La fragilité à long terme des finances publiques a été au centre des débats du Conseil des ministres extraordinaire (7-9 mars). Face à la vulnérabilité de la monnaie nationale secouée par des chocs exogènes, le gouvernement est dans son rôle de prendre des mesures correctives de la situation. Quitte à ces mesures proposées d’être adaptées à la vulnérabilité macro-budgétaire. Des sources dignes de foi annoncent que le chef de l’État, Joseph Kabila, a instruit les services de la présidence pour tirer au clair cette affaire. À cet effet, sur instruction du président de la République, une équipe d’experts travaillent à la BCC pour comprendre les dessous de cette épopée. À la tête de ces experts qui répondent directement du président de la République, on annonce la présence de Jean-Claude Masangu Mulongo, ancien gouverneur de la BCC entre 1997 et 2013. Après avoir passé 16 ans à la tête de l’Institut d’émission, record jamais égalé ou battu, Masangu est un fin connaisseur des rouages de la BCC. C’est donc à lui que le chef de l’État s’est référé pour faire toute la lumière sur la circulation de faux billets de 5 000, 10 000 et 20 000 FC sortis des tiroirs de la BCC.
Pour le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), Deo Gracias Mutombo, il faut limiter les sorties de devises. Il a dû s’expliquer sur l’affaire des faux vrais billets de franc en circulation. Selon le vice-1ER Ministre en charge de l’Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadary, cette affaire a des « effets délétères sur la sécurité nationale ».
Serein et sûr de lui, le gouverneur de la BCC a révélé l’existence d’une « chaîne criminelle » qui récupérait des billets impropres à la circulation destinés à la destruction. Des arrestations ont été opérées, a indiqué le gouverneur Mutombo, y compris au sein même de l’Institut d’émission. En rapport avec « ce véritable crime économique », la BCC a pris des dispositions pour sécuriser les opérations de destruction des billets impropres à la circulation. Même si la Banque centrale prétend s’en être rendu compte après, le mal est fait. De faux billets de 5 000, 10 000 et 20 000 FC ont été injectés dans le circuit économique. Les ménages, les entreprises et les autres agents économiques en paient les conséquences. Et la confiance en la monnaie nationale vole en éclats. Puis qu’il s’agit d’un crime économique, le procureur général de la République devrait s’en saisir d’office et poursuivre les coupables en justice.
Autorité monétaire de la République démocratique du Congo, la BCC a une responsabilité pénale dans cette affaire. Des sources renseignent que les faux billets sont directement sortis des guichets de l’Institut d’émission. C’est bien plus tard que l’alerte a été donnée par des banques commerciales. Mais, le forfait était déjà commis. Les faux billets de banque ont été introduits dans tous les circuits de la vie économique sans que la Banque centrale – par complicité ou par naïveté – ne s’en rende compte. Curieusement, là où les faits infractionnels sont clairement établis, le procureur général de la République (PGR) brille par un silence incompréhensible.
L’heure est grave
À l’office du PGR, on ne s’active pas. Or, les dégâts sur l’économie sont incalculables, selon les statistiques monétaires les plus récentes. Dans ce réseau qui part de la Banque centrale du Congo, il y a plusieurs intermédiaires, dont certains se recrutent dans les rangs des banques commerciales et des maisons de change. Et ces réseaux, indiquent des sources proches très au fait du dossier, étendent leurs tentacules jusqu’à l’intérieur du pays. L’office du PGR devrait traquer les criminels économiques qui agissent à l’échelle nationale. Car, si à Kinshasa le public a été alerté par la circulation des faux billets, ce n’est pas le cas à l’intérieur du pays où se sont réfugiés les ténors du trafic de faux billets.
Limiter les paiements en dollars
Pour le Parquet, il s’agit de parer au plus pressé, avant que le maigre pouvoir d’achat de la population ne soit profondément entamé. Mais, le plus gros dégât qu’on inflige à l’économie, qui peine à se relancer, c’est la perte de confiance en la monnaie nationale. Avec la longue période de stabilité du cadre macroéconomique, le public avait repris timidement sa confiance au franc congolais. L’on craint que cette confiance ne s’émousse.
Malgré cette affaire, le gouverneur de la BCC a expliqué que lors du Conseil des ministres que l’activité économique se reprend, bien que lentement. Deo Gracias a engagé le gouvernement à encourager les investisseurs dans le secteur pétrolier et minier notamment et à émettre des bons de Trésor pour collecter l’épargne extérieur. Il a aussi demandé d’accompagner le secteur privé dans la recherche des financements ainsi que dans l’amélioration du climat des affaires en réduisant la multiplicité des taxes et en limitant les paiements en devises aux seules transactions internationales.
Il est vrai que les réserves de l’État en monnaie forte ont largement été mises en contribution dans l’intervention du gouvernement dans la province du Tanganyika pour mettre un terme à un conflit entre des communautés bantoues et pygmées (Twa) manifestement chauffées à blanc à cause des interférences d’étrangers soucieux d’opposer les Congolais les uns aux autres. Le VPM en charge de l’Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadary y a, en effet, organisé avec une forte délégation gouvernementale
et d’élus nationaux et locaux, un forum de réconciliation et de pacification qui a produit un accord portant 32 résolutions de même qu’un comité de suivi pour sa mise en œuvre.
Réduction de 30 % des dépenses de l’État.
Le ministre des Finances, Henri Yav Mulang et le vice-ministre à l’Économie ont, eux, aussi brossé la situation économique et financière de la RDC. Laquelle ressent encore des effets du ralentissement économique mondial et de la faiblesse des cours des principaux produits de base ainsi que la tendance à la baisse de l’entrée des capitaux étrangers. Ce qui a entraîné à la fin de 2016 un repli considérable du taux de croissance économique à 2,5 % en 2016 alors qu’il se situait à 6,9 % en 2015 et 9,5% en 2014. Notre pays peut cependant escompter une reprise de l’activité économique pour la période 2017-2019 grâce aux décisions drastiques prises par le gouvernement, notamment la réduction de 30 % des dépenses de fonctionnement des institutions de l’État, et à une demande intérieure qui laisse entrevoir, aux perspectives de la croissance de la demande mondiale, pour autant que le cap soit maintenu, dans la diversification de l’économie.
Protectionnisme contre Lufu
La vice-ministre à l’Économie nationale a défendu des dossiers relatifs aux mesures proposées d’interdiction de l’importation du ciment gris par les postes frontaliers situés à l’Ouest de la RDC et ce, pour une période expérimentale de six mois renouvelables et d’interdiction de l’importation des boissons alcoolisées et non alcoolisées en cannette, boîte, sachets, bouteilles sur toute l’étendue du territoire national. Lufu, ce port sec à la lisière de la RDC et l’Angola est singulièrement visé. Après débats et délibérations, il a été décidé de porter la question à la Commission économique, financière et reconstruction du gouvernement avant une décision définitive à ce propos.
Dans le domaine des postes, télécommunications et nouvelles technologies de l’Information et de la communication, deux projets de loi, l’un sur les télécommunications et les technologies de l’information et de la communication en RDC, et l’autre sur les échanges et le commerce électroniques ont été présentés par le ministre des PTT et NTIC. Il a également fait l’économie d’un projet de décret modifiant et complétant la loi n°014/002 du 16 octobre 2002 portant création de l’Autorisation de régulation de la poste et des télécommunications en RDC (ARPTC).
Par ailleurs aux Mines, Martin Kabuelulu a défendu un projet de décret portant création et statuts d’un service public dénommé « Service d’assistance et d’encadrement de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle, (SAEMAPE) et un deuxième projet de décret portant statuts, organisation et fonctionnement d’un établissement public dénommé « Cadastre Minier » (CAMI)
Cellule de crise permanente
Alors que dans le Développement Rural, deux projets de décret ont été acceptés, l’un, portant création, organisation et fonctionnement d’une Agence nationale d’implantation et de coordination des Centres de développement intégré (AN-CDI) et, l’autre, portant modalités de coordination des activités dans le secteur du Développement rural. Le ministre de la Pêche et de l’Élevage, Jean-Marie Bulambo Kilosho, a soumis au Conseil les dossiers relatifs à l’alerte de l’Organisation mondiale de la santé animale de la survenue de la grippe aviaire H5 N8 en Ouganda et d’autres maladies animales et zoonotiques dans des pays voisins comme le zika déclaré en Angola et le charbon bacteridien ou Anthrax, déclaré récemment en Zambie ainsi qu’à l’intérieur de nos frontières comme la rage canine, la peste des petits ruminants, la péripneumonie contagieuse des bovins, la fièvre aphteuse, la pseudo peste aviaire et la peste porcine africaine.
Le Conseil des ministres a approuvé les propositions du ministre de la Pêche et de l’Élevage de mettre sur pied une cellule de crise permanente comprenant en son sein des experts commis par les ministères de la Santé publique, de l’Environnement, du Commerce extérieur et de la Communication et Médias, de même que les délégués des partenaires au développement du secteur. Il a été aussi décidé la suspension des importations des volailles, des œufs et produits dérivés et du matériel d’élevage de volaille usagés, l’envoi en urgence d’une équipe d’experts du niveau central pour appuyer les services locaux, en vue des investigations épidémiologiques notamment dans les provinces de la Tshuapa et du Nord-Kivu, le renforcement des capacités des agents de terrain en surveillance épidémiologique, équipements et matériels.
Voirie de la capitale
Le vice-1ER Ministre, ministre des Transports et des Voies de communications, José Makila, a présenté l’état des lieux de la voirie de la Ville-Province de Kinshasa et de la relance des travaux y relatifs. Le Conseil des ministres a chargé les ministères compétents de convenir des voies et moyens de la mise en œuvre des propositions présentées en vue de pallier aux défectuosités signalées dans la voirie de la capitale. Le ministre des Affaires foncières, Félix Kabange Numbi, a planché sur le dossier portant création d’un espace réservé pouvant abriter plus de deux mille artistes à Binza Météo, en commune de Ngaliema, sous la tutelle du ministère de la Formation professionnelle, Métiers et Artisanat. Il a été décidé de constituer une commission tripartite (ministères de la Justice, des Affaires foncières et de l’Urbanisme et Habitat) pour approfondir le dossier et proposer une solution idoine.