Quand la pierre a été découverte fin 2016, les agents de la Minière de Bakwanga ont exalté : « Bonana », « Renaissance », « Résurrection », « Pierre angulaire », etc. À la MIBA, l’on n’était pas à court d’imagination pour porter un nom sur cette pierre de 146,80 carats découverte, un peu avec les faveurs du hasard dans les graviers déjà jetés et rejetés, mais à nouveau tamisés. La joie aura été de courte durée car déjà les autorités de l’entreprise font mystère sur le lieu où est gardée la fameuse gemme. La conséquence est que la tension est montée d’un cran, le 28 décembre 2016, dans le polygone de la Minière de Bakwanga où des travailleurs étaient sur le point de battre le pavé suite à la confusion qui plane sur la destination finale de la fameuse pierre. Quand la MIBA éternue, toute la ville de Mbuji-Mayi tousse et devient fébrile.
Ce qui vient rajouter au régime de couvre-feu auquel la ville diamantifère est soumise voilà trois mois. Sur demande expresse des autorités provinciales du Kasaï oriental, a-t-on appris, une assemblée générale extraordinaire de la mouvance syndicale élargie aux cadres de direction s’est tenue le jour suivant au siège de la MIBA en vue de calmer l’ire des travailleurs, dont les conditions sociales sont de plus précaires depuis des lustres.
Comme chat échaudé
Le bureau syndical a, au terme de ladite assemblée, appelé les travailleurs de la MIBA au calme, soutenant avoir reçu de la direction générale que la fameuse pierre est toujours conservée dans le coffre-fort de l’entreprise et n’a jamais été expédiée en catimini à Kinshasa. Si les travailleurs de la MIBA ont refroidi leurs ardeurs, renonçant à manifester, la polémique est loin de se dissiper dans l’opinion mbuji-mayienne dont une large frange croit dur comme diamant que la pierre de 146,80 carats aurait été emmenée dans la capitale par le canal du CEEC, le centre d’évaluation et d’expertise des matières précieuses et semi-précieuses.
Dans la ville de Mbuji-Mayi, on est comme chat échaudé. On se souvient encore de la célèbre gemme qui avait suscité un bras de fer entre le négociant Alphonse Ngoy Kasanji et le président de la République de l’époque, Laurent-Désiré Kabila. Le pouvoir qui avait versé dans un communisme ambiant, avait tenté sans succès de s’accaparer de ce diamant. Il s’en était suivi un tollé général avec des implications ethno-politiques à tel point que Kinshasa a dû restituer la pierre aux propriétaires représentés par Ngoy Kasanji.
L’actuel gouverneur de la province du Kasaï oriental. La Minière de Bakwanga rassure pourtant que la pierre qualifiée notamment de « Bonana » sera mise en vente au tender, au plus offrant, dès que toutes les conditions seront réunies. La MIBA accuse une dette sociale de plus de 150 millions de dollars. Sa principale commissaire aux comptes, Eliane Munkeni, est plutôt d’avis qu’elle doit être déclarée en faillite.