L’Afrique a la plus faible connectivité aérienne du monde. Les chefs d’État africains en sont conscients et ont pris l’engagement de libéraliser totalement au bénéfice des compagnies africaines le ciel africain d’ici 2017. L’éclatement du ciel africain entrave la libre circulation des personnes et des biens et partant coûte de précieux points en termes de croissance économique et de création d’emplois.
Se déplacer par air d’un point à l’autre du continent africain ressemble à un parcours du combattant. Il faut souvent transiter par l’Europe ou l’Asie pour atteindre une capitale ou une ville africaine.
C’est inacceptable, ont reconnu les chefs d’États africains en janvier lors du sommet de l’Union africaine (UA). Selon la commission africaine de l’aviation civile (CAFCA), le potentiel du marché africain représente 1 milliard de passagers. Mais en 2014, le total des passagers transportés sur le continent était de 100 millions. Le marché africain en dépit de son immense potentiel ne représente que 3% du trafic aérien mondial. Pour y remédier les compagnies d’aviation africaines, réunies au sein de l’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA) ont préconisé comme mesure phare à l’essor du transport aérien l’application de la Déclaration de Yamoussoukro de 2000. Après avoir identifié les obstacles à l’émergence d’un marché aérien africain robuste. La Déclaration prône la libéralisation totale du marché aérien africain pour les compagnies locales (publiques ou privées). Faire du ciel africain un ciel unique pour les compagnies domestiques qui voleraient librement d’une destination africaine à une autre, telle est la solution trouvée par les chefs d’États africains pour booster le trafic aérien.
Onze pays ont déjà marqué leur accord pour appliquer dès 2017 la Déclaration de Yamoussoukro. Il s’agit notamment de l’Afrique du Sud, du Kenya, de l’Ethiopie, du Nigéria, de l’Égypte. Mais d’autres pays hésitent encore à mettre en œuvre la Déclaration de Yamoussoukro car ils redoutent la disparition de leurs compagnies d’aviation du fait de la concurrence. Mais le protectionnisme des espaces aériens nationaux n’est pas le seul obstacle à l’essor du transport aérien en Afrique.
L’Afrique a les coûts aéroportuaires les plus élevés du monde. Selon les experts de l’Organisation internationale de l’aviation civile (OACI), ses coûts sont 5 fois plus élevés que ceux de l’Europe. L’autre difficulté à laquelle est confronté le transport aérien, c’est le non-respect des normes de sécurité dans les aéroports africains. Selon une étude de l’OACI de 2013, seules 60% des normes en matière de sécurité sont appliquées en Afrique.
C’est une des raisons qui fait que la quasi-totalité des compagnies africaines sont black-listées par l’Union européenne. Outre cette question, les pays africains devraient mettre à niveau leurs infrastructures aéroportuaires. Une autre contrainte qui mine le transport aérien en Afrique, c’est le prix du kérosène 20% plus cher que dans le reste du monde.
Ajouter à cela les taxes appliquées par les États. Prendre un avion en Afrique est extrêmement onéreux. Or si l’on baisse les charges, estiment les experts, il y aura un boom du transport aérien car une classe moyenne se constitue chaque année. En plus, l’expansion du transport aérien va contribuer à la croissance économique et à la création des emplois. Les effets d’entraînement seront nombreux notamment pour le tourisme.
Mais le vrai défi des compagnies aériennes, c’est la sécurité. La plupart ne se sont pas encore conformées aux normes internationales de sécurité de l’Association internationale du transport Aérien (IATA). Seulement 20 États africains sont membres de l’IATA. Pour l’ l’AFRAA, le renouveau du ciel africain passe aussi par l’usage des nouvelles technologies de de l’information et de la communication (NTIC) dans l’achat d’un billet, la réservation ou l’annulation d’un vol.