Grève générale en perspective, si le Smig n’est pas réajusté

La revendication des syndicats d’augmenter le Smig à 15 dollars fait frémir le gouvernement et le patronat. Selon un conseiller au ministère de l’Emploi, du Travail et de la Prévoyance sociale, une telle mesure provoquerait « une hausse des prix ».

Rassemblement des fonctionnaires le 03/04/2012 à la place Golgota à Kinshasa- Gombe. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Les syndicats appellent en urgence à une convocation de la session extraordinaire du conseil national du travail. Ils proposent entre autres d’augmenter le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) net à 15 dollars par jour, d’annuler la réforme de l’administration publique en cours jugée « fantaisiste » et de rétablir les primes supprimées sans raison valable. D’après un membre de l’intersyndicale, il faut « construire l’avenir avec un revenu décent car le salaire a un caractère alimentaire ». Actuellement, un salarié au Smig gagne 3 dollars, soit 78 dollars par mois. Les syndicats soutiennent que le réajustement du Smig aura pour effet de relancer le pouvoir d’achat des travailleurs et des fonctionnaires en berne suite à la chute de la monnaie nationale. Avec la dépréciation du franc continue du franc, les ménages ont déjà perdu 40 % de leur pouvoir d’achat.

La menace de grève générale brandie par les syndicats inquiète le gouvernement. Au ministère de l’Emploi, du Travail et de la Prévoyance sociale, on appelle à l’apaisement. On rappelle qu’un protocole d’accord a été conclu le 6 avril pour la convocation d’une session du conseil national du travail (CNT) au 27 avril. Le CNT est le mécanisme légal tripartite de concertation et de dialogue permanent entre le gouvernement, le patronat et les syndicats pour prévenir les conflits sociaux. Selon les syndicalistes, « ce cadre est absent ».

Étant donné que « les revendications des syndicats ne sont jamais prises compte. » Les syndicats dénoncent « la récurrence des revendications suivie de l’expression de bonnes intentions gouvernementales ». D’après les syndicats, le niveau d’exécution des revendications sociales est nettement en-deçà des 30 %. Un taux qui montre que « le gouvernement répond à son gré aux revendications sociales des travailleurs ».  Du côté des employeurs, on estime que l’augmentation du Smig risque d’« avoir une baisse de la consommation ». On craint avec cette augmentation « une évolution vers le haut de l’ensemble des rémunérations », ce qui va entraîner « évidemment une augmentation des prix. », explique un chef d’entreprise. D’après lui, la crainte que les salariés soient moins employables, avec un Smig plus haut, c’est aussi basique que ça. « On ne peut pas imaginer que si le Smig augmente, l’ensemble n’augmente pas. On va avoir une évolution vers le haut de l’ensemble des rémunérations, la tension salariale étant de l’ordre de 10. Cette augmentation du Smig va obligatoirement générer un déséquilibre du compte d’exploitation », souligne-t-il.

Une augmentation du Smig plus progressive serait-elle alors plus facile à appliquer ? Certainement, il faut que toutes ces évolutions soient lentes et anticipées, soutiennent le gouvernement et le patronat. Ce dernier ne croit pas vraiment à l’idée du cercle vertueux gagner plus pour consommer plus défendue par les syndicats.