4.117.771 moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (MILD) vont être distribuées gratuitement, du 12 au 15 décembre prochain, à tous les ménages kinois. Rendue possible grâce à l’appui logistique et financier de l’Association de Santé Familiale (ASF/PSI) et du Fonds Mondial (FM) ainsi que de la participation technique du gouvernement congolais via le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP), cette campagne de distribution des MILD va couvrir tous les six districts sanitaires (DS) de Kinshasa, à savoir Gombe, Lukunga, Kalamu, Funa, Ndjili et N’sele. Elle se fera suivant la taille des ménages, offrant ainsi la possibilité à deux personnes de passer la nuit dans une MILD. Certains partenaires se plaignent déjà que les interventions de certains hommes politiques dans la gestion financière de cette campagne constituent la seule menace dans l’organisation et le lancement de cette campagne de distribution des MILD.
Les signes annonciateurs de ladite campagne sont déjà perceptibles aujourd’hui. En effet, 800 mobilisateurs et 7.000 agents commis au dénombrement de la population globale de Kinshasa ont parcouru, du 2 au 10 octobre dernier, les 392 aires de santé (AS) que comptent les coins et recoins de la capitale. Pendant cette période, il a été procédé à une sorte de recensement des ménages ayant abouti à la remise des macarons que ces derniers échangeront contre les MILD lors de la campagne de distribution. Par ailleurs, depuis ce temps, les chaînes de télévision et les stations de radio diffusent à longueur des journées des spots et messages invitant les chefs des ménages à accueillir les relais communautaires dans leurs foyers pour obtenir des jetons valant MILD ; d’autres messages invitent la population à passer toutes les nuits sous la MILD dès qu’elle les aura, afin de se protéger contre le paludisme, comme l’ont démontré des résultats des études sérieuses menées dans le secteur médical. Du 12 au 14 novembre dernier, des médecins chefs des districts de Kinshasa se sont retrouvés avec des experts du PNLP pour valider les données recueillies pendant le dénombrement afin de s’assurer de leur fiabilité, cette étape étant celle augurant le lancement de la campagne.
Signalons qu’après la campagne de distribution des MILD à Kinshasa, ce sera le tour de la Province Orientale où, début 2014, seront distribuées 5.578.171 MILD, grâce toujours à l’appui logistique et financier de ASF/PSI et du FM. Pendant la même période, il sera procédé dans le Maniema à la distribution de 1.250.000 MILD. Ces MILD vont s’ajouter aux 17 millions distribuées en 2012 dans le Katanga, le Nord Kivu et le Sud Kivu ainsi que dans quelques districts de Bandundu et de l’Equateur.
RDC : un scandale …palustre
Pour rappel, la malaria est le premier facteur causal de la mortalité et de la morbidité infanto-juvénile en RDC. Le plus vaste pays d’Afrique centrale est le deuxième Etat africain après le Nigéria à supporter le lourd fardeau de la malaria dans ce que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qualifie de ‘’Région africaine’’. Celle-ci compte environ 795 millions de personnes exposées à la malaria et a enregistré 890.000 décès imputés à ce fléau en 2010, selon l’OMS. Le rapport mondial 2011 du paludisme produit par cette organisation révèle 216 millions d’épisodes et 655 milles décès rapportés en 2010 faisant de cette endémie l’une des maladies parasitaires la plus répandue et la plus meurtrière dans le monde en général et en Afrique en particulier. Le même rapport a signalé que les enfants de moins de 5 ans représentent 86% des décès enregistrés dans le monde, la région africaine de l’OMS ayant comptabilisé à elle seule 81% des cas rapportés et 91% des décès dus à la malaria. Toujours selon le même rapport, six pays dont le Nigeria, la RDC, le Burkina Faso, le Mozambique, la Côte d’Ivoire et le Mali supportent à eux seuls 60% du fardeau palustre en Afrique, soit 390.000 décès annuellement, précisant que par ordre d’importance, la RDC occupe le deuxième rang en termes de mortalité palustre dans le monde.
Cette comptabilité palustre macabre de la RDC est confirmée par les statistiques de l’exercice 2011 du PNLP (Programme national contre le paludisme). Lesquelles renseignent que la RDC a enregistré près de 10 millions des cas confirmés réellement palustres au diagnostic biologique, parmi lesquels 5 % des décès maternels faisant passer le pays à la cinquième place des Etats menacés par cette endémie dans le monde. Fin décembre 2012, le Ministère de la Santé Publique, Félix Kabange Numbi a indiqué, lors de la signature de l’aide-mémoire de la Revue de performance du Programme (RPP) du PNLP au Grand Hôtel de Kinshasa que 18 cas dus au paludisme ont été traités chaque minute en RDC en 2011 et que le pays a enregistré 24.000 décès, c’est-à-dire 3 décès toutes les heures. En 2007, les enquêtes réalisées par le PNLP ont révélé que 86 % des cas reçus à la salle d’urgence de l’hôpital pédiatrique de Kalembelembe et à l’hôpital général de référence de Kinshasa étaient dus à la malaria. De même, l’hôpital général de référence de Kinshasa et les Cliniques universitaires de Kinshasa ont administré successivement 87 % et 85 % des transfusions sanguines consécutives à l’anémie palustre, parmi lesquelles 67 % et 75 % des transfusés enfantins de moins de cinq ans. Au vu de ce tableau sombre, le gouvernement congolais est appelé à prendre au sérieux le problème du paludisme au lieu de le laisser aux seuls partenaires comme c’est le cas aujourd’hui car il se chuchote que sans ces derniers, l’on ne parlerait pas de lutte contre le paludisme. Pourtant, c’est connu qu’une lutte antipaludique efficace conditionne l’atteinte de six Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) sur les huit, comme cela est spécifié dans le Plan Stratégique mondial 2005-2015 de l’Initiative Faire Reculer le Paludisme FPR.