En janvier 2016, le gouvernement avait annoncé la transformation du Fonds de promotion de l’industrie (FPI) en une banque d’investissement industriel en mode urgence à l’issue d’un conseil des ministres extraordinaire. Le Fonds de promotion de l’industrie a cependant clôturé l’année dernière avec ses statuts d’antan et dans sa forme traditionnelle comme compte spécial émergeant au budget de l’État avec des recettes et des dépenses attendues identiques de l’ordre de 134 193 641 429 FC, soit un peu moins de 145 millions de dollars. Et le tout nouveau directeur général, Patrice Kitebi, ancien ministre délégué aux Finances dans le premier cabinet Matata, ne fait plus écho de cette mutation. Alors que des experts soutiennent que la démarche du gouvernement a été précipitée et a tout faux.
La première faute du gouvernement est d’abord d’ordre sémantique, fait comprendre Michel Somwe, professeur d’économie et ancien directeur général à la Banque de crédits agricoles. Cet ancien cadre de la Banque centrale du Congo (BCC) en charge des banques commerciales en difficultés explique que si la transformation ne tient qu’au changement de nom ou d’appellation, alors rien n’aura changé. Cependant, dans son appel d’offre, le Bureau central de coordination (BCECO) précise que l’objectif général de la mission du consultant est de mener une étude relative à la création d’une Banque d’investissement industriel et de fournir au gouvernement des orientations sur le fonctionnement de la garantie publique.
Changement de cap
Et les objectifs spécifiques de la création de la Banque d’investissement et de garantie publique sont notamment d’apporter un soutien aux entreprises congolaises grâce notamment à ses fonds propres et aux fonds levés sur les marchés financiers ; d’octroyer des garanties requises dans les investissements ainsi que de fournir un accès amélioré au financement pour les entreprises congolaises, que ce soit les petites et moyennes entreprises (PME) ou les entreprises de grande taille.
Pour ce faire, la firme de consulting qui sera sélectionnée, devra apporter les réponses à une série de questions : quel(s) serait (seraient) le ou les marché(s) ciblé(s) par les lignes de crédit de la Banque d’investissement? Quelles seraient les potentielles institutions financières partenaires, les potentielles institutions ou personnes pouvant participer au capital de la Banque d’investissement et le niveau optimum de capital de la Banque d’investissement lors de sa création et quels seraient leurs besoins en assistance technique? Quels seraient les mécanismes d’octroi de la ou des ligne(s) de crédit et les règles de gouvernance requises? Quels seraient les mécanismes d’octroi de la garantie publique en faveur des entreprises congolaises et les règles de gouvernance requises.
Toutefois, dans un pays comme la République démocratique du Congo, où il n’y a pas de marché financier, explique Michel Somwe, le terme approprié est plutôt banque d’affaires. Le gouvernement a eu tort de se fonder sur l’appellation anglaise Invetissement Bank et de le traduire par banque d’investissement en français, note cet expert au sujet du FPI. Aussi la mutation devra-t-elle aussi inévitablement passer par la liquidation du FPI. Or, la liquidation suppose avant tout l’établissement d’un inventaire des passifs et actifs du Fonds de promotion de l’industrie. Force est de constater que l’industrie congolaise a plutôt régressé en termes de nombre d’unités de production par rapport aux années 1960-1990. Selon le ministère de l’Industrie, la RDC a plutôt perdu 80 % de ses unités de production. Le 6 décembre 2016, le FPI avait obtenu du gouvernement Matata, le privilège du Trésor. En clair, plus de facilités d’obtention des crédits pour… la banque?