Dans son dernier message à la Nation, le chef de l’État a levé des options et des orientations économiques dictées par l’évolution de la situation économico-financière internationale, mais aussi par les revendications du secteur privé local. Le système fiscal congolais est écrasant, discriminatoire et truffé d’une parafiscalité lourde, ce qui n’est pas propice à l’investissement productif ni au civisme fiscal. Le président de la République l’a reconnu lors de sa dernière adresse devant les deux Chambres réunies du Parlement au Palais du peuple. Prenant la mesure du défi, il a définitivement levé l’option de promouvoir le soutien au secteur privé productif à travers, particulièrement, l’appui direct aux PME/PMI, spécialement celles engagées dans l’agro-industrie et inscrivant leurs activités dans le cadre des chaînes de valeurs.
En 2016, l’économie nationale a connu un ralentissement de la croissance qui est tombée à 2,5 % contre 9,9 % en 2014 et 6,7 % en 2015 et l’accentuation de la vulnérabilité du pays suite à la baisse des réserves induites par le faible niveau de mobilisation des recettes internes. La baisse des prix des matières premières et de la demande mondiale ont conduit à un impact négatif sur les équilibres macroéconomiques. Ces effets néfastes contraignent le gouvernement à réduire l’incertitude politique et à atténuer les déséquilibres macroéconomiques. C’est dans ce climat d’incertitude que le président Joseph Kabila a dévoilé sous forme de décisions les nouvelles orientations économiques du gouvernement. « Ces orientations présidentielles sont destinées à apaiser les opérateurs économiques », a laissé entendre un conseiller du président de la République.
Récemment, lors de la table ronde sur les PME organisée à l’initiative de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), le 1ER Ministre sortant, Samy Badibanga a souligné que sa conception de l’État n’est pas celle d’un « acteur omniprésent et envahissant », mais d’un « facilitateur des activités économiques et commerciales, par la création de conditions attractives pour les entrepreneurs ». Ce message a été reçu 5/5 par le patronat qui réclame depuis plusieurs années un climat des affaires incitatif. Samy Badibanga avait en tête de « mettre en place le cadre qui permettra aux opérateurs économiques, notamment du secteur des PME, de développer leurs affaires, en un temps record et avec efficience » comme jamais auparavant.
Le président de la FEC, Albert Yuma Mulimbi, a apprécié. Lui qui s’est plaint de relations tendues avec le gouvernement auquel a succédé celui de Badibanga. D’après Albert Yuma, dont le mandat arrive à échéance en mai prochain, c’est le rôle de l’État d’accompagner le secteur privé dans son développement et assurer son intégration dans les chaînes de valeurs nationales, régionales et mondiales. Point de vue appuyé par le 1ER Ministre sortant. Sera-t-il le cas avec le nouvel entrant, dont les compétences et la maîtrise des questions économiques laissent perplexe.
Les priorités des milieux d’affaires
Dans les milieux d’affaires, on est persuadé que développer les capacités de production des biens et services permettra de tirer le meilleur parti des cycles de croissance et de résister aux situations de crise. Les entreprises prennent suffisamment déjà un risque politique pour ne pas revendiquer un maximum de stabilité de la part de l’État, en termes d’environnement politique, juridique, judiciaire, fiscal et monétaire. Elles réclament un partenariat public-privé. Pour cela, l’État doit créer et mettre en place un cadre des règles, qui soient comprises et utilisables par toutes les entreprises, petites, moyennes ou grandes.
Concrètement, les entrepreneurs souhaitent un allègement des charges (fiscales, parafiscales et autres) afin de leur permettre d’investir dans la production, un accès facile aux financements nécessaires à leur développement, des facilités à l’import-export pour rendre plus rapide les activités de production et de commerce, le soutien de l’État aux PME et créateurs d’entreprises dans la définition et la mise en œuvre des projets et activités. À en croire Samy Badibanga, son gouvernement travaillait déjà à un programme d’incubateurs des PME, à la facilitation de l’accès aux crédits, à la commande publique et à la sous-traitance. Aussi pour permettre aux entrepreneurs d’investir, l’État doit mener à bien les réformes de libéralisation des services, notamment les services financiers, qui sont aussi un gisement de création d’entreprises. L’accès aux crédits et aux services financiers est une exigence absolue pour le gouvernement. Pour le secteur privé, le gouvernement devra être à l’écoute des entrepreneurs car ce sont eux qui créent les produits, les services et les emplois. Stimuler la production nationale, c’est un défi commun, notamment dans les secteurs agroalimentaire et minier,..