Prise de participation de Gaia Impact Fund dans Nuru

Avec l’apport du Fonds d’investissement français, l’entreprise de construction des mini-réseaux solaires va devoir donner accès à l’électricité à quelque 5 millions de personnes en RDC d’ici 2024.

NURU (lumière) se frotte les mains. Le fournisseur de solutions solaires hors réseaux peut désormais compter sur Gaia Impact Fund afin de réaliser son business plan d’électrification. En effet, le fonds d’investissement français dédié aux énergies renouvelables a décidé d’entrer dans son capital en acquérant une participation jugée importante. Même si les détails de l’accord restent confidentiels, on indique que le cash qu’apporte le fonds français à l’énergéticien Nuru servira uniquement à ses activités en République démocratique du Congo. 

Avec une population estimée à 95 millions de personnes pour un taux d’électrification qui se situe actuellement à 19 %, la RDC est un vaste marché d’accès à l’énergie pour les mini-réseaux solaires proposés par Nuru. Surtout en milieu rural où les populations n’ont pas encore accès à l’électricité. Ce qui fait dire Guilhem Dupuy, le directeur des investissements de Gaia Impact Fund : « Bien que les mini-réseaux aient un rôle croissant à jouer en tant que solution la moins coûteuse dans le futur mix électrique dans des pays comme la RDC, ils ont été un segment largement sous-financé des marchés d’accès à l’énergie. Nous sommes impressionnés par l’équipe locale expérimentée de Nuru, qui a réussi à mettre en service l’un des plus grands mini-réseaux d’Afrique dans l’environnement complexe et instable de la RDC. » En effet, l’entreprise Nuru a inauguré en février dernier un mini-réseau de 1,3 MW (4 000 panneaux capables de produire 335 W par unité) dans le quartier Ndosho à Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Nuru a installé sa base en RDC dans cette ville. Le Nord-Kivu a une couverture de 4 % en électricité. Les besoins en énergie dans la ville volcanique sont évalués à plus ou moins 80 MW en raison de son dynamisme économique. 

Portefeuille des projets

L’électricité produite par la centrale est directement distribuée à la population via un mini-réseau, également réalisé par Nuru, et équipé de transformateurs ainsi que d’une ligne de transmission. Le réseau de Nuru dans cette ville est composé entre autres des poteaux électriques de 12 m en moyenne tension et de 8 à 10 m en basse tension. Ces poteaux écologiques fabriqués à base de bambou servent de support pour les câbles électriques qui permettent d’alimenter les clients dotés de compteurs intelligents pour mesurer la consommation.

La mise en service de l’off-grid hybride de Goma est la première étape d’un vaste projet de fourniture d’électricité à 5 millions de personnes d’ici 2024. Nuru compte en effet produire 23 MW supplémentaires en construisant des centrales solaires hybrides dans les provinces de Nord-Kivu, Maniema, Ituri, Haut-Uélé et Kasaï. Le programme en RDC bénéficie de la collaboration des fournisseurs d’off-grids, comme Energy Peace Partners, Solarcentury, PowerGen Renewable Energy… 

L’entreprise bénéficie également du soutien des partenaires, tels Energy Access Ventures (EAV), Electrification Financing Initiative (ElectriFI), mais aussi d’un Fonds d’investissement de l’Union européenne, dont le but est de soutenir le secteur privé pour la fourniture d’électricité dans les zones non desservies. « Le système mis en service est une solution énergétique sans compromis. Nous avons utilisé la meilleure technologie au monde pour le produire. La qualité de cette unité de production installée à Goma est comparable à n’importe quel système de cette envergure partout au monde », explique Jonathan Shaw, le co-fondateur et PDG de Nuru.

D’ici la fin de 2021, poursuit-il, son entreprise envisage de mettre en service 5 sites, et avec le partenariat avec la Société nationale d’électricité (SNEL), l’objectif est de fournir jusqu’à 150 MW de puissance étendue au réseau dans le Nord-Est. Nuru (lumière en français) a été créé en 2015 à Beni sous la dénomination de Kivu Green Energy. La mutation dénominationnelle est intervenue en septembre 2019 pour refléter son expansion au-delà des régions du Kivu. La société a déployé son premier mini-réseau solaire en RD Congo en 2017.