Les entreprises françaises restent optimistes sur les marchés africains

 Un travailleur conditionne des bouteilles de lait en plastique dans une usine à Kano au Nigeria. (Crédits : REUTERS)
Un travailleur conditionne des bouteilles de lait en plastique dans une usine à Kano au Nigeria. (Crédits : REUTERS)

En 2015, les nuages se sont amoncelés sur la croissance africaine : baisse généralisée des cours des matières premières, crise sanitaire, terrorisme, tassement de la croissance mondiale… Malgré tout, le continent reste un marché dynamique. C’est ce qui ressort du baromètre annuel du Conseil français des investisseurs en Afrique (Cian) qui prend le pouls de l’activité des entreprises hexagonales sur le continent et évalue le climat des affaires.

L’organisation patronale regroupe 160 entreprises qui réalisent 80 % du volume d’affaires français en Afrique. Pour cette 27e édition du baromètre, 645 dirigeants membres du Cian présents dans 34 pays africains ont été interrogés : la majorité déclare avoir réalisé un bon exercice en 2015 et voit l’avenir sereinement.

58 % des dirigeants prévoient une augmentation de leur chiffre d’affaires en 2016 ; ils n’étaient que 49 % dans ce cas en 2015. L’Afrique du Nord arrive en tête avec un taux de réponse positive de 68 %.

L’Afrique du Nord en tête

Par pays, l’Égypte, avec 100 % des entreprises qui attendent une croissance de leur chiffre d’affaires cette année, le Maroc, le Nigeria, l’Afrique du Sud, Maurice, la Tanzanie et la Zambie, apparaissent comme les pays les plus dynamiques. 51 % des entreprises interrogées prévoient de nouveaux investissements cette année (contre 43 % l’an dernier), notamment en Afrique AOOI (australe, orientale et océan Indien).

Une augmentation que la directrice du Cian, Alix Camus, explique par « une rentabilité rapide et élevée en Afrique ». Ainsi, en 2015, 78 % des sondés affichaient des résultats bénéficiaires ou, au moins, équilibrés. Un pourcentage qui devrait grimper à 89 % pour l’année en cours. L’Afrique AOOI s’illustre par le plus grand nombre d’entreprises ayant leurs comptes dans le vert (82 % en 2015 et 91 % prévus pour cette année). Mais un problème de taille demeure, celui des créances et arriérés de paiement. « Les entreprises en souffrent de plus en plus, constate Alix Camus. Et le problème prend des proportions inquiétantes dans certains pays. » C’est le cas notamment au Gabon où les créances de l’Etat sont jugées trop élevées par 63 % des chefs d’entreprise. Le pourcentage est de 50 % en Guinée équatoriale ainsi qu’en RDC, 47 % au Cameroun et de 44 % au Tchad.

Arriérés de paiement au Gabon

Comment les membres du Cian évaluent-ils l’environnement dans lequel leurs entreprises évoluent ? Avec une note globale de 2,39 sur 5 pour l’ensemble du continent, leur appréciation – qui porte sur 39 critères (infrastructures, administration, économie et finances, social, socio-culturel, coût des facteurs de production, développement durable) – reste stable par rapport au précédent baromètre. Les chefs d’entreprise déplorent le coût élevé de l’électricité, l’inefficacité des administrations, l’impact du secteur informel, le niveau de corruption, la défaillance des systèmes de formation et donc, par ricochet, le faible niveau de compétences de la main-d’œuvre. Ils apprécient cependant l’amélioration du réseau aérien, des télécommunications, un coût de la main-d’œuvre attractif et, en dehors d’une minorité de pays, un environnement sécuritaire stable. Qui sont les bons élèves du continent ? Sur les 34 pays évalués, ils sont 15 à décrocher une note au-dessus de la moyenne : tous les pays d’Afrique du Nord et 7 pays des 12 d’Afrique AOOI (Maurice, Afrique du Sud, Kenya, Djibouti, Éthiopie, Ouganda et Zambie). Sur la plus haute marche du podium, on trouve le Maroc avec une note de 3,48, suivi de Maurice avec 3,34. Sept des dix pays d’Afrique de l’Ouest et les pays d’Afrique centrale sont, quant à eux, au fond de la classe. La République démocratique du Congo et la République centrafricaine ferment la marche avec, respectivement, un maigre score de 1,6 et 1,59. « Ces résultats démontrent que l’environnement africain des affaires est complexe. Mais, globalement, malgré le risque élevé, les investissements sur le continent sont très rentables », conclut Alix Camus.