Les prévisions du solde budgétaire au-delà des exigences de la SADC

LES EXPERTS du ministère du Budget ont beau se triturer les méninges.  La projection la plus optimiste du solde budgétaire de l’exercice 2020 est de 4,9 % du produit intérieur brut (PIB), et de 4,1 % pour 2021 et 2022. L’évolution des recettes et des dépenses de 2020 à 2022 dégage, en effet, un solde global négatif de 12 922,6 milliards de nos francs, à raison de 4 887,5 milliards de FC en 2020, 3 987,6 milliards en 2021 et 4 067,6 milliards en 2022. Et de l’avis des experts du ministère du Budget, la République démocratique du Congo ne dispose pas, en ce moment, d’autres pistes de financement du solde budgétaire pour se conformer à la norme de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), si ce n’est « les promesses » d’appuis budgétaires reçues des partenaires au développement pour couvrir les projets des secteurs sociaux. 

Début juin 2019, François Pujolas, l’ambassadeur de France en RDC, a, par exemple, indiqué qu’un nouvel élan économique dans le partenariat renouvelé, entre la France et la RDC permet à Paris de contribuer au développement de la RDC. Un mois plus tôt, de passage dans la capitale congolaise, Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, avait annoncé une aide ferme de 300 millions d’euros de Paris pour le développement social en RDC. 

Des dons des partenaires multilatéraux (Banque africaine de développement et Banque mondiale) et bilatéraux (USA, France, Allemagne, Royaume-Uni) ont été annoncés, mais l’État doit avant tout compter sur ses propres recettes courantes pour financer son budget pour les trois prochaines années. 

Il sied de rappeler que, pour l’exercice budgétaire 2020, le ministère du Budget présente, en effet, un budget en recettes de l’ordre de 10 284,8 milliards de FC, soit 6,2 milliards de dollars, et en dépenses de l’ordre de 15 153,4 milliards de FC, soit 9,1 milliards de dollars. Il se trouve donc que la proposition budgétaire 2020 présente un gap négatif de l’ordre de 3 milliards de dollars. 

Il revient donc au prochain gouvernement, en fait, le cabinet Ilunga Ilunkamba, de mûrir les voies et moyens pour combler ce manque en vue de financer notamment l’éducation gratuite, réhabiliter les casernes militaires, financer les infrastructures, améliorer les conditions de travail des fonctionnaires et agents de l’État, etc. En outre, la stratégie nationale de mobilisation des ressources intérieures pour l’économie sur la période de 2020-2022 devrait exprimer la volonté du gouvernement de solliciter davantage les administrations financières comme des instruments privilégiés de mobilisation des ressources intérieures en vue d’en faire un réel moteur de développement, fait-on savoir au ministère des Finances. Cette stratégie, lit-on dans une note du ministère des Finances sur les recettes durant la période 2020-2022, devra s’inscrire dans un cadre dynamique qui permettra, à notre pays, de tirer le meilleur profit de ses ressources naturelles, dont il est abondamment doté, pour garantir le développement durable à long terme. 

L’État devrait également utiliser la rente de l’exploitation des ressources naturelles pour diversifier et rendre plus compétitives les entreprises. Dans son rôle de maintien de la stabilité du cadre macroéconomique, il est appelé à réaliser des investissements massifs dans les secteurs des infrastructures, de l’éducation, de la santé ainsi que dans d’autres secteurs prioritaires de l’économie en vue de procéder à la transformation structurelle du pays.

L’aide chinoise

Dans cette optique, l’État peut utiliser la rente tirée de l’exploitation des ressources naturelles pour soutenir le développement durable. Et c’est dans cette même perspective, soutient-on au ministère des Finances que la convention sino-congolaise devrait conduire à la modernisation de nos centres urbains en vue d’attirer les investissements productifs et améliorer la compétitivité de nos entreprises. Conclus en septembre 2007, entre la RDC et trois regroupements d’entreprises chinoises (Exim Bank of China, SinoHydro et CREC), pour 9.5 milliards de dollars d’investissements dans les infrastructures contre l’exploitation minière (Sicomines), les contrats chinois ont été revus à la baisse, soit 6.5 milliards de dollars, suite aux pressions du Fonds monétaire international (FMI) qui redoutait un surendettement de l’ex-Zaïre. 

Le FMI a également promis de substantiels appuis budgétaires à la RDC. Toutefois, le pays est aussi appelé à pérenniser la stabilité macroéconomique.  Ceci est un défi majeur. 

Cette pérennisation a pour avantage d’améliorer la prévisibilité des milieux d’affaires en facilitant les calculs des agents économiques, stabiliser le pouvoir d’achat de la population et des détenteurs de revenus ménages, stimuler l’épargne intérieure, consolider la valeur réelle des actifs financiers, notamment les dépôts en monnaie nationale dans les établissements de financement, renforcer l’expansion des activités du système financier et créer les opportunités d’investissement en vue de mettre en place les conditions d’une croissance économique forte susceptible de générer des millions d’emplois et d’accroître les ressources intérieures. 

Aussi l’État doit-il exploiter la rente du secteur extractif pour diversifier l’économie.