SST6 : la satisfaction des organisateurs

En inaugurant la Semaine de la Science et des Technologies placée sous le thème « L’Ancien et le Nouveau Monde », le ministre ai de l’EPSP a déclaré que « l’avenir du pays, c’est le numérique ». Et c’est maintenant que la jeunesse doit se familiariser, aimer, et s’orienter vers les sciences et les technologies.

OUVERTE le samedi 20 avril à l’Espace Bilembo Texaf, en présence des officiels et du représentant de l’UNESCO en République démocratique du Congo, la 6è édition de la Semaine de la Science et des Technologies (SST6) a été clôturée le jeudi 25 avril à l’Hôtel Béatrice. Samedi 20 avril, la cérémonie a été présidée par Emery Okundji Ndjovu, le ministre par intérim de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel (EPSP), tandis que celle de clôture a été rehaussée par la présence de Vital Kamerhe, le directeur de cabinet du chef de l’État.

Organisée conjointement par les ministères de l’EPSP, l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU), la Formation professionnelle, Métiers et Artisanat (FPMA) et de la Recherche scientifique avec l’ASBL Investing in people, la 6è édition aura donné l’occasion de s’informer sur les technologies de la 4è Révolution industrielle comme l’intelligence artificielle, les opportunités et les menaces qu’elles représentent. Les organisateurs de cet événement poursuivent trois objectifs : développer auprès des jeunes et du grand public la culture scientifique et technologique ; promouvoir les savoirs et le savoir-faire dans les domaines scientifiques et technologiques ; et susciter des vocations pour la promotion de la science et des technologies à tous les niveaux de l’enseignement. 

Saisir les opportunités

« La science et les technologies offrent beaucoup d’opportunités. Je crois qu’il est temps pour l’Afrique de manière générale et la République démocratique du Congo en particulier de tirer bénéfice de la 4è Révolution numérique que connaît l’humanité entière », a déclaré le ministre ai de l’EPSP. Pendant 5 jours, le public venu à cette manifestation avait le choix entre plusieurs activités prévues au collège Boboto et à l’Institut de la Gombe. Il s’agit des animations scientifiques, conférences de haute facture scientifique, expositions scientifiques innovantes des élevés, Star Up pour le concours national et projections vidéos.

Quatre conférences étaient prévues la première journée : « Une introduction à la 4è Révolution industrielle, l’ancien et le nouveau monde », sujet développé par Raïssa Malu, ambassadrice du Next Einstein Forum pour la RDC et Jonathan Mboyo Esole de Next Einstein Forum Fellow. Physicienne et directrice d’Investing in people, Raïssa Malu a fait un exposé sur la problématique de la 4è Révolution industrielle. D’après elle, c’est entre autres la transformation des moyens de production via le développement des usines dites intelligentes, mais aussi de la gouvernance et du management des entreprises. Elle a rappelé comment on en est arrivé là : révolution industrielle marquée par la mécanique, l’électricité, l’électronique, l’Internet et le cyber-système, appelé autrement « Internet des objets connectés ».

Pour sa part, le professeur Sam Yala (Centre Président AIMS Rwanda), s’est interrogé avec l’auditoire sur « Quelles stratégies pour positionner l’Afrique au cœur de la 4è Révolution industrielle. L’exemple de AIMS-NEI ». D’après lui, il faudra agir sur quatre piliers stratégiques : la gouvernance politique, l’éducation, l’innovation et l’infrastructure. 

Audrey Pulvar, CEO d’African Pattern, a, quant à lui, parlé de « L’Afrique comme épicentre de la révolution écologique mondiale ». L’entrepreneur John Lombela, CEO de Cryptovecs Capital, a centré sa communication « Tirer parti de la Blockchain et des registres distribués pour créer des solutions optimisées pour l’Afrique » sur la révolution amorcée dans le monde des affaires par les monnaies électroniques dont le Bitcoïn. D’après le professeur Simon Kidiamboko, chercheur en intelligence artificielle à l’Institut supérieur des techniques appliquées (ISTA), l’intelligence artificielle est déjà à l’œuvre en RDC. Cette discipline qui permet de conduire des drones ou des voitures autonomes a déjà plusieurs réalisations « made in Congo ». Dans la soirée, les participants étaient conviés à la présentation officielle de la Base de données des femmes en sciences en RDC. À ce jour, le pays ne compte que 287 femmes scientifiques : 51 % sont dans les sciences, 25 % dans la technologie, 21 % dans l’ingénierie et 4 % dans les mathématiques. Promotrice de cet événement, Raïssa Malu souligne qu’il y a très peu de femmes chercheuses, six au total. Tout en insistant sur la nécessité d’investir dans l’intelligence artificielle, Raïssa Malu a plaidé pour la modification du système éducatif congolais en réservant une place de choix à la promotion de la science et des technologies.

Le public a eu l’occasion de suivre huit femmes parmi les scientifiques qui font la fierté du pays. Elles ont pitché pendant cinq minutes. Chacune d’elles a parlé de ses débuts, ses motivations, ses challenges, ses rêves et ses ambitions. Ce sont Déborah Mbuyi, chercheuse inventrice de la poubelle intelligente dénommée « Fulma » (Fulu ya mayele) ; Dora Mwanda qui encadre les élèves ; Clarisse Falanga, inventrice de Miravella Hair Cream Capillaire (crème pour faire pousser les cheveux) ; Sivi Malukisa de Manitech (industrie agroalimentaire) ; Charon Rose Kapinga, étudiante en 3è graduat ; Fany Kilanga, CEO de l’agence digitale Atya Technologie ; et Mamitchou Pontchi Lobo, la seule femme pilote de Congo Airways. Ce sont là des modèles pour les jeunes filles désireuses de faire carrière en sciences.

Il faut agir maintenant

La deuxième journée a été dédiée à la présentation du « Mois des Sciences et des Technologies » par PEQPESU, IIP ASBL mais aussi à une discussion sur « Big Data et Intelligence artificielle » animée par Henri N’Zouzi et Sam Yala. Il y a eu aussi des conférences : « Comment investir avec succès dans des classes d’actifs alternatives reposant sur les technologies de la chaîne de blocs (Blockchain) et devenir un participant de l’économie numérique. » par John Lombela, « Les réformes soutenues par le Projet d’éducation pour la qualité et la pertinence des enseignements aux niveaux secondaire et universitaire – PEQPESU » présentées par les ministère de l’EPSP, la FPMA, l’ESU, « La recherche scientifique appliquée à l’agro-alimentaire » par la professeure Marie-Claire Yandju (faculté des sciences, UNIKIN), « Sécurité en ligne et nos politiques par rapport aux fausses nouvelles. » par Aïda Ndiaye de Facebook. Mais également une discussion sur « Un fonds de dotation pour l’Afrique : #BePartOfThePattern » avec Henri N’Zouzi et Audrey Pulvar et un atelier sur « Développer ses compétences numériques avec Facebook ». 

Mardi 23 et mercredi 24 avril, l’entrée était libre au Village des Sciences. Des journées dédiées aux élèves pour qu’ils s’imprègnent de la notion du savoir et du savoir-faire scientifique. Le PEQPESU et les entreprises des secteurs prioritaires : mines, agriculture, BTP et services connexes étaient présents. Ici, il était prévu également des animations scientifiques par les élèves de l’Institut de la Gombe et du Lycée Liziba ainsi que des stands d’exposition par les sponsors et les partenaires.

Enfin, le dernier jour a été consacré à un panel et à des activités pour la Journée internationale des filles et des femmes dans les TIC avec IIP ASBL et des partenaires numériques. Puis à la finale du concours « Saper pour Coder » par PEQPESU, IIP ASBL et Orange RDC à l’Hôtel Béatrice de Kinshasa. La SST6 a bénéficié de l’appui financier de la Banque mondiale. Le problème majeur se trouve au niveau de la perception de ces domaines – sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STIM). 

Le constat est que le grand public, et même des acteurs de l’éducation en RDC, n’en voient pas l’intérêt, estimant qu’ils sont difficiles et/ou qu’ils ne servent à rien, laisse entendre Raïssa Malu. « Tout le monde utilise le téléphone, écoute la radio, regarde la télévision, prend des médicaments, certains se défrisent les cheveux, etc. Tout cela est devenu normal, banal. Et pourtant, la majorité ignore qu’il s’agit là des applications des STIM », fait-elle remarquer.