Seuls, les producteurs de bières semblent avoir les faveurs de l’État

L’USINE de Brasimba dans le Haut-Katanga et deux usines de Bralima-Heineken (l’une à Boma, au Kongo-Central et l’autre à Mbandaka, à l’Équateur) comptent parmi les unités brassicoles qui ont mis la clé sous le paillasson pour cause d’une « fiscalité étouffante », soutenaient-elles. Et pourtant, il n’est pas que l’industrie des bières qui se trouve en difficulté. 

Dans ses précédentes livraisons, « Business & Finances » a relevé que la RDC ne comptait plus d’usine de production d’huiles de graissage et des lubrifiants. Que le dernier producteur, la firme FINA, a, en effet, fermé son usine. Il n’y a plus, non plus, de producteurs locaux de liquides pour frein hydraulique ou encore d’articles et ouvrages en caoutchouc synthétique. 

Ce constat a également été confirmé par la Direction générale des douanes et accises (DGDA). La régie financière n’a pas, par conséquent, prévu des recettes, en régime intérieur, pour tous les produits précités, en 2019. L’industrie locale se réduit de plus en plus à quelques unités des petites et moyennes industries (PMI). 

L’appel de la FEC

De ce fait, la Fédération des entreprises du Congo (FEC) avait sollicité de l’État une concertation pour examiner la question de la protection de l’industrie locale ainsi que des droits d’accises qui frappent les biens d’économie industrielle et domestique, d’hygiène et de construction fabriqués en matière plastique. « La quasi-totalité du secteur industriel est à restructurer, redynamiser ou tout simplement à créer », note Albert Yuma Mulimbi, le président de la FEC. Pourtant, il y a 8 ans, le gouvernement Muzito avait proposé un projet de loi sur « le sauvetage de l’industrie nationale en péril » à l’Assemblée nationale. Mais à deux reprises, ce projet de loi a été rejeté par la plénière de la Chambre basse en dépit des explications écrites du 1ER Ministre, selon lesquelles ce projet de loi visait plutôt à assurer la relance des secteurs productifs. Et qu’en ce qui concerne spécialement le secteur industriel, le défi à relever est doter le pays d’un « Document de politique et des stratégies industrielles ». 

Hélas, pour la majorité des députés, la loi portant sauvetage de l’industrie local en péril n’avait pour finalité que d’accorder davantage de facilités à des entrepreneurs qui n’honorent pas leurs obligations fiscales, qui sollicitent des exonérations au-delà de celles accordées par des lois réglementaires, les codes des investissements, des douanes, des accises, ainsi que par le code minier, le code forestier, etc. 

Fatshi et Limete industriel 

La question de la relance de l’industrie s’est invitée dans le chapitre des réactions des Kinois au lendemain de l’annonce de l’élection de Félix Antoine Tshisekedi à la présidence de la République. « Fatshi habite Limete. Il sait mieux que quiconque que Limete industriel n’existe plus que de nom. Au lieu des usines manufacturières, l’on a aujourd’hui des dépôts de friperie », regrette Philippe, 30 ans, licencié en biologie, sans emploi. 

En République démocratique du Congo, l’État, ces dernières années, n’a pas vraiment aidé à la croissance des unités de transformation locales ou encore à l’émergence du secteur tertiaire, susceptibles d’entraîner la valeur ajoutée. Réalisée par la Commission d’études statistiques et des comptes nationaux, l’analyse sectorielle de la croissance économique attendue à fin 2018 prévoit un fléchissement des activités qui sera marqué par une chute de la croissance sectorielle de 7.6 % en 2017 à 4.1 % en 2018, soit une contribution à la croissance économique de 0.7 point, contre 1.2 point en 2017.