Un plaidoyer pour l’exploration et production pétrolière au parc de Virunga

Le Gouverneur du Nord-Kivu Julien Paluku à coté d’autres participants
Le Gouverneur du Nord-Kivu Julien Paluku à coté d’autres participants

La question de l’exploration et de l’exploitation du pétrole dans les aires protégées de la République démocratique du Congo refait surface. La ville de Goma a abrité récemment un atelier de réflexion axé sur « la problématique de l’exploration et production pétrolière dans les aires protégées de la RDC, cas du parc national de Virunga ». Un atelier organisé par le ministre national des Hydrocarbures, Crispin Atama Tabe est revenu sur les problématiques liées à l’exploration et production de l’Or noir. Dans son exposé, le ministre Atama a démontré les problèmes majeurs auxquels la RDC est confronté en matière de développement. Le ministre a expliqué que le pays a orienté son économie dans les mines et l’agriculture. Conséquence, le pays sous continent dispose d’un budget purement faible.

Ainsi parmi les pistes explorées pour rattraper le retard que connait la République démocratique du Congo en matière budgétaire, « il y a nécessité de mettre en valeur les ressources en hydrocarbure afin de booster l’économie nationale», a lancé le ministre en charge des Hydrocarbures aux participants réunis dans la salle des conférences de l’Hôtel Ihusi. L’occasion pour le patron des Hydrocarbures de rappeler à l’assistance les différents bassins pétroliers que regorge la RDC dont les grabens Albertines, Tanganyika, Kivu Moero, etc. Il s’agit là « des réserves dont presque tout se trouve soit à l’intérieur ou à proximité des aires protégées », a souligné le ministre. Avant de préciser que « cette position géographique n’est pas le cas particulier de la RDC, d’autant plus que le parc Queen Elizabeth de l’Ouganda voisin est le prolongement du Parc National de Virunga ». Bien plus, le ministre Atama a cité d’autres pays qui exploitent le pétrole dans les parcs et les aires protégées notamment le Gabon, la Mauritanie, le Congo/Brazzaville, le Brésil. Et dans d’autres pays, la production de l’or noir se fait même en ville.

Ce qui veut dire que la RDC ne sera pas le seul à s’engager dans cette voie. Au contraire pour bien conserver et préserver l’écosystème, parce que c’est cela tout le débat, Crispin Atama a recommandé le recours à la technologie moderne utilisée par certaines compagnies comme Total, étant entendu que « toute activité industrielle est conditionnée par des études sur l’impact environnemental au préalable pour la meilleure conservation de la nature ». A la suite du ministre des Hydrocarbures, tous les autres intervenants qui se sont succédé à la tribune ont plaidé pour l’exploitation du pétrole dans le parc de Virunga tout en respectant l’environnement. Le représentant du ministre national de l’Environnement a expliqué que « malgré toute la biodiversité que regorge notre pays, en dépit de toutes les ressources minières et en hydrocarbure, la population vit dans la pauvreté suite à l’inexploitation rationnelle de ces richesses ». A ce sujet, il a souligné qu’une étude de cadrage a déjà été réalisée afin de permettre aux décideurs d’opérer des choix pour concilier l’exploitation de ressources naturelles et la préservation de nos biodiversités.

Même son de cloche du côté du Gouverneur de la province du Nord-Kivu. Julien Paluku Kahongya a fait voir à l’auditoire la nécessite d’explorer et d’exploiter le pétrole tout en protégeant le parc. Car les uns pensent que le pétrole pourrait apporter plus de richesses et les autres disent que la conservation du parc constitue un atout pour le pays. Mais une traoisième tendance est d’avis que les deux richesses peuvent cohabiter sans entrave.

Ces travaux dont la modération a été assurée par François Nzekuye, député national du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, PPRD, élu de Rutshuru, a appelé les organisations œuvrant dans la protection de la nature à respecter les décisions du gouvernement, car la RDC est un état souverain.

S’agissant de la pollution et de la destruction de l’écosystème au cas où la firme Soco démarrait l’exploitation, le Directeur technique de l’ICCN le Dr Guy MBAIMA Atalya a bel et bien indiqué que pour le moment avec l’évolution de la technologie, il y a plusieurs moyens de traiter les déchets pour que cela ne puisse pas nuire à la santé humaine ainsi qu’à la destruction de l’environnement.

L’atelier de deux jours organisé par le ministre des Hydrocarbures a connu la participation des membres du gouvernement, de l’Assemblée provinciale du Nord-Kivu, des administrateurs des territoires de Rutshuru, Lubero et Beni-territoire, la société civile, les chefs coutumiers, les cadres politiques, et les représentants des différentes organisations tant nationales qu’internationales œuvrant dans le domaine de la conservation de la nature ainsi que les membres de la compagnie pétrolière SOCO.