Politique énergétique integrée en RD Congo

Partie II – Consommation énergétique  

 

Inégalités dans la consommation énergétique mondiale

D’entrée de jeu, il faut remarquer que la consommation énergétique dans le Monde est extrêmement inégalitaire : d’une part, entre pays en développement et pays industrialisés ; et d’autre part, entre milieu urbain et milieu rural, dans les pays en développement.

On peut distinguer trois aspects dans ce déséquilibre

1. un déséquilibre quantitatif ;

2. un déséquilibre qualitatif ; et

3. un déséquilibre technologique.

Déséquilibre quantitatif

Nous référant à l’étude du Conseil mondial de l’énergie (CME) (1999), on peut comparer la situation énergétique des pays industrialisés et celle des pays en développement :

Ces chiffres montrent que la consommation d’énergie per capita est six fois plus élevée dans les pays industrialisés que dans les pays en développement.

On peut résumer la situation de ces inégalités en mentionnant que:

les 20% les plus riches utilisent 55% de l’énergie mondiale ;

les 20% les plus pauvres en utilisent 5%.

 

Par ailleurs, la croissance de la population, qui est un paramètre particulièrement important en ce qui concerne la consommation d’énergie, se présente comme suit:

0,2%, en Europe ;

2,5% dans les pays en développement ;

1,7% aux USA et au Canada.

 

Trois milliards d’habitants en Afrique et en Asie disposent en moyenne de moins de 0,6 tep par an et par habitant, alors que près de 300 millions d’habitants, en Amérique du Nord, consomment chacun plus de 7 tep par an.2

 

 

 

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Déséquilibre qualitatif

Ce déséquilibre Nord-Sud ne se manifeste pas seulement par la quantité d’énergie consommée, mais aussi par sa qualité. Alors que les pays du Nord consomment essentiellement des énergies commercialisées – p.ex., l’électricité, dont la part est importante -, ceux du Sud consomment très peu d’électricité, et les énergies non commerciales y sont le plus souvent prépondérantes : bois de feu, charbon de bois, énergies humaine et animale.

La préparation de la cuisine de deux milliards de personnes dans les PED représente 1,3% de la consommation globale d’énergie commerciale. Cette utilisation de la biomasse a aussi des effets sur la santé (pollution de l’air) ; elle contribue à 6% de l’effet de serre.

Déséquilibre technologique

L’énergie est toujours utilisée selon une technologie énergétique donnée, c’est-à-dire suivant une association de méthodes, de techniques et de matériels en relation avec les personnes qui les utilisent:

dans les pays du Nord, les technologies énergétiques utilisées sont à haute efficacité énergétique et à coût élevé ;

dans les pays du Sud, elles sont à efficacité énergétique rudimentaire, à faibles coût et rendement.

Disparité milieu urbain – milieu rural

20. En milieu rural, les sources d’énergie utilisée doivent satisfaire essentiellement les besoins vitaux : cuisson des aliments ; chauffage ; éclairage. Ces sources d’énergie sont : l’énergie humaine, l’énergie animale, la biomasse, utilisée de façon traditionnelle. Les énergies commerciales ne représentent qu’une très faible part de l’énergie consommée et sont généralement de faible coût ; ce sont les piles, les bougies, le pétrole lampant, le butane.

 

Éclairage en milieu rural

Pour satisfaire leurs besoins d’éclairage, les familles rurales utilisent généralement des :

des lampes à pétrole à mèche, souvent faites avec des boîtes de conserve de tomates dans lesquelles on insère une mèche en coton. À Madagascar, on utilise des boîtes de lait évaporé ; elles sont munies d’une tubulure axiale qui reçoit la mèche et d’un orifice latéral permettant de la remplir de pétrole ; elles n’émettent pas plus de 10 à 15 lumens ;

des lampes-tempêtes -1 40 à 50 lumens pour les lampes importées;

des bougies.

Dans la pratique, la plupart des familles n’utilisent pas plus d’un point lumineux par pièce au même moment : doubler le nombre dispositifs fait doubler les coûts mais augmente à peine le niveau d’éclairage. L’éclairage sert surtout aux personnes pour voir les contours et éviter de se cogner.

Le coût combiné des bougies, du pétrole et des piles atteint un montant substantiel ; exemples de dépenses mensuelles3:

5,6 $US pour le pétrole (au Kenya);

5,0 $US pour les piles (au Kenya) ; soit un total de 10,6 $US

7,70 $US pour le pétrole et les piles au Niger

En réalité, on s’aperçoit que pour un service rendu, de qualité médiocre, le prix de revient du kWh est élevé.

 

 

1. Note : « tep », 1 tonne équivalent  pétrole (toe, ton oil equivalent).

2. Jamila Buret et Faouzi Senhaji, Énergie et environnement. Le cas du Maroc.  Liaison Énergie Francophonie, no 37,1997, pp. 20-24.

3. Robert J. Van der Plas. Les lanternes solaires. Liaison Énergie-Francophonie, no 37, 4è trimestre 1997, pp. 14-19.