Y a-t-il encore quelque chose appartenant aux Lignes aériennes congolaises à vendre ? Sylvain Makiese, délégué des travailleurs au comité de liquidation répond par l’affirmative.
En l’état actuel, assurent des observateurs, il ne reste plus grand-chose à liquider. La société possède encore des immeubles à travers le pays. Les plus importants sont recensés à Kinshasa et dans quelques capitales africaines. À Kinshasa, LAC dispose de deux concessions. L’une, sur le boulevard du 30-Juin, est occupée actuellement par l’état-major provincial de la police routière. Le terrain fait, cependant, l’objet d’un litige. Il a été vendu à RawBank pour 6,237 millions de dollars. Par la suite, l’État s’est rebiffé et a bloqué l’accord, alors qu’il avait donné son aval pour la vente, à la suite d’un protocole signé entre l’employeur et les travailleurs, le 3 août 2011. L’autre concession se trouve dans la commune de Mont Ngafula sur l’avenue By-Pass. Elle est actuellement occupée par une entreprise chinoise de génie civil, commise à la réhabilitation des routes.
Des villas et des appartements
Outre les concessions, LAC est propriétaire de villas et d’appartements mis en location. La société a été également expropriée, perdant ainsi d’autres maisons, notamment dans le quartier résidentiel de la commune de Limete. À Air Terminus, siège de la direction commerciale, avenue du Port, à la Gombe, des agents rappellent que la résidence d’Étienne Tshisekedi, rue Petunias, à la 10e Rue à Limete, fut autrefois une propriété d’Air Congo dont Air Zaïre, puis LAC ont hérité du patrimoine. À propos de villas données à crédit à quelques agents, notamment à la Cité-Verte, à Kinshasa, le dossier a été classé sans suite. D’autres biens ont été vendus en Europe, notamment en Belgique, suite à plusieurs condamnations judiciaires.
Quant à la flotte de la compagnie, elle est actuellement constituée d’un seul avion, le Boeing 337-200, en état de vol, assurent les syndicalistes. Acquis sur fonds propres, l’aéronef est immobilisé depuis plusieurs années dans un hangar de l’aéroport international de Ndjili. Mais il ne pouvait pas prendre les airs parce que LAC ne remplit pas, pour le moment, les conditions exigées par la nouvelle réglementation en matière d’aviation civile. Depuis 2010, de nouvelles conditions ont été édictées pour l’exploitation dans le secteur du transport aérien. Les exploitants sont soumis à l’obtention d’une licence d’exploitation et d’un certificat de transport aérien. Ils doivent aussi montrer patte blanche en fournissant la preuve d’un dépôt en banque couvrant au moins trois mois de charges d’exploitation. La nouvelle réglementation impose également à l’exploitant de disposer de deux avions, au minimum.
Parmi ses autres sources de revenus, LAC assure le service au sol et la restauration. Les compagnies aériennes exploitant les aéroports du Congo, parmi lesquelles Kenya Airways, South Africa Airways (SAA), Ethiopian Airlines, versaient régulièrement de substantielles royalties. La dette commerciale de l’entreprise est évaluée à 63,817 millions de dollars dont une dette judiciaire de 16,78 millions. La dette sociale a atteint, quant à elle, environ 132 millions de dollars, dont quelque 119 millions au titre de solde d’arriérés de salaires décotés, et une dette fiscale et parafiscale de 20,159 millions. Les travailleurs avaient accepté de renoncer à 85 % de leurs créances sur la société afin de permettre la relance de ses activités. Le rythme d’accroissement du passif a été tel que la masse salariale a atteint, chaque mois, plus de 1 million de dollars. Le produit de la vente du terrain querellé, du boulevard du 30-Juin, a été englouti dans le paiement des arriérés de salaires. Par contre, LAC détient sur l’État une créance évaluée à 23 millions de dollars. Elle a été soit minorée, soit noyée dans les dettes croisées. Les créances sur les tiers, quant à elles, sont ridicules.