Les soupçons de l’accusation (Alain Kahasha) vont vers deux membres de la famille : Joëlle Bakulikira et Laetitia Naflanga. Guillaume Kahasha, ancien président du conseil d’administration de la Société commerciale des transports et des ports (SCTP) avait été assassiné par des inconnus, dans la nuit du 7 au 8 septembre 2013, devant la résidence familiale, sise n° 3, avenue Makelele dans la commune de Ngaliema. Au moment des faits, il s’y était rendu, accompagné de son jeune frère Alain, à l’appel (téléphonique) insistant de Laetitia Naflanga. Cependant, cette nuit-là, ils se virent empêchés d’entrer dans la résidence, où leur père Nicolas Kahasha était alité pour cause de maladie.
Rappel des faits
Lors de l’instruction, l’on a su que l’un des présumés bandits avait tiré à bout portant sur l’ancien Pca de la SCTP et un autre lui avait arraché la clé de contact de la voiture. Torturé par les remords, la sentinelle a avoué que Joëlle et Laetitia lui avaient formellement interdit d’ouvrir la barrière pour laisser entrer Guillaume et Alain. À la question du tribunal de savoir en quoi le meurtre de Guillaume profiterait aux prévenues, le conseil du frère de la victime a argué que Joëlle Bakulikira est, en réalité, la fille de la belle-mère de son client, Mme Amisa. Cette dernière s’est unie dans le mariage avec Nicolas Kahasha dans des circonstances jugées ombrageuses par l’ex-PCA de la SCTP.
Avocat de formation, Guillaume avait d’ailleurs emmené l’affaire devant le Tribunal de paix (Ngaliema), dans l’espoir d’obtenir la nullité de ce mariage. Guillaume n’aura pas eu le temps d’assister à la plaidoirie de cette affaire car il a été tué 48 heures avant. À l’instruction, on a noté que les relations n’étaient pas au beau fixe entre Me Guillaume et sa belle-mère Amisa, la mère de Joëlle. Sans doute qu’elle aurait monté sa fille et sa belle-fille contre Guillaume, a laissé entendre l’avocat d’Alain. En droit, l’article 45 du code pénal qualifie d’assassinat « tout meurtre avec préméditation ». D’après l’accusation, la préméditation est bien présente, car les deux prévenues avaient tout planifié au profit d’Amisa, qui au moment des faits se trouvait à Bukavu. « Mme Amisa connaissait le degré d’attachement de Me Guillaume à son père. Face à un petit problème touchant ce dernier, il ne pouvait rester insensible. Ce qui l’a emmené à venir lui rendre visite même tard dans la nuit », a fait savoir cet avocat.
Le Ministère public a, quant à lui, retenu la « complicité par instigation ». L’ordre avait été donné à la sentinelle a-t-il déclaré. Et les assassins de Guillaume étaient de mèche avec d’autres personnes. En droit, le fait ou l’infraction est établi. C’est pour cela, il a requis 20 ans de servitude pénale et l’arrestation immédiate des prévenues. Le conseil de Kahasha a réclamé le payement de 500 000 dollars. Affaire à suivre.