Les enfants congolais doivent davantage connaître leur pays. C’est la préoccupation du gouvernement qui, à travers des concepts de voyage et de visites d’agrément, veut faire découvrir des lieux et des objets afin de donner une assise pratique aux connaissances reçues.
Les ministères de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’Initiation à la nouvelle citoyenneté ainsi que celui du Tourisme ont décidé de mener conjointement des actions visant la promotion du tourisme scolaire. « Le gain le plus important dans cette initiative n’est pas financier. C’est plus la formation citoyenne des 1,7 million de jeunes Congolais qu’il faut prendre en compte », a déclaré à Business et Finances Elvis Mutiri wa Bashara, ministre du Tourisme. Le projet de tourisme scolaire prévoit cinq circuits. Mutiri estime que les enfants pourront directement établir un lien entre la matière apprise à l’école et les différents lieux et sites historiques, culturels et institutionnels du Congo.
« Histoire et culture » est l’un des cinq circuits. Les élèves pourront ainsi découvrir les sites de mémoire, notamment à Kinshasa : la Place des Évolués située dans la commune de la Gombe derrière l’Institut supérieur pédagogique et en face de la Caisse d’épargne du Congo (CADECO), en mémoire des Congolais qui étaient assimilés aux Belges et constituaient la classe moyenne ; l’immeuble Forescom au rond-point qui porte le même nom, toujours dans la commune de la Gombe, construit en 1946 et qui était le plus haut de toute l’Afrique. Il y a aussi la cathédrale Sainte Anne, la première de Kinshasa, construite en 1915 ; le beach Ngobila avec, dans ses parages, des vieux baobabs, vestige du passé ; l’Académie des beaux-arts et le Jardin des Premiers ministres.
Les enfants pourront visiter aussi des lieux touristiques que sont la Place des Artistes à Kalamu, le Stade des Martyrs à Lingwala et le Complexe du Mont-Ngaliema. Mais également le mythique Stade Père Raphaël de la Kethule construit en 1952 et qui a abrité, depuis, des matches de football mémorables. Le Brésilien Pelé et le Santos FC y ont joué à la fin des années 1960, tout comme Muhammad Ali et George Foreman, qui se sont affrontés dans un combat de boxe qualifié de « combat du siècle » en 1974. L’Échangeur de Limete dédié au héros national Patrice Emery Lumumba fait également partie des sites touristiques de la capitale qui méritent un détour pour les enfants.
Culture générale
Le tourisme scolaire, selon ses initiateurs, va contribuer à l’acquisition des connaissances générales en complément de la formation pédagogique. « Connaître son pays tôt, c’est forger à temps le sentiment patriotique et l’engagement citoyen au développement », souligne Muturi wa Bashara. Outre le circuit « Histoire et Culture », il y a les circuits « Classes découvertes ». À Kinshasa, il s’agit de l’Aéroport international de Ndjili, principale voie de sortie vers l’étranger avec ses 4 700 mètres ; le Musée de la préhistoire doté d’objets issus de fouilles menées dans la plaine de Kinshasa pendant la période coloniale ; l’université de Kinshasa qui existe depuis 1954 ; le Centre de recherche nucléaire créé en 1954 et qui abrite les laboratoires de la faculté des sciences, de la faculté de médecine, ainsi que le Robot intelligent, qui régule la circulation en gendarme routier, fruit de l’ingéniosité congolaise.
Deux autres circuits sont dénommées « Classes vertes » et « Circuit patriotique ». À travers le premier, les écoliers de Kinshasa, estimés à 1,7 million, vont découvrir le Jardin botanique, le Jardin zoologique, le Sanctuaire de bonobo, le Lac de Ma Vallée, les (petites) chutes de la Lukaya et le Parc de la Nsele. Quant au deuxième circuit, les jeunes congolais y verront le Monument du président Kasa-Vubu dans la commune qui porte le même nom, le Mausolée Laurent-Désiré Kabila, le Mémorial Laurent-Désiré Kabila et le Monument de Patrice Emery Lumumba. Récemment, environ 200 élèves kinois ont participé au lancement de la phase pilote du projet du tourisme scolaire dans la capitale.
Étendre l’initiative aux provinces
Elvis Mutiri wa Bashara a assuré que les jeunes Kinois ne sont pas les seuls concernés par le tourisme scolaire. Les 16,3 millions d’élèves des 25 autres provinces du Congo le sont aussi. Le projet concerne également les écoles, les parents et les opérateurs privés. C’est pourquoi il demande aux opérateurs privés de prendre le relais de l’État, créateur du cadre institutionnel organisant le projet. Un cahier des charges et une charte sont à respecter, précise le ministre du Tourisme, rappelant que la sécurité des enfants et la moralité sont de stricte observance.
En ce qui concerne le budget consacré au projet, il est de 900 millions de francs à débloquer par le Trésor public. Ce sont des fonds alloués au fonctionnement du Comité de pilotage du projet et à la participation des élèves sans moyens financiers. Ils serviront aussi à la production de cartes et guides touristiques à fournir à chaque ville spécifique du Congo. Du reste, a ajouté Elvis Mutiri, l’apport du tourisme au budget de l’État est insignifiant, soit moins de 1 % du Produit intérieur brut du Congo. L’objectif du gouvernement, a-t-il affirmé, est de faire participer le tourisme au PIB à hauteur de 3% d’ici à 2020.