Dans sa politique de résilience de l’économie de la République démocratique du Congo, l’État avait, en février 2007, levé l’option de créer un réseau GSM ayant pour vocation de mettre en œuvre le service universel à travers des projets de couverture du monde rural. Pour des raisons non expliquées, le projet a été abandonné par l’État son initiateur. Un expert-maison contacté par nous, en marge de la cérémonie de remise et reprise au ministère des Postes, des Télécommunications et des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (PT&NTIC) suite à l’avènement du gouvernement Badibanga, explique que « ce sont plutôt les pressions des compagnies privées, tenant à se déployer dans l’arrière-pays, qui ont fait capoter le projet ».
Pourtant, ce projet était déjà entré dans sa phase de recherche de financements. Le Réseau national de transmission par satellite (RENATELSAT) s’était engagé à participer à hauteur de 30 % au capital de Ruratel. Cet expert fait comprendre que des intérêts particuliers se sont toujours opposés à l’opérationnalité d’un service GSM public en RDC. Du temps de la transition politique 1+4, rappelle-t-il, les fréquences de l’Office congolais des poste et télécommunications (OCPT), étaient cédées à des privés pour empêcher la mise en fonctionnement de CELCO, une firme GSM public, fruit d’un joint-venture dans lequel la SCPT représentait les intérêts de la RDC. « Le ministre Prosper Kibwey qui tenait à ce projet, a fait l’objet de menaces de mort si fortes qu’il a dû capituler… », confie cet expert. Qui poursuit : « Même une recommandation du cabinet du chef de l’État sur les fréquences de l’OCPT est restée lettre morte jusqu’à ce jour ». Pourtant, le succès de Ruratel était garanti avec une grosse clientèle assurée. Le Comité de pilotage de la réforme des entreprises publiques (COPIREP) qui avait le projet Ruratel dans son canevas, avait estimé la population de la RDC à 84 millions d’habitants en 2015. La ville de Kinshasa devrait regrouper, à elle seule, plus de 10 % de la population, les 7 autres grandes villes du pays, dont Mbuji-Mayi, Kolwezi, Lubumbashi, représenteraient jusqu’à 19 % de la population.