La crise de liquidité de la Banque internationale pour l’Afrique au Congo (BIAC), l’une des banques du top 5 du pays, début 2016, a mis à l’épreuve la solidité du système financier congolais et a soulevé les questions liées à la supervision bancaire et à l’indépendance de la Banque centrale du Congo. Si on décidait d’arrêter aujourd’hui ses comptes, la BCC serait déclarée en faillite. C’est avec raison qu’elle réclame depuis des années son indépendance et sa recapitalisation. Le Parlement a entendu raison et a voté une loi dans ce sens. Le capital de la BCC a été porté à 213 milliards de francs, soit 1,75 % du Produit intérieur brut (PIB). Les difficultés de la politique monétaire de la République démocratique du Congo dans un contexte de dollarisation poussée du système bancaire et de faiblesse institutionnelle sous-entendent que la Banque centrale n’est pas indépendante.
Certes, les textes réglementaires prévoient cette indépendance, mais dans les faits, elle n’a pas un capital suffisant. La mise en place d’une politique monétaire efficace requiert des outils comme le certificat de dépôt, les bons de la Banque centrale… Ces instruments de politique monétaire ont un coût que la BCC ne peut supporter seule, parce qu’elle est sous-capitalisée. Dans ce cas, comment renouer avec une politique monétaire efficace ? Il faudrait d’abord augmenter le capital de la Banque centrale, puis développer petit à petit un marché des titres, qui serait l’espace où elle pourrait les utiliser afin de gérer le marché monétaire et mettre en place sa politique monétaire. D’après les experts du Fonds monétaire international (FMI) à Kinshasa, le renforcement du cadre actuel de politique monétaire demeure la meilleure voie à suivre, compte tenu du fait que le pays est vulnérable à de fréquents chocs sur les termes de l’échange.
La BCC deviendra réellement indépendante si elle s’affranchit des influences politiques. Par exemple, la nomination du gouverneur de la Banque centrale devra être considérée comme un acte technique et non pas politique. En Grande-Bretagne, le gouverneur de la Banque centrale est un Canadien.
La recapitalisation de la BCC est cruciale pour lui doter de moyens conséquents afin de jouer son rôle de l’autorité de régulation et de contrôle. Comment peut-elle être exigeante vis-à-vis des banques commerciales, si elle n’est pas fiable, elle-même ? À propos de l’affaire BIA qui défraie actuellement la chronique, les difficultés de cette banque seraient dues au non-respect du principe de gestion prudentielle, avec des coûts d’exploitation structurellement élevés, et également à des créances douteuses accumulées envers les entreprises d’État. Ces créances douteuses ont affaibli la solvabilité de la banque et ont généré un besoin structurel de liquidité qui était couvert par la BCC.
Ainsi, la situation de la BIAC s’est dégradée avec la suspension par la Banque centrale de la ligne de refinancement mise à sa disposition, une décision qui fait partie des mesures visant à enrayer la baisse des devises étrangères. La BIAC ainsi qu’une autre banque, la FiBank (First International Bank) ont été mises sous l’administration provisoire de la BCC en vue de leur redressement. Une autre institution financière du pays, la Mutuelle d’épargne et de crédit du Congo (MECRECO) regroupant 21 coopératives agréées, a été également mise sous gestion administrative de la Banque centrale, en octobre 2016, prouvant ainsi la vulnérabilité du système financier congolais.