Le secteur bancaire est réglementé par la loi n°003/2002 du 2 février 2002 relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédit. La loi bancaire reconnaît à la Banque centrale du Congo (BCC) la prérogative de la supervision de l’ensemble des intermédiaires financiers. Elle distingue cinq catégories d’établissements de crédit : les banques, les coopératives d’épargne et de crédit, les caisses d’épargne, les institutions financières spécialisées et les sociétés financières. Les messageries financières font l’objet d’une réglementation spécifique tandis que les institutions de microfinance vont constituer la sixième catégorie d’établissements de crédit à la suite de la révision de la loi bancaire n° 003/2002. Enfin, la BCC utilise la catégorie « société financière » pour réglementer les établissements de monnaie électronique. La loi bancaire n°003/2002 réglemente essentiellement les banques. Leur capital a été porté à la contrevaleur en francs congolais de 10 millions de dollars.
Caractéristiques
La pénétration de l’argent dans le secteur financier formel est encore faible. Le ratio masse monétaire/PIB qui mesure cette pénétration se situe autour de 10 %. Une des grandes contraintes qui pèsent sur l’offre des services financiers en RDC est le coût élevé de l’exploitation, elle-même consécutif au faible niveau et au caractère onéreux des infrastructures. La conséquence est que cela entraîne des charges d’exploitation élevées, surtout dans les zones rurales, pour les banques. Ces dernières sont contraintes à faire des économies d’échelle pour demeurer compétitives et réactives face aux besoins de la clientèle. D’où, la forte concentration des banques à Kinshasa et dans quelques villes chefs-lieux des provinces (Lubumbashi, Matadi, Kisangani, Bukavu, Goma…), ce qui donne lieu à la concurrence entre établissements de crédit.
Une autre caractéristique des banques commerciales en RDC, c’est qu’aucune n’est à capitaux nationaux. On constate la présence des banques familiales (Rawbank, TMB, BIAC…) et des banques panafricaines (Access Bank, Afriland First Bank, BGFIBank, FNB Bank, Bank of Africa – BOA, Ecobank, United Bank for Africa-UBA, First International Bank-Fibank). Les effets de tristes événements de pillages de septembre 1991 et janvier 1993 continuent à se faire sentir sur le secteur bancaire. Suite à ces événements, le tissu économique et industriel congolais n’arrive pas à remodeler, et par conséquent, les activités du secteur bancaire demeurent bouleversées. En effet, les corporates (les grandes entreprises agro-industrielles, industrielles et commerciales) qui constituaient la clientèle haut de gamme des banques et qui leur permettaient d’atteindre leur seuil de rentabilité, ont perdu de l’élan dans le volume de leurs transactions financières.
C’est ainsi que la banque de détail a commencé à émerger dans le pays, il y a quelque dix ans, avec l’entrée de banques telles que ProCredit Bank visant les très petites, les petites et moyennes entreprises (TPME). Au début, les soldes minima à l’ouverture d’un compte bancaire étaient tellement élevés que les ménages, les TPME et les salariés de la classe moyenne étaient d’office exclus du secteur bancaire. Des études ont montré que la banque de détail pouvait être rentable en RDC. C’est ainsi que de nouvelles banques sur ce segment ont vu le jour au pays, au point que les dépôts des ménages représentent près de la moitié du volume des dépôts des banques. Presque autant que les dépôts des entreprises privées. Quinze des 18 banques commerciales en activité en RDC exercent dans la banque de détail. Le nombre de comptes bancaires est passé de 43 000 comptes en 2001 à plus de 5 millions actuellement.
Les produits offerts
C’est grâce à la reprise de la croissance économique que les activités bancaires qui avaient disparu dans les années 1990, ont commencé à se reprendre. Au cours de ces dix dernières années, le total bilantaire reste élevée. Cette croissance trouve sa contrepartie, à l’actif, dans l’évolution des crédits à la clientèle (plus de 40 %) et des opérations interbancaires (plus de 35 %). De même, les prêts en devises augmentent.
Les produits et services offerts par les banques de détail englobent l’épargne, le crédit, les transferts d’argent au niveau national ou international ainsi que les systèmes de paiement à distance utilisant la téléphonie mobile, l’internet, les distributeurs automatiques de billets, les systèmes de paiement par cartes aux différents point de vente. Grâce aux nouvelles technologies, les banques améliorent et diversifient leurs produits et leurs canaux de distribution. Avec le mobile banking, la BCC pronostique que la population « non-bancable » pourra intégrée le secteur financier formel.
Epargne et pouvoir d’achat
L’épargne est le produit financier les plus fréquemment utilisé (plus de 70 %). Dans la plupart des cas, les épargnes sont effectuées en dollar pour éviter toute éventuelle perte de pouvoir d’achat. L’offre de produits d’épargne s’est fortement diversifiée et s’adapte progressivement aux différents segments du marché : fonctionnaires, salariés, travailleurs indépendants, PME, groupes solidaires, négociants et entreprises. Il existe par exemple des comptes épargne sans frais rémunérés à 2 % l’an, des dépôts à terme, des comptes courants rémunérés à 3 dollars mois, des plans d’épargne (épargne pendant 12 mois avec un prêt sur 24 mois), des comptes courants destinés aux fonctionnaires et agents de l’État.
Outre l’épargne, le crédit est un produit qui commence à marcher petit à petit. Il y a encore des pesanteurs, notamment le faible taux d’inclusion financière et le poids du secteur informel sur l’économie nationale. Les ménages recourent fréquemment aux tontines et aux prêteurs informels. Il n’empêche, l’offre des produits de crédit s’est fortement diversifiée ces dernières années. Il s’agit de crédits à la consommation à court et à moyen terme (jusqu’à trois ans), de crédits dit de consommation, de prêts individuels, d’avances sur salaire, de crédits aux entreprises, de prêts aux groupes solidaires, de crédits à double solde… Certains prêts sont consentis à des taux variables.