Montée en puissance des riziculteurs de Masina

Selon une note du BCECO, la société Sisco va construire des magasins de stockage de riz et aménager des aires de séchage sur le site hydro-agricole de Masina. Coût du projet : 259 mille dollars. Il s’agit en fait de l’extension d’un projet qui vise à réduire considérablement l’importation du riz à Kinshasa.

FINANCÉ à hauteur de 17 millions de dollars par la Banque arabe pour le développement en Afrique (BADEA) pour 10 millions, le Fonds de l’OPEP pour le développement international (OFID), pour 5 millions et le gouvernement de la République démocratique du Congo pour 2 millions, le Programme de développement de la riziculture dans le site hydro-agricole de Masina (PDRM) est arrivé à maturité. Il devrait produire 13 000 sacs de riz l’an, selon diverses sources. 

Fin 2017, le Bureau central de coordination des projets (BCECO), qui est le maître d’ouvrage délégué de ce projet, avait lancé des appels d’offre pour acquérir des groupes motopompes, y compris les accessoires, les bagues de scellement, les billetteries et les tableaux de commande, des conduites primaire et secondaire, vannes batardeaux, les tuyaux d’assainissement et les vannes d’arrêt ainsi que des équipements de la ligne électrique, les équipements de connexion et les armoires contenant les tableaux terminaux (moyenne et basse tension). 

Le PDRM regroupe une dizaine d’associations des producteurs de riz qui ont déjà bénéficié en 2008 de 35 tonnes d’intrants. Au mois de septembre dernier, le PDRM avait déjà construit 1 km de digue, quatre centres des aires de séchage et quatre hangars de stockage au profit des riziculteurs sur son site de Masina. 

Le Projet de développement de la riziculture de Masina a également aménagé près de 725 ha de terres agricoles, et 30 km de pistes agricoles. Le site produit 3,2 tonnes de riz par ha.

D’après Jean-Louis Ndonda, auteur de « L’incidence des importations et aides alimentaires sur l’agriculture congolaise », paru en 2009, la RDC importe plus de 100 000 à 200 000 tonnes de riz chaque année, surtout en provenance d’Asie, dont 30 % de brisures de riz. 

Sans doute que le volume des importations aura augmenté de quelques dizaines de tonnes, cette dernière décennie. Et souvent, d’après Ndonda, ce riz provient des stocks de sécurité alimentaire et est âgé de 3 à 4 ans. L’on se rappelle qu’à la mi-2018, des agents de la Direction générale des douanes et accises (DGDA) avaient laissé filtrer l’information selon laquelle une cargaison de riz qui donne des signes d’avarie venue probablement du Pakistan, a été retirée de force des entrepôts de la douane et qu’il serait probable que ce riz portant l’étiquette « Dana Rice » soit écoulé sur le marché local.

7 milliards de dollars l’an

Selon Africa-Rice, une organisation intergouvernementale regroupant 26 pays d’Afrique de l’Ouest, du Centre et de l’Est, le continent dépense plus de sept milliards de dollars par an pour ses importations de riz, indispensables pour sa sécurité alimentaire. 

Pourtant, le continent est doté d’un grand potentiel de production. Malgré une hausse de la production rizicole, l’Afrique importe chaque année près de 24 millions de tonnes (…) d’un coût de 7 milliards de dollars, poursuit l’organisation. 

Ndonda note que la production locale du riz gagne du terrain mais le principal frein à la consommation de riz en ville est le prix. On assiste souvent à une augmentation de la consommation de riz lorsque les revenus des ménages augmentent. 

D’une manière générale, le riz importé est préféré au riz local dans les milieux urbains, surtout à Kinshasa. Le prix du riz importé influence celui du riz local. Ainsi, l’offre croissante du riz à des prix mondiaux nettement inférieurs a eu un effet négatif sur les prix du riz local. 

Dans la capitale, les zones de riziculture s’étendent, en effet, le long du fleuve, du quartier Kingabwa, dans le Ngwele jusqu’à Masina.