RDC: le business de Dieu

Elles sont plusieurs milliers à Kinshasa, les églises de réveil, basées sur le culte protestant rassemblent chaque dimanche des millions de fidèles. Certaines de ces églises sont organisées en véritables entreprises, suscitant les critiques de ceux qui y voient un fonds de commerce lucratif.

L’église « Image de l’Éternel » est un vaste bâtiment richement décoré, qui s’étale le long de l’avenue Kasa Vubu à Kinshasa. Le temple peut accueillir confortablement 500 fidèles. C’est l’un des trois fondés à Kinshasa par le pasteur Godé Mpoyi. Ce dernier est aussi parlementaire et entrepreneur. Car ici les pasteurs sont aussi des hommes d’affaires. L’église « Image de l’Éternel » est, selon la loi, une simple association, et vit des cotisations de ses membres, comme l’explique le pasteur en second Christophe Beheya.

« On ne force pas. On ne vient pas auprès du Seigneur les mains vides. Il a son argent. Il met dans les troncs. Même à l’époque de Jésus, Judas gardait l’argent. »

À Kinshasa, les églises de réveil ont un rapport décomplexé avec l’argent. Et les fidèles paient une dîme.

Pitchou Ndanga cotise depuis 17 ans. « Toutes mes rémunérations, dès que je suis payé, la première des choses c’est d’enlever un dixième. Je le donne à mon pasteur. Il prie pour moi. Dès qu’on donne la dîme on est protégé face aux maladies, face aux menaces du diable et à tous les problèmes que l’on rencontre dans la vie. »

À quelques centaines de mètres de ce temple se trouve « Les gagneurs d’âme », autre église du réveil, fondée en 1985 par le pasteur Kalala Mwama M’Pandjila. Une véritable multinationale.

« Nous avons plus de 25 églises dans la ville de Kinshasa. Trois églises, non quatre, dans la province de Tshopo. Six églises dans la province de Kwilu, quatre dans la province du Congo central. Nous avons une église aux États-Unis, à Dallas, deux en France, une en Belgique et trois en Afrique du Sud. Nous fonctionnons comme une société. »

Une société qu’il faut faire vivre et comme les églises sont censées être à but non lucratif, le pasteur utilise un système de fondations.

« Je viens de mettre sur pied une fondation. Une fondation qui s’occupe de location de limousine et de Jeep de luxe. Une fondation qui a une imprimerie. Un autre qui a un service de traiteur, une autre de gardiennage et nous avons enfin une fondation qui fait un service de décoration ».

Décriées par une partie de l’opinion qui y voit une forme d’escroquerie spirituelle, les églises du réveil brassent des sommes colossales. Et génèrent une part du Produit intérieur brut qu’aucune administration n’a jamais pu chiffrer.