Les parcs nationaux congolais toujours sur la liste de l’Unesco

Inscrits sur la liste rouge, les sites du pays sont souvent menacés de déclassement. S’ils continuent à être  répertoriés, c’est grâce notamment à la pression des acteurs de la société civile du Nord Kivu et à l’intervention de certains partenaires. 

Le parc national des Virunga, dans le Nord-Kivu.
Le parc national des Virunga, dans le Nord-Kivu.

 

Au terme de la 39ème session du Comité du patrimoine mondial qui s’est tenue  le 8 juillet  à Bonn, en Allemagne, les acteurs de l’environnement du Nord-Kivu se sont réjouis du maintien sur la liste des cinq sites congolais inscrits au Patrimoine mondial de l’humanité : Kahuzi-Biega, Garamba, Salonga, Virunga et la Réserve de la faune à Okapis. Les environnementalistes du Nord Kivu ont toujours milité pour que ces parcs nationaux soient répertoriés dans le patrimoine mondial de l’humanité.  Pour Emmanuel de merode, directeur du Parc national des Virunga, le peuple congolais vient de remporter une victoire par cette décision. «Dans l’ensemble, on était très satisfait du travail qui a été fait, du fait que le parc national des Virunga reste protégé par la loi et que l’on peut continuer le travail de maintien de ce patrimoine congolais», s’est-t-il encouragé. Une vingtaine d’organisations de la société civile du Nord-Kivu était à Bonn pour  plaider  auprès des participants en faveur de la sauvegarde du Parc national des Virunga. La crainte des acteurs de la société civile du Nord-Kivu était de voir certains de ces parcs déclassés de la liste de l’Unesco, car jugeant que le gouvernement congolais ne fournit pas assez d’efforts pour les protéger. «Cela  a été une position sage et dont nous les remercions en passant. Mais aussi nous insistons pour que les efforts soient faits par la RDC afin de sécuriser le Parc national des Virunga», a indiqué Étienne Kambale, rapporteur général adjoint de la société civile du Nord-Kivu. Les représentants de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) étaient aussi présents à cette assemblée. C’était pour essayer de convaincre le jury de garder ces sites sur la liste. Lors de cette rencontre, des délégués représentant plusieurs pays et associations examinent pendant onze jours les rapports sur l’état de conservation des sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Ceux qui répondent aux normes sont maintenus et ceux qui ne le sont pas sont déclassés.

Patrimoine national en péril

Lors de la 34ème session, le Parc national de la Salonga et la réserve de faune à okapis étaient placés sous un programme des stratégies d’action pour lutter contre le  braconnage. Ces deux sites figuraient sur la liste du patrimoine mondial en péril. Deux ans après, c’était le tour des quatre autres sites congolais d’y être inscrits, à cause d’une série de guerres qui avaient affecté leur valeur biologique universelle. Pour ce qui est du Parc national des Virunga, c’est depuis 1992 qu’il est inscrit sur la liste du patrimoine mondial en péril.

Exploitation du pétrole au parc des Virunga

L’assemblée de Bonn a offert aux acteurs de la société civile du Nord-Kivu l’occasion d’appeler de nouveau le gouvernement congolais à renoncer au projet d’exploitation du pétrole dans le parc des Virunga. Étienne Kambale en a profité pour rejeter ce projet : «Nous avons proposé à notre pays, la RDC, de retirer le permis accordé à Soco, qui avait l’intention d’exploiter le pétrole dans le parc national des Virunga. Nous avons insisté que ce n’était pas pour rien que les partenaires s’intéressaient à notre parc national des Virunga en construisant des barrages à Beni et à Rutshuru notamment.» Les écologistes  demandent aux autorités congolaises d’abandonner définitivement toute tentative de révision des démarcations du Parc national des Virunga et d’annuler tous les permis superposant les limites actuelles. Par ailleurs, ils ont appelé les autorités congolaises au respect des lois relatives à la protection de l’environnement. L’Allemagne s’est toujours opposée à l’exploitation du pétrole dans le parc des Virunga. « On va  demander aux autres participants à la session de Bonn de demander au gouvernement [de la RDC] de respecter ses engagements pris en matière de préservation et de protection de l’environnement. Et aussi de maintenir le parc national des Virunga sur la liste du patrimoine mondial. Et nous précisons que nos lois doivent se conformer à la logique des conventions que la RDC a ratifiées», a souligné Étienne Kambale avant la tenue de l’assemblée.