Les derniers des Mohicans

Les self made men des années 1960-1980 encore en activité sont aujourd’hui rares. Raphaël Katebe Katoto, l’un des hommes d’affaires les plus prospères du Katanga, voire du pays, est de ceux-là. Il est parti du commerce de poisson, avant de diversifier ses affaires. La Gécamines fut sa principale cliente pour ses poissons pêchés de façon industrielle dans les lacs du Katanga. Puis, il se lança dans le commerce de farine de froment en devenant le distributeur exclusif de la Minoterie de Matadi (MIDEMA) dans tout le Katanga. Populaire, Katebe reprit le TP Mazembe qui connaissait une passe difficile. En 1980, le double champion d’Afrique remporta la coupe de la Confédération africaine de football (CAF). Quand la guerre a éclaté, en 1998, Katebe rejoignit la rébellion dans le camp du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), à Goma, dans le Nord-Kivu. Sa fille Leila Katebe prit le relais. À la tête d’un important consortium, Katebe Katoto vit aujourd’hui en exil en Belgique. Autre survivant, Pascal Kinduelo Lumbu, qui avait décidé de prendre sa retraite professionnelle, en 2009, après avoir été membre du conseil d’administration de la BGFI Bank. Il a pu démontrer ses nombreuses qualités  d’entrepreneur à travers les différentes sociétés qu’il a façonnées de ses propres mains : Kilou Olivetti, Alaska, Banque internationale de crédit (BIC)… Grâce à lui, la société Vodacom Congo s’était relevée entre 2001 et 2006. En dehors de Dokolo, Kinduelo est le seul Congolais à avoir été actionnaire majoritaire dans une banque du pays. Président de la chambre de commerce de Kisangani depuis plus de deux décennies, homme d’affaires prospère à la tête de diverses entreprises, dont le Crédit boyomais, un fonds de microcrédit, Raymond Mokeni Ekopi est un grand notable à Kisangani. Malgré les épreuves traversées, il n’a jamais lâché la Province-Orientale, sa région d’origine. Petit-fils d’un officier belge, il a appris à se débrouiller tout seul, à compter sur ses propres forces. Après des études primaires à Kisangani, universitaires à Lubumbashi et Kinshasa, il rentra dans sa province où il commença à travailler en 1976. À la faveur de la volonté politique de Mobutu Sese Seko de voir une nouvelle classe d’entrepreneurs émerger dans la Province-Orientale, il obtint un premier crédit auprès de la Banque commerciale du Zaïre. De crédit en crédit, il développa des plantations de café et se lança dans le commerce général. Mais les pillages de 1991 et 1993 lui portèrent un coup fatal. Après avoir tout perdu, Mokeni Ekopi tenta de remonter la pente. Las, la guerre de 1996-1998 ruina ses efforts.

À l’en croire, il ne lui restait plus que 50 dollars et ses relations en 2003. Il renoua avec tous ses partenaires pour pouvoir se relancer. Représentant d’Utexafrica, il était également distributeur de Cobil (gaz et essence). Avec une entreprise de construction, il s’est lancé dans l’hôtellerie en rachetant le vieil Hôtel des Chutes, après avoir abandonné le secteur du café à cause de l’impraticabilité des routes. Mokeni Ekopi  est particulièrement fier d’une chose : le fait d’avoir fondé le Crédit boyomais en 2000. Cette coopérative compte actuellement des milliers de membres.