La politique monétaire, la stabilité des prix sur le marché relèvent pourtant de la Banque centrale qui jouit de son autonomie de gestion. Hélas, pour le citoyen lambda, la responsabilité de la déconfiture du franc incombe au gouvernement. D’ailleurs, les mouvements syndicaux de l’administration publique ont appelé à une grève générale pour le 5 avril. Malgré des contraintes budgétaires, le gouvernement Badibanga vit, en effet, de crédits provisoires, la paie de toute l’administration est versée à des périodes échues. Plus de 162 milliards de francs le mois. Alors que la Banque centrale annonçait des perspectives sombres « bien pire qu’à fin décembre 2016, au regard de la poursuite de la dégradation de l’environnement économique actuel », avec des réserves de devises de 810 millions de dollars couvrant 2,5 semaines d’importations ; alors que la monnaie nationale a accusé une dépréciation de près de 35 % en une année.., le gouvernement Badibanga a cependant, selon l’ancien 1ER Ministre, Adolphe Muzito, réussi à équilibrer les comptes du Trésor avec un solde positif de 5 milliards de francs fin janvier. Quelque 100 milliards de francs gagnés sur l’année sur un déficitaire budgétaire de plus de 570 milliards. Par ailleurs, la rétrocession due aux provinces a été revue à la hausse de 123 % au 8 février. « Le paiement de la dette intérieure doit soutenir la diversification, qui à son tour, développera les ressources à mobiliser par l’impôt », a soutenu Badibanga. C’est ainsi que longtemps considérée comme une dette enterrée, la dette intérieure connaît un début de paiement, 8,5 milliards de FC à fin janvier. Période au cours de laquelle, les régies financières, après que leurs directeurs généraux ont été conscientisés par Badibanga, ont in globo réalisé 292,1 milliards de FC pour des assignations de 248,4 milliards, soit un taux de réalisation de 115 %. La Direction générale des douanes et accises (DGDA) a réalisé 99,6 milliards de FC des recettes pour des prévisions de 85 milliards de FC, soit un taux de réalisation de 117 %, la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participation (DGRAD) a glané quelque 41,9 milliards de FC pour des assignations de 36 milliards de FC, soit un taux d’exécution de 117 % contre 114 %. La Direction générale des impôts (DGI) a collecté 133,1 milliards de FC pour des prévisions de 116,2 milliards de FC. Au mois de février, les régies financières ont derechef réitéré le même exploit. Lors de son récent passage à Kinshasa, Saïd Djinnit a soutenu tout confiant : « J’ai été également informé des efforts qui sont fournis pour faire face à la situation économique. Samy Badibanga est assez positif. Sans doute que l’année qui commence sera plus généreuse par rapport au pays et que la situation économique va reprendre ». Mais la trilogie « diversification de l’économie-mobilisation des ressources -redistribution des dividendes », cher à Badibanga, est un processus dont le fruit ne sera pas perceptible dans le moyen ou le long termes.
Malgré une forte pression fiscale, la mobilisation est très en dessous du potentiel fiscal minimal de la RDC, souvent évalué à 20 milliards de dollars. Si trop d’impôt tue l’impôt, l’illisibilité de la fiscalité la prive de son efficacité, dixit Samy Badibanga. « Or, a-t-il renchéri, augmenter les recettes budgétaires est notre défi permanent, pour donner à l’Etat les moyens de conduire ses politiques, et de payer des salaires décents aux enseignants, au personnel médical, aux forces de sécurité, aux militaires, aux magistrats et aux autres agents de l’Etat». L’ennemi de la RDC, note le Premier ministre, c’est la pauvreté. Les meilleures armes du gouvernement sont l’éducation, la santé, l’énergie, le commerce et la transparence des affaires publiques. La volonté d’y parvenir, Samy Badibanga l’a manifesté. Mais a-t-il le temps devant lui pour les réaliser ?