Sale année pour le pétrole ?

Est-ce que les analystes de l’OPEP ont-ils vu venir un reconfinement « dur » en Europe dans leur perspective de moyen terme des marchés pétroliers ? Apparemment non, comme en témoigne la multiplication des échanges téléphoniques entre poids lourds de l’OPEP et leur allié russe.

L’OPEP à la rescousse. La deuxième vague de coronavirus sabote ainsi la reprise de la demande que l’on peut encore qualifier de fragile. Un ralentissement qui devrait pousser les pays membre du cartel à repousser l’augmentation de leur production prévue au début de l’année prochaine. Cette option sera discutée lors de la prochaine réunion de l’OPEP+, le 30 novembre prochain. En effet, les cours du pétrole ont enregistré la dernière semaine d’octobre leur pire semaine depuis avril. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) devra se réunir à nouveau parce que le marché se demande si les pays membres du cartel décideront d’ajuster ou non leur rythme de production.

Le durcissement du cadre sanitaire en Europe ne laisse pas les cours du brut indifférents, en atteste le plongeon des références européennes et américaines sous la barre des 40 dollars le baril. La deuxième vague de la pandémie de coronavirus est très redoutée. Elle menace directement la reprise de la demande, laissant penser que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et la Russie devront repousser à plus tard l’augmentation de leur production prévue initialement pour 2021. Les temps sont donc durs pour les compagnies pétrolières, et il en est de même pour l’OPEP. L’Energy Information Administration (EIA) s’attend à ce que les membres du cartel engrangent 323 milliards de dollars issus de leurs recettes nettes d’exportation de pétrole cette année. Des recettes historiquement faibles, impactées à la fois par la faiblesse des prix du brut et par la baisse globale des volumes d’exportation.   

Restrictions croissantes

Les prix du pétrole ont fini sur une fausse note le vendredi 30 octobre, en conclusion de la pire semaine en cinq mois pour le marché de l’or noir, préoccupé par une demande morose et l’absence de réaction des principaux pays producteurs.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre, dont c’était le dernier jour de cotation, a perdu 0,5 % ou 19 cents par rapport à la clôture de jeudi 29 octobre, à 37,46 dollars. À New York, le baril américain de WTI pour le même mois a lâché 1,1 % ou 38 cents, à 35,79 dollars.

En plongeant respectivement de 10 % et 11 % sur la semaine, les deux contrats de référence ont enregistré leur pire chute hebdomadaire depuis avril. « Les restrictions croissantes jettent une ombre sur les perspectives de la demande à court terme », a résumé Stephen Brennock, analyste de PVM. 

La pandémie de coronavirus continue de s’aggraver à travers le monde, en Europe où certains pays reconfinent leur population mais aussi outre-Atlantique où les États-Unis ont enregistré le jeudi 29 octobre un record quotidien de plus de 90 000 cas positifs, selon un comptage de l’université Johns Hopkins. Sur ce marché qui n’absorbe déjà pas la quantité d’or noir sortie de terre, la reprise rapide de la production libyenne exerce une pression supplémentaire sur les cours.

« Il incombe maintenant à l’OPEP+ de reconsidérer son augmentation de production prévue en janvier », a estimé Jeffrey Halley, d’Oanda. Les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés, via l’accord OPEP+, ont maintenu à l’occasion de leur dernière réunion ministérielle mensuelle, le 19 octobre, le calendrier des coupes décidées en avril pour faire face à l’impact de la pandémie de Covid-19.

Celui-ci est censé entraîner le retour sur le marché de 1,9 million de barils par jour au 1er janvier. L’OPEP doit se réunir à nouveau fin novembre, le marché se demandant si les pays membres décideront d’ajuster ou non leur rythme de production. « C’est la question à 10 dollars », avance Stephen Brennock, car selon lui la décision d’un maintien ou d’un report de ce calendrier « pourrait faire bouger les prix du pétrole de 10 dollars dans un sens ou dans l’autre ».

L’or et le cuivre en hausse

Le prix de l’once d’or, en difficulté la semaine d’avant, a bondi au fil de la semaine dernière de plus de 4 %, et a atteint le vendredi 6 novembre son plus haut niveau en un mois et demi à 1 960,44 dollars. L’once d’or s’échangeait pour 1 951,20 dollars, contre 1 878,81 dollars à la clôture du vendredi dernier. Le métal précieux a profité des chances grandissantes du démocrate Joe Biden d’accéder à la Maison Blanche. « Une victoire de M. Biden pourrait mener à un programme géant de relance de l’économie, ce qui ferait souffrir le dollar et, à son tour, profiterait à l’or », expliquent les analystes de Société Générale. 

L’or et le dollar sont deux actifs financiers sans rendement, privilégiés par les investisseurs en cas d’instabilité. L’affaiblissement du dollar pousse les acheteurs les plus frileux vers le métal jaune.Après la Banque centrale européenne, la Réserve fédérale américaine et la Banque d’Angleterre ont affirmé se tenir prêtes à agir pour contrer les effets dévastateurs de la pandémie de Covid-19, ce qui affaiblirait les monnaies et les obligations. « Le monde revient à un paysage de taux zéro partout, comme avant l’élection, et cela profite à l’or », a résumé Jeffrey Halley, analyste chez Oanda. 

Quant au cuivre, son cours s’est apprécié la semaine dernière sur le London Metal Exchange (LME), porté par un appétit renouvelé pour le risque en début de semaine et tiré par un indicateur économique chinois favorable. Il a même frôlé vendredi dernier la barre des 7 000 dollars la tonne, qu’il avait franchie temporairement le 21 octobre pour la première fois depuis juin 2018. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s’échangeait à 6 945,50 dollars, contre 6 718,50 dollars le vendredi précédent. « Le sentiment haussier sur les marchés ne s’est pas limité aux actions, il a également opéré pour les métaux industriels tels que le cuivre », a constaté David Madden, analyste de CMC Markets. 

L’activité manufacturière en Chine a par ailleurs atteint en octobre son plus haut niveau depuis près de 10 ans, selon l’indice des directeurs d’achats (PMI) du secteur manufacturier, calculé par le cabinet IHS Markit pour le groupe de médias Caixin, un signal positif pour le géant asiatique qui engloutit quantité de matières premières. Le cours du cuivre profitait également de la baisse du dollar, de plus de 1,5 % sur la semaine et à son plus bas en deux mois vendredi dernier face à un panier de monnaies.

En ce qui concerne les alimentaires, le cacao respire. Le prix du cacao à New York s’est apprécié la semaine dernière, marquée par l’élection présidentielle du premier pays producteur, la Côte d’Ivoire, le samedi 31 octobre. Celui à Londres est resté proche de son niveau. Alassane Ouattara, le président ivoirien 78 ans, a été réélu pour un troisième mandat controversé sur le score fleuve de 94,27 % des voix au premier tour, l’opposition ayant boycotté le scrutin, selon les résultats proclamés par la Commission électorale indépendante (CEI).

« La récolte est presque terminée pour une grande partie de l’Afrique de l’Ouest et une très forte production est attendue », a indiqué Jack Scoville, analyste de Price Group. À Londres, la tonne de cacao pour livraison en mars prochain valait 1 611 livres sterling, contre 1 617 livres sterling le vendredi précédent. 

À New York, la tonne pour livraison le même mois valait dans le même temps 2 332 dollars, contre 2 305 dollars sept jours auparavant.