Un No Deal profiterait largement à la Chine et aux États-Unis

Dans pareil scenario, l’Union européenne et certains autres partenaires commerciaux du Royaume-Uni, dont la Turquie, y perdraient gros, a indiqué l’ONU dans un rapport publié récemment.

SELON la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED), un divorce brutal entre Londres et l’Union européenne (UE) « affecterait de manière significative les conditions d’accès au marché britannique des pays en voie de développement comme des pays développés ». Le marché britannique représente environ 3,5 % du commerce mondial et le Royaume-Uni a importé en 2018 quelque 680 milliards de dollars de marchandises en provenance du reste du monde. 

Plus de la moitié de ces exportations proviennent des pays européens, qui risquent ainsi, en cas de « no deal », de perdre près de 35 milliards de dollars. Le Royaume-Uni est un important partenaire commercial pour de nombreux pays émergents, dont les exportations ont bénéficié jusqu’à présent des conditions très favorables d’accès au marché britannique, grâce notamment aux régimes préférentiels de l’UE, relève la CNUCED.

La liste des perdants

Dans le scénario du « no deal » – donc sans période de transition pour négocier d’éventuels accords bilatéraux -, la Turquie serait deuxième derrière l’UE sur la liste des perdants, avec des exportations vers le Royaume-Uni amputées de 2,4 milliards de dollars. Suivraient la Corée du Sud, la Norvège, l’Islande, le Cambodge et la Suisse, selon le même rapport. « Le Brexit n’est pas seulement une question régionale », a commenté Pamela Coke-Hamilton, la responsable de la division Commerce international à la CNUCED, dans un communiqué. « Quand le Royaume-Uni aura quitté ses 27 partenaires de l’Union européenne, cela altérera la capacité des pays n’appartenant pas à l’UE d’exporter vers le marché britannique », a-t-elle ajouté.Mais si Londres quitte l’UE sans accord pour protéger ses actuels partenaires commerciaux, cela « augmenterait la compétitivité relative de grands pays exportateurs comme la Chine ou les États-Unis », a analysé Pamela Coke-Hamilton. En effet, selon les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), un pays ne peut accorder un traitement préférentiel à un partenaire commercial et doit appliquer les mêmes taxes à tous, excepté en cas d’accord commercial. La Chine pourrait ainsi empocher 10,2 milliards de dollars supplémentaires d’exportations vers Londres, et les États-Unis 5,3 milliards. Le Japon pourrait espérer voir ses exportations vers le Royaume-Uni gonfler de quelque 4,9 milliards de dollars, et la Thaïlande, l’Afrique du Sud, l’Inde, le Brésil, la Russie, le Vietnam sont aussi susceptibles d’engranger des gains, selon la CNUCED.