Hirsute tel un vieux gaulois désargenté, encore très bronzé après son séjour en Thaïlande, portant jeans et baskets, arborant une barbe poivre et sel de 5 jours, Nicolas Sarkozy, méconnaissable, a passé le réveillon de la Saint-Sylvestre à Fleury-Mérogis, bâtiment D4, cellule 410, dans le quartier réservé aux VIP ! Sa garde à vue avait été prolongée de 24h en 24h jusqu’à ce que les juges décident de le placer en détention préventive.
Dans le plus grand secret
Des charges accablantes qui ne laissent plus aucune place au doute, cette fois la présomption d’innocence ne peut plus jouer son rôle de bouclier protecteur.
Ziad Takieddine est allé au bout de sa démarche, la vidéo qu’il a confié aux juges montre l’ancien Président en train de compter les 150 liasses de billets – 100 billets de 100 euros par liasse – que l’intermédiaire venait de lui remettre, dès son arrivée, en provenance de Tripoli. Aidé par Brice Hortefeux et Claude Guéant, la scène est filmée au ministère de l’Intérieur, dans le bureau du ministre, le décompte ne prend pas plus de 5 minutes. Les policiers de la Brigade Financière font remarquer aux juges que les 3 hommes, Sarkozy, Guéant et Hortefeux, portent des gants en latex blanc, un indice qui prouve qu’ils s’attendaient bien à recevoir une très grosse somme d’argent en liquide, on imagine mal, en effet, un ministre de l’Intérieur se promener avec des gants en latex… aucune empreintes papillaires, pas de traces !
Prudents, très prudents…
Ce jour-là, et pour la première fois, Takieddine portait des lunettes de « vue », une monture en écailles du plus bel effet, un cadeau des services secrets libyens… car Kadhafi se méfiait du futur candidat à la Présidentielle française, « on n’est jamais assez prudent » aurait-il confié à Takieddine en souriant, dans un français très approximatif, un rien moqueur. C’est dans la plus grande discrétion que Thierry Herzog, son avocat-ami, et Carla Bruni-Sarkozy ont négocié directement auprès du procureur général, Jean-Claude Marin : éviter que l’affaire ne s’ébruite avant une éventuelle inculpation, éviter la presse, éviter des photos humiliantes. Conciliant et compréhensif, toujours prêt à rendre service, le procureur a finalement accédé aux demandes des intimes de Sarkozy.
Sans contrepartie, on le notera, c’est tout à fait remarquable voire exemplaire, l’Ex n’ayant plus les moyens, ni les relations, pour « récompenser » un ami. Donc, pas de nomination à Monaco pour « ce cher Jean-Claude »… Au même moment – hier pour être précis – à 6 000 kilomètres de là, vers 6 heures du matin, le FBI se présentait au domicile de Christine Lagarde « You’re under arrest ».
Sans plus de commentaires…
La patronne du FMI a été immédiatement incarcérée à la prison de Rikers Island, curieuse coïncidence puisqu’on se souvient que c’est dans cette prison que son prédécesseur au FMI, Dominique Strauss-Kahn, avait été emprisonné à la suite d’une calamiteuse affaire de tentative de viol sur la personne de Nafissatou Diallo, une camériste du SOFITEL de New-York. Rikers Island est une toute petite île de 160 hectares, la prison occupe tout l’espace, impossible de s’en échapper… c’est, en termes de taille, le plus grand centre pénitentiaire américain ou un des plus grands. Mais pas le plus « calme », loin de là… une femme blanche ne reste jamais longtemps « célibataire »… la violence est quotidienne, impitoyable. Une fois de plus, à l’instar de Nicolas Sarkozy en France, Christine Lagarde a pu bénéficier d’un traitement de faveur, la presse n’a pas été conviée… enfin… pas « officiellement » : de sources sûres, on apprend qu’Edwy Plenel, fondateur de Médiapart, aurait obtenu des clichés, des négatifs, qui retracent tous les moments forts de l’arrestation de « Madame Lagarde » (dixit Plenel), depuis son domicile jusqu’aux portes de Rikers Island… un scoop !
On notera, au passage, que la police nord-américaine se fait beaucoup plus discrète pour des affaires de gros sous que pour des histoires de viol présumé, il y a « pudeur » et « pudeur ». On a hâte de partager avec Edwy, entre Médiapartiens à jour de cotisation, ce grand moment de justice démocratique même si les orientations « atlantistes » d’Edwy Plenel et de François Bonnet se confirment étant donné les liens maintenant avérés, évidents et étroits, ou étroits et évidents, qu’entretiennent ces deux journalistes français avec le FBI, on est bien obligé de le constater… mais ce n’est pas le sujet.
Un mandat d’arrêt international a été lancé à l’encontre de Brice Hortefeux et de Claude Guéant, ils sont en fuite depuis près de 24 heures… L’état d’urgence en vigueur chez nous ne peut pas garantir qu’on arrivera à mettre un terme à la cavale désespérée des complices de Nicolas Sarkozy, les mailles du filet ont beau se resserrer, Interpol est sur les dents, le risque de les voir « passer au travers » n’est pas nul, loin de là, on aimerait, d’ailleurs, entendre sur ce sujet le toujours très brillant Thierry Solère, jamais avare de commentaires pertinents dès qu’il s’agit de sécurité publique. Aux dernières nouvelles Hortefeux et Guéant auraient été filmés à la gare routière de Milan après un long périple au travers des alpes bavaroises, du Brenner autrichien, du Brenner italien, ils auraient pris ensuite un bus entre Bolzano – Bozen en allemand – dans le Haut-Adige et Milan. Interpol perd leurs traces dans un fast-food… on voit, sur les clichés pris par les caméras de sécurité du fast-food, Hortefeux se curer les dents avec une cuillère en plastique… cuillère que les limiers italiens sont en train de faire analyser…
Une fuite organisée qui démontre, une fois de plus, que l’espace Schengen est une vraie passoire. Pourtant, Hortefeux, avec la gueule qu’il a, ne peut pas être pris pour un vulgaire migrant… ou alors… peut-être pour un migrant allemand mais de la deuxième génération ce qui pose nettement moins de problèmes. On s’interroge, la plus grande perplexité s’impose…