Les rideaux sont tombés sur la COP21. Après plusieurs années de négociations extrêmement ardues, 195 pays ont adopté, le 12 décembre un accord sans précédent pour lutter contre le réchauffement climatique dont l’ampleur menace la planète de catastrophes. Quel bilan pour l’Afrique ?
Parmi les signataires, les pays africains s’étaient rendus à Paris avec plusieurs revendications. Ils ont souhaité que leur vulnérabilité au changement climatique soit pleinement prise en compte. Et même si l’Afrique n’est mentionnée qu’une seule fois dans les textes adoptés, sa voix a été suffisamment entendue. Mais le chemin reste encore long parce que des consultations spécifiques devront être engagées dans les prochains mois dans la perspective de la COP22 qui se tiendra au Maroc.
Les revendications africaines
Au Sommet de Paris, l’Afrique a fait valoir deux préoccupations majeures. Premièrement, la limitation de la température globale. L’accord de Paris mentionne clairement l’objectif d’une limitation « nettement en-dessous » de 2°C, en poursuivant l’action menée pour ramener cette élévation à 1,5°. Deuxièmement, le financement de l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre venant des pays du Sud. Les textes demandent fermement aux pays développés d’amplifier leur aide financière, afin d’atteindre l’objectif de 100 milliards de dollars de financements par an d’ici à 2020. L’accord de Paris ne fait pas l’unanimité étant donné l’ampleur des chantiers qui restent à accomplir pour l’affiner. Les Africains ont des doutes concernant le financement et la façon de faire respecter l’objectif de limitation de la hausse de température. L’Afrique attendait de la COP21 des engagements concrets. Pour eux, l’accord devra tenir compte de plusieurs lignes rouges. La première question cruciale est celle du réchauffement climatique. La limitation des températures à 1,5°, voire le plus bas possible est une exigence, dont l’échéance est fixée à 2100, du fait de la position géographique de l’Afrique. Elle demande à être mentionnée dans le texte à chaque fois que les pays les moins avancés et les petits États insulaires le sont, notamment dans le préambule. Ces paramètres permettront, sur le long terme, de s’assurer que le changement climatique a le moins d’impact possible sur la trajectoire du développement. Un traitement préférentiel au même titre que les pays les moins avancés permettra une certaine flexibilité pour arriver à réduire les émissions de CO2 et un accès prioritaire au financement octroyés par les pays développés.
Les négociations internationales
La Conférence des parties (COP) instituée lors de l’adoption de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, en 1992, est l’organe suprême et réunit toutes les parties. Ce sont les 195 pays qui ont ratifié la convention et l’Union européenne. Chaque année, la COP se déroule par rotation dans l’un des pays des cinq groupes régionaux de l’Organisation des Nations unies pour faire le point sur l’application de la convention, adopter des décisions qui définissent davantage les règles fixées et négocier de nouveaux engagements. Elle est couplée, depuis 2005, date d’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto, à la conférence annuelle des parties au Protocole de Kyoto, dite « CMP ». En 2015, la présidence de la Conférence sur le climat est revenue à la France qui s’était portée candidate pour la zone de l’Europe de l’Ouest.
Les défis
Ce sont les représentants de chaque pays signataire de la CCNUCC de 1992 qui participent aux COP. Des représentants de l’ensemble des acteurs non-étatiques de la société (organisations gouvernementales et non gouvernementales, collectivités territoriales, syndicats, entreprises, scientifiques, jeunes) participent également à ces conférences. La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques a pour objectif de stabiliser l’émission des gaz à effet de serre d’origine humaine dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute interférence dangereuse sur le climat.
D’une conférence climatique à une autre, la communauté internationale construit les outils qui doivent permettre de limiter le réchauffement à 2°C d’ici à 2100. L’Union européenne a adopté le paquet énergie et climat pour 2030, avec l’objectif ambitieux de baisse des émissions d’au moins 40 % d’ici là, qui constitue la base de sa contribution. Les États-Unis et la Chine ont annoncé un accord commun de réduction de leurs émissions. Ces annonces, par trois acteurs qui représentent plus de la moitié des émissions mondiales, contribuent à une bonne dynamique devant inciter tous les pays à s’engager. Le climat s’est également imposé comme un enjeu majeur du G20 en Australie et le communiqué final a envoyé un signal fort de l’implication du G20 dans la lutte contre le dérèglement climatique. Enfin, la capitalisation du Fonds vert pour le climat envoie par ailleurs un signal très prometteur aux pays en développement.
La première application pratique et contraignante de la CCNUCC a été officialisée par le Protocole de Kyoto. Adopté en 1997, entré en vigueur en 2005, ratifié par 192 parties (les États-Unis ne l’ont jamais ratifié), il a imposé à 37 pays développés des réductions d’émissions d’une moyenne globale de -5 % par rapport à 1990 (-8 % pour l’UE) sur la période 2008 à 2012.Les autres pays ne se sont pas engagés sur des objectifs chiffrés mais ont été associés au processus par des mécanismes incitatifs. Le Protocole a été prolongé à la conférence de Doha, imposant un objectif de réduction des émissions globales des gaz à effet de serre des pays développés d’au moins 18 % de 2013 à 2020 (deuxième période d’engagement) par rapport aux niveaux de 1990. Le compromis final a été impulsé par l’Union européenne, qui a lié la prolongation de son engagement au titre de Kyoto à l’adoption d’une feuille de route pour un accord mondial. La France, avec l’Union européenne, s’est ainsi engagée à participer à la seconde période d’engagement du Protocole de Kyoto à partir du 1er janvier 2013. L’Union européenne a été la première à avoir communiqué, en avril 2012, son objectif de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de 20 % pour la seconde période d’engagement. L’Union européenne représente seulement 13 % des émissions mondiales (part qui ne cesse de décroître). Toutefois, le Protocole a fini par montrer ses limites : Russie, Japon, Nouvelle-Zélande et Canada se sont désengagés. Il fallait donc trouver un instrument juridique ambitieux, contraignant et applicable à tous pour succéder au Protocole. C’était l’objectif de la COP de Copenhague en 2009. Il n’a pas été atteint lors de cette conférence, mais a été réaffirmé à Cancun en 2010 puis Durban en 2011 où les États se sont accordés sur l’adoption d’un « protocole, un instrument juridique ou un résultat ayant force de loi » à l’horizon 2015.
La conférence climat de Varsovie (COP 19) qui s’est tenue, du 11 au 22 novembre 2013, a par ailleurs permis de progresser dans le soutien aux pays les plus vulnérables avec un accord sur le financement de la lutte contre le changement climatique. À l’occasion du Sommet sur le climat organisé par le secrétaire général des Nations unies à New York, le 23 septembre 2014, de nombreuses initiatives sectorielles ont pu être créées ou fédérées, que ce soit dans le domaine de l’énergie, des forêts, des transports ou encore de l’agriculture. Toutes ces initiatives sont considérées comme faisant partie de l’agenda des solutions, que la présidence française de la COP21 a souhaité valoriser et lier à l’accord de 2015. Elles contribuent à changer la perception des négociations climatiques, en démontrant que l’enjeu n’est pas un partage du fardeau, mais bien un partage d’opportunités.
En décembre 2014, la France s’est fortement mobilisée pour la COP20 de Lima qui a consacré une étape déterminante pour aboutir à un accord universel de lutte contre le dérèglement climatique à Paris en décembre de cette année (COP21). Cette conférence était cruciale car elle devait aboutir à un accord international sur le climat qui permettrait de contenir le réchauffement global en deçà de 2°C. Sur la base des travaux de la COP20 à Lima, il était question de parvenir à un ensemble de décisions à Paris. Tout d’abord, à un accord ambitieux et contraignant face au défi du dérèglement climatique qui s’appliquerait à tous les pays. Ensuite, parvenir à des contributions nationales, qui reflètent l’effort que chaque pays estime pouvoir réaliser. Le financement de la lutte contre le changement climatique a également été une composante cruciale, dont une étape a été franchie avec la première capitalisation du Fonds vert à hauteur de 9,3 milliards de dollars – dont près d’un milliard de la France. Enfin, les initiatives développées au niveau-infra-étatique, par les collectivités locales, les organisations de la société civile et les entreprises vont amplifier la mobilisation et viendront s’ajouter aux contributions des États.