Pour le représentant du FMI, la croissance devrait ralentir en 2019 en RDC

C’est l’impact de la volatilité des cours des principaux produits d’exportation qui en serait la cause, au regard des perspectives de production de l’industrie extractive. Le Fonds monétaire internationale table sur 4,3 %.

L’édition d’avril 2019 des « Perspectives économiques régionales : Afrique subsaharienne, reprise dans un contexte de grande incertitude » a été présentée à Kinshasa par Philippe Egoumé, le mercredi 26 juin. Selon ce document, la reprise économique se poursuit en Afrique subsaharienne, mais les taux et les perspectives de croissance suivent deux trajectoires distinctes. Le taux de croissance global devrait passer de 3 % en 2018 à 3,5 % en 2019, et se stabiliser à un peu moins de 4 % à moyen terme ou autour de 5 %, si l’on exclut les deux plus grandes économies de la région, l’Afrique du Sud et le Nigéria. Dans le cas de la République démocratique du Congo, la croissance serait de 4,3 %.

Selon des experts du Fonds monétaire international (FMI) qui ont préparé ce document, ces chiffres globaux occultent des disparités considérables en matière de perspectives de croissance entre deux groupes de pays. Tenez : environ la moitié des pays de la région, essentiellement des pays pauvres en ressources naturelles, devraient connaître une croissance d’au moins 5 %, ainsi qu’une hausse de leur revenu par habitant plus rapide que la moyenne mondiale à moyen terme. 

En revanche, les autres pays, riches en ressources naturelles pour la plus grande part, comme la RDC, devraient enregistrer une croissance plus lente. Par ailleurs, étant donné que ces pays, dont font partie l’Afrique du Sud et le Nigéria, abritent plus des deux tiers de la population de la région, il est important de lever les incertitudes relatives aux politiques économiques qui freinent la croissance afin que la majorité des habitants de l’Afrique subsaharienne jouissent d’un meilleur niveau de vie. 

Vents contraires pesants

D’après les auteurs du document, des vents contraires intérieurs et extérieurs pèsent sur les perspectives de croissance. En effet, l’expansion mondiale s’essouffle, y compris chez les principaux partenaires commerciaux de l’Afrique subsaharienne, comme la Chine et l’Union européenne (UE) ; les tensions commerciales restent fortes ; les conditions financières mondiales sont volatiles et se sont quelque peu durcies par rapport aux prévisions établies en octobre 2018, et les prix des produits de base devraient rester faibles. 

Sur le plan intérieur, soulignent-ils, des chocs climatiques risquent de faire diminuer la production agricole dans le Sud de l’Afrique, tandis que les incertitudes relatives aux politiques économiques assombrissent les perspectives de croissance dans plusieurs pays. Les vulnérabilités liées à la dette restent élevées dans certains pays. 

Les faiblesses des bilans publics pèsent également sur les positions extérieures : les réserves sont inférieures aux niveaux généralement jugés adéquats dans plus de la moitié des pays, notamment la RDC. Dans le même temps, le niveau élevé de prêts improductifs continue d’exercer de fortes tensions sur les systèmes financiers, tandis que les insuffisances des systèmes de gestion des finances publiques se traduisent par d’importants arriérés intérieurs, qui pourraient avoir une incidence sur la croissance et les systèmes financiers intérieurs. 

Ces experts notent qu’il est actuellement plus difficile encore de répondre aux besoins d’investissement en capital humain et physique en raison de la compression de la marge de manœuvre budgétaire et d’un environnement extérieur moins porteur. Pour y parvenir, il est essentiel de reconstituer une marge de manœuvre budgétaire, d’accroître la résistance de l’économie aux chocs et de favoriser l’émergence d’un environnement propice à une croissance durable, élevée et inclusive. 

Risques de ralentissement

D’après eux, il serait encore plus difficile de mener cette tâche à bien si les risques de ralentissement de la croissance venaient à se matérialiser (par exemple, si la croissance mondiale s’avérait plus faible que prévu dans le scénario de référence). Ce constat souligne la nécessité d’accélérer les réformes et de calibrer l’ampleur et le rythme des ajustements de façon à garantir la compatibilité entre, d’une part, l’inflexion des politiques et, d’autre part, la crédibilité des objectifs macroéconomiques à moyen terme, le montant des financements disponibles et la viabilité de la dette. 

Si les divergences entre pays riches et pays pauvres en ressources naturelles transparaissent dans leurs perspectives de croissance, leurs priorités économiques et le poids de leurs contraintes budgétaires, ces pays ont les mêmes besoins, à savoir accroître leur résilience et générer une croissance durable, élevée et inclusive. 

Pour relever ces défis, pensent-ils, il serait nécessaire de prendre les mesures suivantes : primo, accroître les recettes, assurer l’efficience des investissements publics, consolider la gestion des finances publiques, maîtriser les risques budgétaires liés aux entreprises publiques, améliorer les cadres de gestion et de résolution de la dette et accroître la transparence. Il serait également important d’assouplir davantage les taux de change dans les pays qui n’appartiennent pas à une union monétaire, et d’améliorer la politique monétaire et les systèmes financiers. Secundo, accroître la productivité et l’investissement privé, tout en assurant un partage plus équitable des bienfaits d’une plus grande prospérité. Il faut donc appliquer des mesures visant à rendre les marchés plus contestables et à créer un environnement propice à l’éclosion d’un secteur privé dynamique, notamment en supprimant les principaux freins aux activités des entreprises et à l’approfondissement de l’intégration commerciale (surtout dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale pour l’Afrique, ZLECA) et en améliorant l’accès aux services financiers et services de base (dont la santé et l’éducation) ainsi que leur prestation.