2025 : une année-repère pour diminuer la faim en Afrique

La faim ravage l’Afrique. Les chefs d’Etat et de gouvernement africains l’ont rappelé au cours de la 23ème conférence de Malabo en juin dernier. Ils ont fixé l’année 2025 pour mettre fin à la famine sur le continent. Ce pari pourrait être relevé en adoptant l’option d’une agriculture moderne et auto-entretenue.

Les Chefs d’Etat africains déterminés à éradiquer la famine d’ici 2025. (Photo BEF)
Les Chefs d’Etat africains déterminés à éradiquer la famine d’ici 2025. (Photo BEF)

En dépit d’énormes potentialités agricoles et de millions d’hectares arables et non exploités, la stratégie Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA) traîne à produire ses effets depuis sa mise en œuvre il y a dix ans. Les leaders africains n’arrivent pas à mettre en application une série d’objectifs ambitieux fixés pour une meilleure alimentation de l’Africain. La vision de l’agriculture voulue par les Africains en vue de valoriser les aliments locaux et réduire la facture des importations alimentaires reste une utopie. En République démocratique du Congo, les importations en produits alimentaires ont dépassé les 90% comme l’attestent les rapports du Fonds des Nations Unies pour l’agriculture (FAO).

Ce constat inquiète nombreux des congolais qui déjà trouvent en cette production alimentaire médiocre, un manque de politique agricole répondant à l’option choisie : « une transformation de l’agriculture africaine pour une prospérité commune et des moyens d’existence améliorés, en exploitant les opportunités de croissance inclusive et de développement durable ». En RDC, la désignation de l’année 2014 comme « Année de l’agriculture et de la sécurité alimentaire » demeure, sur le terrain, un slogan. Cela, en dépit de ses 80 millions d’hectares de terres arables dont moins de 10 % sont actuellement exploités, de la diversité des climats appuyée par un important réseau hydrographique, permettant de pratiquer une gamme variée des spéculations agricoles, des étendues d’herbage et des savanes susceptibles de supporter un élevage de plus ou moins 40 millions de têtes de gros bétail.

Malgré l’existence des forêts tropicales sur 135 millions d’hectares, soit 52 % du territoire, d’un potentiel d’irrigation évalué à 4 millions d’hectares, la production industrielle n’est confinée qu’à la canne à sucre et, dans une moindre mesure, à la riziculture. Le potentiel halieutique se trouvant dans les parties congolaises de l’océan Atlantique, du fleuve Congo et l’ensemble des lacs estimé à 707.000 tonnes de poissons par an, reste inexploité.

Un développement pour et par les Africains

Ce sommet a misé sur une coopération régionale pour arriver à accroître la productivité agricole sur tout le continent. Le PDDAA conçu et piloté par les Africains, est appelé à initier de l’intérieur un développement véritable et durable. Le Fonds africain de solidarité a annoncé son soutien à quatre nouveaux projets sous-régionaux pour accroître la sécurité alimentaire et la nutrition dans vingt-quatre pays africains. Il privilégie les agriculteurs familiaux qui ont besoin d’une aide en technologie ainsi que d’un accès au crédit, aux marchés et aux connaissances. L’investissement privé dans le secteur de l’agriculture est à encourager en misant plus sur la qualité, l’amélioration de la sécurité alimentaire des populations rurales. Il favorise également la propriété foncière. Cela doit être suivi d’une gouvernance responsable, capable de pérenniser des systèmes alimentaires pour une meilleure alimentation des communautés rurales et des jeunes par le biais de programmes de repas scolaires et l’accès à la nourriture pour les générations futures. Il est connu qu’en Afrique, l’insécurité alimentaire résulte plus d’un manque d’accès à la nourriture qu’à la disponibilité.

En ciblant l’attention sur le rôle déterminant des petits agriculteurs pour la sécurité alimentaire, l’Onu prône la promotion des changements de politique des pays dans le sens de soutenir les pratiques permettant d’exploiter pleinement leur potentiel. Actuellement, les petits exploitants et les agriculteurs familiaux exploitent plus de 60 pour cent des terres cultivées. En même temps, la région connaît une demande croissante de nourriture tant sur les marchés nationaux que régionaux, en grande partie alimentés par les importations. « Avec une population rurale majoritairement et plus de 11 millions de jeunes bientôt sur le marché du travail, le secteur africain de l’agriculture peut servir de catalyseur pour une croissance inclusive, une prospérité commune et des moyens d’existence améliorés dans la région », estime la FAO.