Quel avenir pour les Léopards ?

Il n’y a qu’en RDC où l’on encense un entraîneur même quand il ne donne pas des résultats. Au-delà de ce dont il a été capable, Florent Ibenge a surtout montré ses limites à la tête du onze national.

L’avenir de l’équipe nationale de football de la République démocratique du Congo est en question. En 2017, le onze national était engagé sur deux fronts : la Coupe d’Afrique des nations (CAN) qui s’est déroulée en janvier-février au Gabon, et les éliminatoires du Mondial  Russie 2018. Au regard du parcours… disons honorable à la CAN 2015 où ils ont occupé la 3è marche du podium, la Fédération congolaise de football association (FECOFA) avait formellement assigné trois objectifs au sélectionneur, Florent Ibenge Ikwame, lors du renouvellement de son contrat, en février 2016. D’abord, gagner le CHAN 2016 et la CAN 2017. Ensuite, qualifier la RDC au Mondial 2018.

Au finish, les deux objectifs majeurs n’ont pas été atteints. Comme quoi, Florent Ibenge doit rendre compte. Normal, parce qu’une séance d’évaluation était programmée au siège de la fédération avec le sélectionneur des Léopards. À l’heure du bilan, les Léopards se sont arrêtés en quarts de finale, face à des Black Stars du Ghana moins emballants que d’ordinaire, à la CAN 2017 au Gabon. Une contreperformance par rapport à 2015. Tandis qu’aux éliminatoires du Mondial 2018, les Léopards ont laissé filer la qualification au profit des Tunisiens, plus réalistes que convaincants. Des contreperformances dues essentiellement à des « erreurs tactiques » de l’entraîneur Ibenge, expliquent certains observateurs.

Il faut dépassionner le débat

Entre-temps, sur les réseaux sociaux et dans les médias, on est envahi par une avalanche de réactions allant dans le sens de dédouaner Florent Ibenge de toute responsabilité sur la débâcle des Léopards à la phase finale de la CAN et aux éliminatoires du Mondial, et de le présenter comme une « victime collatérale » d’un système. Ce soutien quasi « indéfectible » est-il vraiment justifié ?

Tard dans la nuit, après l’élimination de l’Italie de la Coupe du monde, à l’issue de son match de barrage contre une Suède héroïque (0-1, 0-0), le sélectionneur de la Squadra Azura, Gianpiero Ventura, a dit ceci : « En football, c’est la faute de l’entraîneur quand le résultat n’est pas celui escompté ». Qui dit mieux ? « Ce n’est pas qu’on aime ou qu’on n’aime pas Ibenge. C’est la loi implacable du sport, c’est l’entraîneur qui porte toujours le chapeau », commente un confrère sportif.

Sur le plan purement sportif, certains observateurs pensent que Florent Ibenge ne mérite plus d’être à la tête du onze national du football de la RDC. D’après eux, il a montré ses limites, notamment sur la double peine : élimination CAN et Mondial lors des matchs décisifs : RDC Vs Ghana à la CAN (1-2) et RDC VS Tunisie à Kinshasa lors des éliminatoires du Mondial (2-2, après la défaite 1-2). Pire, sur la gestion des matchs qu’il ne faut surtout pas perdre, que ça soit dans son club ou que ça soit en sélection. « Outre ses erreurs techniques, Ibenge n’a pas su donner une identité au onze national malgré le potentiel à sa disposition. On ne gagne pas un challenge rien qu’avec des individualités. Il faut un collectif dans lequel les individualités cohabitent et se juxtaposent », souligne un autre observateur. « C’est d’ailleurs le mal du onze national. La RDC n’a jamais réussi à mettre sur pied un collectif après 1974 », poursuit-il.

En suivant le fil des commentaires sur les réseaux sociaux et dans certains médias, Ibenge est peint comme « l’homme providentiel », comme celui qui a tiré les Léopards des profondeurs du classement FIFA (5è en Afrique et 32è dans le monde), comme celui qui a fait monter les Léopards sur le podium africain de la CAN en 2015 et comme celui qui les a fait gagner le championnat d’Afrique des nations (CHAN) en 2016. « À entendre les commentaires sur Ibenge, c’est comme si avant lui, c’était le trou noir depuis 1974. Et on oublie qu’avec son club V. Club il n’a donné aucun résultat depuis cinq, sauf un titre national sur tapis vert », rappelle un autre observateur.  Par rapport à l’histoire, comme on le voit, Ibenge n’a pas fait mieux que ses successeurs. À moins que la FECOFA ne fasse comme sa consœur française, la Fédération française de football (FFF), qui a signé Didier Deschamps pour 5 années supplémentaires malgré l’absence de résultats. Pour rappel, le contrat d’Ibenge court jusqu’en 2018. « La FECOFA ne semble pas avoir les reins solides pour s’attacher les services d’un gros calibre comme le Français Hervé Renart qui a gagné deux fois la CAN avec la Zambie et la Côte d’Ivoire, avant de qualifier le Maroc pour le Mondial 20 ans après ».