Stabilisation économique : l’objectif s’éloigne davantage à l’horizon

Au cours du quinquennat 2012-2016, le gouvernement Matata s’est engagé à assurer le passage de la stabilité budgétaire vers une croissance partagée et un développement réel de la nation à travers la maîtrise du cadre macro-économique. 

La stabilité du cadre macro-économique ou le cadrage macroéconomique a été le leitmotiv dans l’action d’Augustin Matata Ponyo. Elle a sous-tendu le programme quinquennal 2012-2016 qui prévoyait de porter le taux de croissance de l’économie de 7 % en 2012 à 15 % en 2016 ; de réduire le taux d’inflation de 15 % en 2011 à 8 % en 2013, puis à 4 % maximum en 2016 ; de contenir la volatilité du taux de change à maximum de 1,5 % du taux d’équilibre. Et dans tous les cas, le taux de change USD/CDF devait rester dans la fourchette de 900 FC à 1000 FC maximum durant toute la période 2012-2016.

Par ailleurs, les recettes publiques devaient être augmentées du simple au triple à l’horizon 2016 par rapport à leur niveau de 2012 ; le déficit public contenu dans la norme admissible de 0 à 3 % du Produit intérieur brut (PIB) maximum durant toute la période du programme. La politique budgétaire de Matata Ponyo visait, d’une part, à accroître le niveau des recettes publiques du simple au triple à l’horizon 2016 (hypothèse minimaliste) et, d’autre part, à rationaliser les dépenses et à améliorer à la fois leur qualité et leur composition. L’atteinte de ces objectifs devait être soutenue et accompagnée par quelques mesures et actions phares. Il s’agit notamment de la modernisation du cadre institutionnel et des instruments de gestion et de suivi-évaluation budgétaire. Pour ce faire, il était prévu de mettre effectivement en œuvre toutes les dispositions de la loi n°11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques, d’appliquer rigoureusement la loi relative à l’attribution des marchés publics, et de mettre en application le Plan stratégique de réforme des finances publiques (PSRFP). Il était aussi question de mettre en exécution des stratégies plus efficaces d’amélioration de la qualité et de la composition de la dépense, ainsi que de la mobilisation accrue de recettes publiques ; de maîtriser la fiscalité des secteurs économiques à fort potentiel contributif au budget de l’État, comme les mines, les hydrocarbures, la forêt et les télécommunications. Les autres mesures et actions portaient sur la poursuite de la réforme de la TVA ; le respect strict des procédures prévues dans la chaîne de la dépense ; la mise en place d’un guichet unique électronique intégré dans les postes douaniers frontaliers pour sécuriser les recettes douanières. Elles portaient également sur la lutte contre la fraude fiscale, l’évasion fiscale et la corruption à travers le renforcement de la collaboration entre le ministère de la Justice et les régies financières, et l’application sans faille des sanctions prévues ; sur la campagne de civisme fiscal ; la création d’un Tribunal fiscal chargé de traitement des dossiers ayant trait à la fraude fiscale et à l’évasion fiscale ; ainsi que sur la coopération économique et financière avec les institutions multilatérales (FMI, BM, BAD) en vue de la poursuite des programmes en cours.

Des politiques prudentes

L’ancien 1ER Ministre Matata avait prévu de mener une politique monétaire prudente et viser principalement la stabilité des prix dans le cadre d’un régime de change flottant et de préservation tant de la positivité que de la flexibilité du taux d’intérêt directeur de la BCC.

La réalisation de ces objectifs devait s’appuyer sur la reforme en profondeur du système bancaire et financier congolais à travers la création d’institutions financières spécialisées et l’universalisation opérationnelle des banques existantes.

Il était prévu l’élaboration d’un plan de renforcement du secteur bancaire favorisant la création de banques spécialisées (banque agricole, banque de l’habitat…), la finalisation du code des investissements du secteur bancaire, la révision de la loi bancaire, et la mise en œuvre des mesures incitatives encourageant les banques existantes à accorder des crédits aux secteurs stratégiques. Il était également prévu la création d’une bourse de valeurs mobilières pour soutenir les investissements de long terme ; la consolidation et l’extension des activités de micro-finance et leur déploiement en provinces pour soutenir l’activité dans le monde rural ; un meilleur encadrement de la structure des prix, particulièrement les prix des produits de première nécessité et des produits pétroliers ; la limitation de l’expansion des liquidités monétaires aux besoins réels de financement de l’économie ; une meilleure coordination des politiques monétaires et budgétaires ;

La politique d’endettement devait rester également prudente et limitée aux seuls investissements soutenant la croissance et l’emploi. Matata avait promis une nouvelle politique qui tienne compte de la rentabilité économique et financière du projet à financer, le degré de concessionnalité du prêt, la compatibilité du projet à financer avec les priorités du programme quinquennal et la soutenabilité/viabilité de la dette globale du pays. La politique de croissance et de l’emploi devait être plus orientée vers une plus grande création des emplois et la consolidation de la croissance. Pour réaliser ces objectifs, il était prévu  d’élaborer des stratégies et mettre en place un cadre institutionnel favorable à la croissance, à la création d’emplois, à la redistribution des revenus et à l’amélioration des conditions de vie de la population.

Ces stratégies devaient s’articuler autour de la mise en place du Conseil économique et social en tant qu’organe de définition des politiques sociales et économiques du pays dans un cadre concerté; de l’accroissement substantiel du taux d’investissement public en mettant un accent particulier sur les secteurs porteurs de croissance que sont l’agriculture, les mines, les hydrocarbures, les télécommunications et la forêt; de l’élaboration d’une stratégie de diversification de l’économie identifiant les filières porteuses de croissance sur base des concertations avec le secteur privé ; d’une politique économique de prévention et de réponse aux crises ; ainsi qu’autour du renforcement de la coopération économique et financière avec les institutions multilatérales de financement (BM, FMI, BAD).

Réformes structurelles 

Une croissance soutenue et durable n’est possible que dans un environnement propice au développement des affaires. Matata en était conscient. C’est pourquoi, dans le cadre de son programme gouvernemental, il avait proposé de mettre en œuvre des réformes structurelles susceptibles d’améliorer l’efficacité de l’économie. Les principales réformes envisagées étaient celles du système de paiement et du système financier et bancaire, en ce compris la Banque centrale du Congo (BCC).

L’objectif a été de réduire sensiblement la dollarisation à outrance de l’économie et améliorer l’intermédiation bancaire et de permettre au système financier et bancaire congolais de jouer son rôle de financement de l’économie et d’appui au secteur privé. C’était aussi de créer un marché financier efficient (bourse des valeurs mobilières) pour soutenir les investissements de long terme, seuls susceptibles de relancer durablement l’économie.