Une nouvelle semaine d’enfer pour les places financières

LA VOLATILITÉ a nettement caractérisé les échanges, avec des variations quotidiennes de fortes amplitudes, mais ce sont finalement les vendeurs qui ont gardé la main, rapporte zonebourse.com. Sur les 5 derniers jours, seule l’Europe a perdu du terrain, en ce qui concerne les indices. Le CAC40 et le DAX ont enregistré, la semaine dernière, une perte hebdomadaire de 2.7 % (après -12 % la semaine d’avant) et le Footsie a cédé 1.2 %. Pour les pays périphériques de la zone euro, l’Italie a décroché de 4.8 %, tandis que le Portugal a perdu 1.7 % et l’Espagne 3.6 %.

En Asie, le Hang Seng a grappillé 0.2 %, la semaine dernière, et le Shanghai composite a progressé de 5.3 %, tandis que le Nikkei a perdu 2.1 %. Aux États-Unis, les performances sont demeurées positives. Le Dow Jones a gagné 1.1 %, le S&P500 0.5 % et le Nasdaq100 0.8 %.

Dans le volet matières premières, la semaine du 2 au 8 mars, a été une nouvelle fois agitée sur les marchés des commodités du fait de la multiplication des foyers de coronavirus dans le monde. Au moment où se tient le sommet de l’OPEP+, où se négocient les mesures à prendre pour faire face au déclin de la demande pétrolière, les cours du brut se sont repliés. 

Le cartel recommande une baisse supplémentaire de 1.5 million de barils par jour de la production, qui serait répartie à raison d’une baisse de 1 million de barils pour les membres de l’organisation et de 500 000 barils pour les pays alliés. Le Brent passe sous la barre des 50 dollars tandis que le WTI a chuté à 42.6 dollars. 

Par contre, les métaux précieux ont le vent en poupe. Aversion au risque oblige, les cours de l’or se sont nettement appréciés pour retrouver les derniers sommets à 1 655 dollars. L’argent retrouve aussi des couleurs à 17.2 dollars l’once. Du côté des métaux industriels, le cours du cuivre a fait preuve d’une étonnante résilience et s’est stabilisé à 5 660 dollars.

Actions : séances en hausse

Sur les marchés des actions, il y a eu 5 séances de hausse sur 6. Dans un tel environnement, cela peut paraître surréaliste. C’est le cas de la valeur allemande Hellofresh qui réalise un parcours à contre-courant des indices. Le titre a même marqué un nouveau plus haut historique proche des 28 euros. Les scores sont surprenants, avec une avancée de 35 % depuis le début d’année portant ainsi sa performance en année glissante à 166 %. 

Hellofresh est spécialisée dans la distribution en ligne de repas cuisinés. 

Le groupe a livré environ 280 millions de repas en 2019 et a servi plus de 3 millions de clients sur le dernier trimestre. Son chiffre d’affaires devrait atteindre 2 265 milliards d’euros pour 2020, soit une augmentation de plus de 20 % par rapport à 2019. La marge opérationnelle de 2.5 % sur l’exercice écoulé devrait s’élever d’un cran pour atteindre une fourchette de 4 à 5 %.

La banque d’investissement JP Morgan vient de relever sa recommandation à achat sur la société. Cette dernière va d’ailleurs remplacer Dialog Semiconductor dans le MDax (indice des 50 plus grandes sociétés allemandes, en termes de capitalisation après les 30 entreprises du DAX). La banque juge désormais que le groupe a un beau potentiel pour devenir la référence des fournisseurs d’ingrédients à cuisiner, d’autant que ses prix font de l’ombre à la distribution traditionnelle. La valeur fait partie du portefeuille PEA et du fonds Europa One. 

Sur le marché obligataire, la décision surprise de la Fed d’abaisser ses taux directeurs de 50 points de base a mis en état d’alerte les investisseurs. Cette décision n’a pas été bien accueillie par le marché car elle s’apparente à une mesure de désespoir. Les mesures d’urgence ont historiquement été suivies de conditions de marchés très difficiles. Toutes les belles signatures sont parties à la baisse, avec des rendements parfois historiques comme pour le 10 ans américain qui se négocie sur une rémunération de 0.80 % de rendement, soit une baisse de 1000 points de base en deux semaines. 

Le même parcours baissier se vérifie sur les principales références européennes. Le Bund tombe à -0.73 % ainsi que l’OAT française à -0.33 %. La descente des rendements des obligations d’État ne semble pas pouvoir être contrôlée. La sélection s’opère donc dans la qualité de la dette des États puisque l’Italie reste sous pression avec un rendement an hausse à 1.15 %. De son côté, la dette chinoise accompagne le Tbond US dans sa trajectoire baissière, avec un retour sur des plus bas jamais vus à 2.62%

Marché des changes

Les investisseurs s’inquiètent des effets de l’épidémie du coronavirus sur la croissance des États-Unis et délaissent le billet vert, la parité contre l’euro se traite à 1.131 dollar. La réduction de 0.5 % des taux de la Fed a intensifié le mouvement. De plus, les cambistes anticipent désormais que d’autres baisses de taux sont envisageables.

La monnaie unique a regagné du terrain également face à la livre sterling à 0.87 GPB (+300 points de base). La devise britannique continue sa dépréciation alors que le Royaume-Uni et l’UE affichent des positions intransigeantes avant des négociations sur l’accord d’après-Brexit. Les monnaies émergentes ont subi de forts dérochages comme le real brésilien qui a touché un plus bas face au dollar à 4.6 BRL. Le PIB n’a progressé que de 1.1 % en 2019, contre 2.5 % escompté par le gouvernement du plus grand pays d’Amérique du Sud.

Valeur refuge, le yen a retrouvé la sympathie des cambistes. La monnaie japonaise a gagné, la semaine dernière, plus de 250 points de base face au billet vert à 106.5 JPY. La même parité se traitait vers 112 JPY, il y a encore quelques semaines. Le franc suisse a également attiré les acheteurs de valeurs « confiance », le couple USD/CHF est tombé à 0.946 CHF (350 points en faveur de la monnaie helvétique). 

Concernant les statistiques économiques, premier signe de l’impact dévastateur du coronavirus sur la Chine, c’est l’activité manufacturière. Elle s’est écroulée en février à son plus bas niveau jamais enregistré. L’indice des directeurs d’achats s’est établi à 35.7, contre 50 en janvier. Cette chute est encore plus marquée que lors de la crise financière en 2008. 

Aux États-Unis, la dernière vague de panique concernant l’épidémie de coronavirus n’est pas entièrement prise en compte dans les nouveaux résultats du PMI manufacturier (50.1), la période de référence se terminant probablement trop tôt pour que ce soit le cas. Au niveau monétaire, la Banque du Canada a imité la Fed après plus de quatre ans de statu quo, l’institution canadienne a réduit son taux de base de 50 points à 1.25 %. Les commandes des usines allemandes se sont avérées en hausse sur janvier (+5.5 %). Rajoutées aux excellentes données sur l’emploi (273K créations de postes pour un taux de chômage à 3.5 %), elles n’ont pu améliorer l’humeur des acteurs du marché. Le compartiment de l’emploi constitue un indicateur retardé de l’activité économique.

Le courant acheteur aura donc baissé les bras, signe de renoncement et les marchés restent dans l’incertitude la plus complète. Les investisseurs réclamaient une intervention monétaire, la banque centrale américaine a répondu par une baisse symbolique de 0.5 %, imitée dans la foulée par sa voisine canadienne, mais la confusion persiste au détriment du prix des actifs risqués et d’une forte volatilité (sur les 10 dernières séances de bourse, le S&P500 a dépassé ou frôlé à 8 reprises les 3 % de variation). Au choc de l’offre, vient s’adosser une crise de confiance fragilisant la demande. La situation se veut exceptionnelle, il lui faut donc des remèdes exceptionnels.