché unique de 1,3 milliard de consommateurs où les produits circuleront et s’échangeront librement. La ZLECA a pour objectif ultime de rassembler les 55 États africains qui regorgent d’énormes potentialités naturelles et humaines mais dont les populations pâtissent souvent de la misère et la pauvreté, du fait notamment des barrières géographiques et douanières. 

La ZLECA pourra faire progresser le PIB des pays membres de 1 % à 3 %, estime la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), dans son rapport 2019 sur l’Afrique. « Si l’accord est pleinement mis en œuvre, le PIB de la plupart des pays africains pourrait augmenter de 1 % à 3 %, une fois tous les droits de douane supprimés », précise la CNUCED. L’entrée en vigueur de la ZLECA devrait également « booster le commerce intra-africain dont la progression devrait atteindre 33 % après la suppression totale des droits de douane ».

Selon les calculs de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), la ZLECA pourrait accroître le commerce intra-africain de 52,3 % par an. L’Afrique est en effet très en retard en matière d’échanges intracontinentaux. Le commerce intra-africain ne représente que 15 % du total des échanges sur le continent contre 67 % pour les flux commerciaux intra-européens. D’après la CNUCED, l’essor du commerce intracontinental  aura un double avantage : attirer les investisseurs étrangers et créer des débouchés qui favoriseront  l’industrialisation de l’Afrique par l’accroissement des chaînes de valeur régionale.

L’Afrique centrale en ligne de mire

L’Afrique centrale devrait être la région qui bénéficiera le plus de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA). C’est ce qu’a indiqué Hanan Morsy, la directrice de la recherche à la Banque africaine de développement (BAD). Lors des assemblées annuelles de la BAD, à Malabo, en Guinée équatoriale, elle avait indiqué que le revenu réel de la région pourrait augmenter jusqu’à 7 %, grâce à la mise en place de la ZLECA. Elle devancera ainsi l’Afrique de l’Est (région la plus performante du continent en termes de PIB) qui devrait enregistrer une hausse d’environ 4,2 %, suivie de près par l’Afrique du Nord.

D’après Hanan Morsy, la mise en place de la nouvelle zone devrait également permettre au continent d’atteindre les objectifs de 4 % à 6 % de croissance, nécessaires pour lui permettre de résorber le chômage qui sévit sur le continent en créant des millions d’emplois. « Bien qu’il y ait des différences dans les gains, tous les pays africains sont mieux lotis avec l’intégration régionale qu’en l’absence d’une telle intégration », a-t-elle indiqué.

Pour rappel, la ZLECA, entrée en vigueur le 30 mai dernier, vise à créer un marché unique africain, pour booster les échanges de personnes, de biens et de marchandises afin d’accélérer l’intégration de l’Afrique. D’après les estimations, la nouvelle zone devrait permettre au continent de gagner près de 4,5% de plus sur son PIB.